Faire coopérative à nouveau 🐣

Lors de notre assemblée générale annuelle en juin 2025, nous avons pris la décision d’organiser un séminaire le 8 novembre afin de penser le futur de la coopérative et de consacrer principalement nos prochaines réunions mensuelles à la préparation du séminaire. En effet, n’ayant qu’une seule journée d’atelier prévu, il nous est apparu nécessaire que le travail sur l’historique de la coop soit fait en amont.

Assemblée générale Hôtel du Nord, juin 2025

Récit d’un lundi de juillet

Ce lundi nous étions accueilli.e.s chez Claudine. Le feu n’avait pas encore pris la colline, même si des signes avant-coureurs s’étaient déjà faits sentir : « la fumée qu’on a vu en arrivant, c’est Foresta qui brûle ». Malgré tout, notre petit comité, composé d’Arlette, Danièle, Claudine, Agnès J, Marie, Georges, Chloé, Julie et Agnès de la colline, n’avait pas encore ce sujet en tête. Suite aux discussions de l’AG de juin, ce qui nous occupait plutôt était de trouver les bonnes questions pour se mettre sur la piste du séminaire de la coopérative prévu pour le 8 novembre prochain. Mais qu’est-ce qu’une bonne question ? Peut-être une question toute simple, toute bête, celle qu’on ose presque pas poser mais qui justement permet de mettre le doigt sur des sujets essentiels. 

TRANSMISSION D’UNE CULTURE COMMUNE

Agnès de la colline commence et, d’une voix tout innocente, en pose une bonne : « Alors moi je me demandais qui est-ce qui a déjà lu le site d’Hôtel du Nord ? » et la plupart d’entre nous d’avouer qu’ils n’en ont pas une pratique assidue. A la limite pour lire les récits du 1000 pattes, lorsque ceux-ci sont transmis sous forme de liens directement par mail, mais le site en soi n’est pas fréquenté comme une ressource permettant d’accéder à des informations sur Faro, aux documents fondateurs de la coop -comme les statuts-, ou encore sur des outils tels que la fiche « balade patrimoniale » qui donne la recette de la fabrication de balade. Il faut dire que si une partie de ces informations se trouvent bien sur le site, toutes n’y figurent pas ou plus..

Petit moment d’archéologie où les « anciennes » se souviennent des différents outils informatiques qui ont été inventés au fil du temps : un forum en ligne ou une plateforme accessible seulement aux sociétaires. Des tentatives pour partager les informations et animer les discussions qui ont plus ou moins fonctionné et qui ont fini par être laissées de côté. A cela s’est ajoutée la migration d’une partie du site vers celui des Oiseaux de passage : n’aurait-elle pas emportée avec elle une partie du contenu d’Hôtel du Nord ? En tout cas ce transfert semble avoir démobilisé les usagers du site de la coop qui ont commencé à s’emmêler les pinceaux entre les différentes plateformes numériques.

Constat : le site web d’Hôtel du Nord aurait besoin d’être revu, en fonction des besoins actuelles de la coopérative, de manière à fournir à nouveau les informations essentielles tout en étant facilement praticable. En soi, refaire du site web une interface d’échanges et de rencontres.

Cette question en entraîne une autre « Les statuts, la convention hébergeurs, le livret d’accueil…qui les a lu ? »

Même constat, peu de lecteur.ices et une incertitude quant au moyen d’accéder à ces informations. Celles et ceux qui sont arrivé.e.s dans la coopérative ces dernières années ont même l’impression de n’avoir jamais vu passer ces documents. Ou si c’est le cas, l’assimilation n’a pas eu lieu et par là même un sentiment de flou quant à ce qui a précédé leur arrivée. Pourtant les Dinosaures se souviennent : fut un temps où chaque nouveau sociétaire était accueilli avec un « guide coopératif » donnant les informations de base du fonctionnement d’Hôtel du Nord, ce à quoi s’ajoutait un parrainage par un membre plus ancien qui se chargeait de le guider et de répondre aux questions de manière privilégiée. De même les hébergeurs étaient accueillis de manière polyphonique afin de partager les tenants et aboutissants du projet Hôtel du Nord tel que résumés dans la convention d’hébergement. 

Au fur et à mesure de la discussion, entre moues de surprise, trous de mémoire et excavation de souvenirs, on se rend compte que de nombreuses pratiques qui assuraient la transmission, l’intégration des nouveaux et la fabrication d’une culture collective se sont étiolées : que sont devenus l’école des hôtes ou les groupes de travail ? Il existe bien des archives, fruits de très nombreuses heures de réflexion ou encore des tutos expliquant clairement le fonctionnement des ingrédients de la coopérative : il semble plus que nécessaire de trouver un moyen de les mettre en partage et de les mettre à jour afin que le groupe sociétaires 2025 se réenracine dans ce travail de longue haleine.

GOUVERNANCE

« A quoi sert le Conseil de Surveillance ? », « Le Conseil de Surveillance a t-il vocation à surveiller les comptes ? », « Qui est le pilote de l’avion ? »

Cette question, qui fait écho au besoin de mieux saisir le fonctionnement économique de la coop suite aux résultats comptables négatifs de ces deux dernières années, renvoie aussi à des nécessité de ré-éclaircir la gouvernance. 

Créé en 2012, à la demande de Prosper lors de l’AGE d’avril, le Conseil de Surveillance a été d’abord pensé comme un organe de coopérateur.ices investi.e.s dans les activités d’Hôtel du Nord, et que le gérant pouvait mobiliser pour venir l’appuyer sur les rendez-vous élus et médias, avec l’idée qu’il puisse également être sollicité sur les problématiques ayant besoin d’une réponse rapide. Cela n’exclut pas que les membres du CS s’intéresse aux comptes, tout aussi bien qu’à l’écriture de projets de territoire, à la communication etc à propos desquels il peut faire des retours au gérant, notamment en pointant du doigt les endroits nécessitant un travail de fond.

Une fois un sujet structurant identifié, par le CS ou quiconque, un groupe de travail, ouvert à tous les cooperateur.ices intéressé.e.s doit être mobilisé pour plancher dessus. Ce groupe effectue un travail de recherche et peut faire des propositions mais n’a pas le pouvoir de prendre des décisions au nom de la coop. Les propositions doivent être soumises au groupe entier, lors d’une Assemblée Générale, et la décision prise selon le principe de 1 sociétaire = 1 voix.

Pour éclaircir la gouvernance et continuer à la faire évoluer, il semble aussi nécessaire de faire un travail sur le lexique, afin de retrouver ou d’inventer un vocabulaire commun qui reflète les réalités du projet Hôtel du Nord. 

HÔTEL DU NORD version 4.0

Parti de la question des comptes, le séminaire de novembre va plus largement concerner la redéfinition du projet Hôtel du Nord. La coopérative a effectivement connu plusieurs phases au fil du temps, qui se sont additionnées les unes aux autres : partie de questions patrimoniales en lien avec la Capitale de la culture, Hôtel du Nord s’est ensuite (en plus) intéressée au tourisme de l’écart, puis (et) à faire émerger des projets de territoire permettant de se relier malgré tout (malgré la fragmentation urbaine, la précarité, le covid, le désastre écologique etc). 

D’un point de vu financier, la coopérative n’a jamais réussi à se stabiliser économiquement. Cependant, elle peut faire le bilan d’avoir mené à bien, en 2025, les objectifs qu’elle s’était fixée à sa création : la création de modalités d’hospitalité dans les quartiers nord de Marseille, la création d’une carte à large diffusion représentant ces mêmes quartiers et la signature de la convention de Faro par la mairie de Marseille

Trouvera t-on une nouvelle lubie ou peut-on considéré que notre mission accomplie, il est temps de se reposer ? 

L’enjeu du séminaire du 8 novembre est donc de trouver en seulement une journée une orientation qui permettra de clarifier ce à quoi nous tenons et ce que nous souhaitons faire évoluer. Cette réunion ayant mis à jour la nécessité de transmettre des éléments fondamentaux de la coopérative, il semble nécessaire que cette transmission ait lieu en amont du séminaire, afin que cette unique journée puisse véritablement avoir une dimension prospective. 

Afin de répondre à ces deux objectifs, l’équipe de coordination (Prosper, Julie, Chloé) propose donc de consacrer les 3 réunions pré séminaire (septembre, octobre, novembre) aux questions de transmission. Des documents fondateurs seront envoyés par Prosper avant la réunion de septembre afin de les travailler ensemble.

Séminaire samedi 8 novembre 2025

Plongé dans la généalogie d’Hôtel du Nord

Nous avons fait un travail de sélection à partir de 800 articles (!!) publié sur notre site depuis 2008 qui racontent comment et pourquoi s’est formée la coopérative patrimoniale Hôtel du Nord.

Chaque personne a été invité à lire 3 articles (la plupart ne sont pas très longs) et nous avons discuté de ces lectures chaque premier lundi du mois dans les lieux d’hospitalité d’Hôtel du Nord. Et chacun·e a joué le jeu à partir de la quinzaine d’archives partagées :

Récit d’arpentage collectif

L’exercice du jour est d’opérer un ARPENTAGE COLLECTIF afin de se repartager le projet de la coopérative, tel qu’il avait été formulé autour de 2013 (année Marseille Capitale de la Culture), afin de le repenser ensemble lors du séminaire de novembre. 

Ces lectures ont été extraites du choix de textes envoyés lors de l’invitation à la réunion du 8 septembre. 

Réunion mensuelle chez Bruno

Préambules  les objectifs de la coopérative initialement pensés concernent :

  • le Patrimoine culturel et naturel
  • la Paix
  • le Développement durable
  • la Vie démocratique
  • la Diversité culturelle

Le patrimoine est pensé comme ressource (culture mais aussi urbanisme, éducation…), permettant de soutenir le développement humain et la qualité de la vie.

On se pose la question de sa transmission (collectage et nourrir domaine public archives populaires), notamment par la mutualisation des coûts (et des outils), par la création d’une marque « Hôtel du Nord© » garante de qualité, et par le soutien envers les besoins, les projets et l’amélioration des compétences de chacun.e.

A l’époque on ne parlait pas encore trop de « matrimoine », mais on s’y est mis !

Ainsi le travail patrimonial est d’utilité sociale : lutte contre exclusions et inégalités, éducation à la citoyenneté (éducation populaire, lien sociale, cohésion territoriale).

Lecture#1 : Texte sur le Nord 2012 écrit par Jean Cristofol

Ce texte présente un questionnement sur les limites géographiques (élargissement du territoire au-delà quartiers nord) de ce qu’est « le nord ». Identité ou état d’esprit ? L’identité n’est pas que géographique.

Il répond au désir de certaines personnes de rejoindre le projet Hôtel du Nord, sans forcément être habitant.e.s des « quartiers nord », notamment via des initiatives prises soit par des habitants soit par des collectivités qui se référaient à la Convention de Faro.

L’élargissement par principe n’a pas vraiment fonctionné, dans le sens où des en l’absence de communauté patrimoniale sur place, il est difficile de porter des hébergements en chambre à la façon Hôtel du Nord. De même, on n’a pas vraiment réussi à fabriquer du réseau avec des communautés trop lointaines, avec lesquelles il n’y avait pas d’expérience de voisinage. Cependant, les échanges au sein du réseau européen de Faro, les rencontres, les voyages, les cadeaux d’amitié (comme la mallette à composte) ont permis de réellement tisser des liens et de partager un état d’esprit au-delà des frontières géographiques. 

Lecture#2 : Bilan et perspectives 2013 (rapport écrit par Prosper)

Arpentage par Agnès J.

Objectifs de la coopérative : 

  • Développer une hospitalité participative (active). 
  • Mettre en place une École des hôtes
  • Commercialiser des séjours pilotes (structurer la possibilité de vendre des séjours, en étant reconnu comme agence de voyage, ce qui a été un long parcours pour avoir le droit, sous le mode vente directe).
  • Trouver des moyens d’assurer une pérennisation du projet, via une stratégie économique 
  • Stabiliser de la gouvernance 
  • Définir de la Marque

Les résultats de l’année 2013 ont dépassé ceux les prévisions (nombre de balades, de logements etc.).

Il faut rappeler qu’à l’époque, Hôtel du Nord bénéficiait de beaucoup plus de moyens, à la fois sur le terrain (Christine à temps plein), et économiquement grâce aux soutiens d’amorçage. Une fois la « coproduction » avec les pouvoirs publics achevée, le développement économique n’a pas été suffisant pour maintenir une coordination salariée.

Un autre échec a été celui d’autoriser l’accueil en habitat social. 

Lecture#3 : Le tourisme de l’écart, 2017 (texte écrit par Julie)

Arpentage par Mathilde

Ce texte affirme la dimension politique de l’accueil touristique et des possibilités de s’en saisir. Il pose la question de la possibilité d’un tourisme qui ne détruit pas la capacité à œuvrer à être acteur et à agir avec nos milieux. Pour cela, il imagine d’autres natures de tourisme, mettant l’accent sur la rencontre, en prenant comme exemple le projet des Oiseaux de Passage.

Il marque aussi l’émergence d’un positionnement pour le  « vivant » et nos « milieux » (prendre soin de la vie et des vies qui sont là). 

On s’encourage tous et toutes à aller lire ces idées dans le texte ! C’était très stimulant d’entendre ces voix du passé 🙂

Séminaire samedi 8 novembre 2025

Quel scénarios possibles? 

Quatre scénarios ont été nourris par le travail sur le budget de la coopérative réalisé en octobre par le groupe « comptes », les réflexions du groupe « hébergeurs », les échanges avec les institutions, avec Christine Breton, ainsi que les nombreuses conversations entre sociétaires.

Scénario 1. Arrêter ? 

Si la décision de mettre fin à l’existence d’Hôtel du Nord était prise, nous serions actuellement en capacité de rembourser tous les sociétaires. A condition toutefois de ne pas avoir de mauvaise surprise de la part des financeurs (par ex. un autre coup comme celui du Conseil Général, cette histoire là ayant heureusement été réglée) ou de l’état du stock.

Il faudrait prendre cette décision rapidement, car un autre bilan déficitaire nous empêcherait de réaliser l’intégralité des remboursements. 

Scénario 2. Continuer en format association ?

L’idée de passer en association pour ne plus avoir les problèmes causés par le statut de SCIC auprès des institutions nous a tenté, mais finalement on s’est rendu compte que ce changement de statut reviendrait à prendre le risque (99,99%) d’être éjecté des dispositifs de droit commun et qu’il nous faudrait plusieurs années pour pouvoir y re-rentrer. La tendance actuelle n’étant pas au financement de nouvelles structures mais plutôt à la fusion, les institutions préférant financer des « gros ».

Le plus malin semble donc de renforcer la logique de coproduction qu’on pratique déjà un peu via la navigation entre la coop et le Bureau des Guides, qui a un statut associatif. C’est ce qu’on a fait par ex. pour la transhumance des moutons, en co-produisant avec le BdG et l’association Trait-d’Union.

Pour autant, il s’agit d’une stratégie insuffisante du point de vue économique. Les scénarios explorés à partir du modèle actuel montre qu’il n’y a pas beaucoup de marge dans l’augmentation des bénéfices, ni dans la réduction des charges. 

Scénario 3. Continuer plus ou moins sur la même lancée ?

La piste de répondre à plus de commandes de balades a par ex été évoquée, car dans le cas des balades commandées par des structures d’enseignement supérieur ou des professionnels, on peut facturer une somme intéressante pour la coopérative (entre 350 et 500e environ). Or, ces commandes requièrent un certain niveau d’exigence en termes de contenu, qui dépasse celui de la balade touristique. Il faut donc se former de manière approfondie sur des questions d’urbanisme, de géologie, d’histoire industrielle etc..tout en sachant que le modèle économique actuel est de reverser 50% à la coop. On finit souvent par avoir une dissonance entre le « niveau » des guides et la rémunération proposée.
Monter en compétence collectivement est donc souhaitable, mais cela demande un vrai engagement et il faut bien avoir en tête que les commandes de balades sont avant tout orientées vers le soutien au projet coopératif.

En termes de baisse des charges, on est déjà à un niveau assez bas, avec beaucoup de missions bénévoles ou peu rémunérées, donc on n’a pas vraiment de marge de ce côté là, où alors cela signifie diminuer significativement l’activité de la coopérative.

Autrement dit, on a des comptes 2025 qui sont à l’équilibre mais qui ne peuvent pas se permettre d’encaisser de mauvaises surprises. Ce modèle sur le fil n’est pas viable à long terme, d’où la nécessité de penser une réorientation.

Scénario 4. Se réinventer ? 

Le modèle historique d’Hôtel du Nord est bâti sur les piliers : accueilli chez, produit par, découvert avec et raconté par.

La programmation de balades, l’hébergement chez l’habitant, la vente de produits sont conçus comme des occasions de créer de la rencontre et de raconter le territoire. La coopérative se positionne au service des coopérateurs, qui sont les producteurs des propositions portées par Hôtel du Nord. Ces piliers déterminent la conception du site web, du logo ou encore l’existence de la marque « Hôtel du Nord ».

Or, ce modèle semble avoir atteint certaines limites : la programmation de balades publiques n’existe quasiment plus en dehors des JEP, les demandes d’hébergement issus du site hôtel du nord sont largement inférieures à celles passant par airbnb ou booking, les produits ne sont plus vendus par les hôtes.

A côté de ça se sont développées d’autres manières de créer de la rencontre et de mettre en commun des ressources, toujours dans l’esprit de la Convention de Faro, mais par des modes d’actions qui ne collent plus très bien avec l’énonciation des piliers initiaux. Ce glissement crée des décalages entre la manière dont Hôtel du Nord est présenté et la réalité de l’activité, entre les personnes actives au sein des projets et celles appartenant au collège des sociétaires..etc ce qui provoque régulièrement des sentiments d’incohérence.

A partir des engagements actuels de la coop, et des compétences spécifiques pour lesquelles elle est sollicitée par des acteurs internes et externes, nous avons tenté de formuler de nouveaux piliers. Selon cette proposition, Hôtel du Nord a pour fonction de répondre à des besoins énoncés par des communautés.

Faire archives : recueillir les archives porteuses de récits dissonants et réaliser les démarches pour leur mise en conservation sous la forme « d’archives vivantes »

Faire récits : être une maison « d’édition » qui rend publiques des manières de raconter les territoires (livrets, balades, formes artistiques..)

Faire hospitalités : proposer des modalités d’hospitalités mettant au centre le soin (dans le sens de care) et la création de liens 

Faire communautés : être une « pépinière de communautés patrimoniales », c’est-à-dire accompagner la structuration et l’autonomisation de communautés et de collectifs.

Économiquement, la valorisation de ces 4 compétences principales pourrait se traduire comme tel : 

  • Faire archives : relève d’une politique publique, subvention publique
  • Faire récits : vente prestation
  • Faire communauté : financement de projets
  • Faire hospitalité : taxe de séjour (reste hypothétique mais en train de devenir un vrai sujet), subvention tourisme, fond de formation…

Le séminaire atelier du 8 novembre

Samedi 8 novembre, à la Cité des arts de la rue, nous avons analysé le scénario « Se réinventer » à partir de nos désirs, de nos compétences et de nos ressources afin d’estimer la faisabilité en termes de moyens humains et économiques de cette réécriture. 

Un des enjeux a été ce réagencement et de permettre à ceux et celles qui se reconnaissent dans ces propositions de trouver une place qui leur correspond. 

Nous avons également posé la question de l’échelle et de l’ouverture au- delà des quartiers nord, à présent que la Convention de Faro a été signée par la mairie de Marseille.

Nous avons acté notre désir de faire à nouveau coopérative ensemble, avec nos voisins et voisines de luttes, d’ouvrir notre sociétariat, de redéfinir nos missions à partir de nos pratiques, de modéliser l’agir dans le cadre de l’action publique, maintenant que la Ville de Marseille a adopté les principes de Faro et que les quartier nord sont sur la carte touristique, et de se donner l’année 2026.

Willy a conclu en slam un résumé de cette journée coopérative.

Séminaire samedi 8 novembre 2025
Séminaire samedi 8 novembre 2025

RÉCIT DE LA BALADE PYROS #1 : de la montée Pichou aux Abandonnés

Les 27 octobre, 12 novembre et 13 décembre 2025 nous partons en balades-ateliers entre voisins pour partager nos observations, nos questions et nos savoirs.

Ces balades sont les débuts de l’Ecole du feu, un projet au long cours associant habitants, chercheurs et artistes pour apprendre et imaginer ensemble à la fois comment mieux se protéger mais aussi comment développer des manières d’habiter les lisières plus en lien avec ce qui nous environne. 

En voici un récit dessiné par Mathilde, un lien pour ré-écouter en audio quelques unes des séquences de la balade ainsi qu’un compte-rendu écrit préparé à plusieurs mains!

Ressources pour prolonger:

Guide « Construire durable en zone à risque incendie »

De nombreux conseils et fiches sont disponibles sur le site de Patrick Jeannot

LE RÉCIT DESSINÉ par MathildeH

L’ÉCOLE DU FEU

Suite à la catastrophe du 8 juillet, a poussé l’idée qu’on pouvait apprendre de l’incendie. Après une première rencontre en juillet à Miramar, nous inaugurons en marchant l’’ECOLE DU FEU !

Apprendre comment fonctionne un incendie, ce que nous raconte le sol,  qui sont les plantes pyrophiles, ce que permet le feu… Se souvenir de comment on faisait avant, découvrir comment on fait ailleurs et imaginer ce qu’on pourrait faire ensemble ! 

Retrouvez les échanges du 23 juillet à Miramar.

BALADES PYROS

Les 27 octobre, 12 novembre et 13 décembre nous partons en balades-ateliers entre voisins pour partager nos observations, nos questions et nos savoirs. Un premier cycle de 3 balades pour affiner nos regards, énoncer nos questions, fabriquer ensemble des hypothèses, des envies et des actions.

Balade Pyros #1 – de la montée Pichou aux Abandonnés /lundi 27 octobre de 14h à 18h

Nous avons été accompagnés par Jordan Szcrupak (paysagiste), Patrick Jeannot (ex ONF), Elise Boutié (anthropologue) et Sophie Bertran de Balanda (jardinière et urbaniste).

Retrouvez un compte-rendu de la balade, un récit dessiné et des séquences audio.https://www.hoteldunord.coop/recit-de-la-balade-pyros-1-de-la-montee-pichou-aux-abandonnes/

Balade Pyros #2 – du vallon des Mariniers à Bovis par la montée du Pin/ mercredi 12 Novembre de 14h à 17h30

Nous serons accompagnée de Véronique Mure (botaniste), Alexis Feist (paysagiste) et Elise Boutiè (anthropologue)

Inscriptions

L’École du feu est initiative portée par le Bureau des guides du GR2013 avec la coopérative Hôtel du Nord et le collectif de l’incendie du 8 juillet. Plus d’infos…

Les hospitalités d’Hôtel du Nord ont été au coeur de l’incendie. 

Les hospitalités d’Hôtel du Nord ont été au coeur de l’incendie. La maison bleue mais aussi des maisons du chemin de la Nerthe et des hauts à l’Estaque ont été emportées.  

Des lieux culturels collectifs comme le Pôle nord ou la Déviation ont également été touchés.

Les hébergements Oses Iris, chez Vincent et Brij, et chez Agnès de la Colline y ont échappé de peu. Ceux de l’Estaque gare et plage ou de Mourepiane sont toujours là et ont ouvert leurs portes aux naufragés de Pichou, de Bovis, du vallon du Marinier et du chemin de la Nerthe.

Il est encore difficile de prendre la mesure de l’impact de cet évènement hors du commun sur nos paysages, cadres de vie et hospitalités. Mais, les habitants sont traumatisés qu’ils soient voisins, amis ou plus largement habitants du bassin de Séon.

Cet incendie dévoreur de nos maisons, de nos souvenirs, de notre environnement, nous a rappelé la fragilité croissante de nos habitats face au changement climatique, tout comme l’incroyable solidarité qui existe entre habitants de ces quartiers.Dans les semaines et mois à venir nous poursuivrons toutes les formes d’entraide et contribueront à organiser les solidarités sur le long parcours de reconstruction.

Nous proposerons également au travers des balades et des rencontres d’aller à la rencontre de l’écologie des sols incendiés et de l’histoire du feu dans notre territoire, de sa gestion et des questions que pose la crise écologique, car il nous semble que mieux connaître nous rend plus capable d’agir et de vivre avec.

Une première rencontre organisée par le Bureau des guides du GR2013 et Hôtel du Nord, en contribution à l'émergence du collectif de l'incendie du 8 juillet s'est tenue le 23 juillet à Miramar. Pour en ré-écouter ou lire les interventions cliquez  "Habiter avec le feu"

HABITER avec LE FEU

Récit de la rencontre du 23 juillet à Miramar

Suite à l’incendie du 8 juillet, une première rencontre a été organisée par le Bureau des guides du GR2013, la coopérative Hôtel du Nord et les riverains de Miramar en contribution au Collectif de l’incendie du 8 juillet, pour mieux comprendre le feu, son écologie et la gestion des incendies.

Cette rencontre a été le prémisse de ce qui allait devenir l’Ecole du feu, un projet au long cours associant habitants, chercheurs et artistes pour apprendre et imaginer ensemble à la fois comment mieux se protéger mais aussi comment développer des manières d’habiter les lisières plus en lien avec ce qui nous environne.

En voici un récit dessiné par MathildeH ainsi qu’un lien pour ré-écouter la rencontre.

Et un compte-rendu écrit avec des prolongements de lecture proposés par les intervenants.

Des balades ateliers suivront à la rentrée pour continuer à apprendre, observer et échanger.

La Ville de Marseille adhère aux principes de Faro

30 ans ans après le lancement de la mission européenne de patrimoine intégré dans les quartiers nord de Marseille, 20 ans après l’adoption par le Conseil de l’Europe de la convention-cadre sur la valeur du patrimoine culturel pour la société, connue comme Convention de Faro, 16 ans après la première adhésion à la Convention de Faro par la Mairie du 8me secteur, 12 ans après le Forum de Marseille sur la valeur sociale du patrimoine pour la société à Marseille, la Ville de Marseille dans son ensemble adhère aux principes de la Convention de Faro. 

Le conseil municipale du 11 juillet approuve l’adhésion de la Ville de Marseille aux valeurs et objectifs de la Convention de Faro du Conseil de l’Europe sur proposition de Perrine Prigent, élue au patrimoine, et Jean-Marc Coppola, élu à la Culture pour toustes.

Extraits :
Riche d’un patrimoine historique, culturel, architectural dense, héritière d’une histoire multimillénaire qui a constitué un patrimoine matériel et immatériel vivant et partagé, la Ville de Marseille attache une importance fondamentale à valoriser l’action des citoyennes et des citoyens qui s’investissent  spontanément dans une action de protection et de préservation des #communs.

⚖️ Engagée en faveur des droits culturels et patrimoniaux, la Ville de Marseille valorise et soutient les initiatives citoyennes, les mémoires plurielles et les cultures locales. Elle défend sans relâche le travail essentiel mené par les associations, entreprises d’insertion, #collectifs citoyens qui agissent tous les jours pour permettre un accès élargi aux trésors patrimoniaux de la ville et construisent une vie culturelle et un patrimoine en partage.

🏛️ Par la mise en œuvre de dispositifs favorisant la concertation et la participation tels que les « Pépites patrimoniales » ou le projet « Rue du Musée/Musée de la Rue », la Ville développe une riche démarche collaborative qu’elle place au cœur de son action.

Ces choix ambitieux s’inscrivent pleinement dans les principes de la Convention de Faro adoptée par le conseil de l’Europe en 2005. Ce texte définit le patrimoine comme un bien commun et reconnaît l’importance de la #mobilisation citoyenne dans la défense, la valorisation et la transmission du patrimoine culturel.

Plusieurs maires de secteur de Marseille ont déjà, en 2009, soutenu la démarche en faisant le choix de s’engager à mettre en œuvre ses principes [dans le cadre de la mission européenne de patrimoine intégrée initiée en 1995].

Aujourd’hui, La Ville de Marseille s’engage et choisit de signer cette convention pour signifier son adhésion aux valeurs et aux principes démocratiques portées par la Convention de Faro (…). Cette reconnaissance revêt une valeur symbolique forte et marque l’engagement de la Ville de Marseille en faveur d’une #vision élargie et participative du patrimoine.

Porté par la Coopérative Hôtel du Nord, membre du réseau de la Convention de Faro qui agit à l’échelle européenne pour faire connaître et défendre ses principes, cette démarche vient renforcer l’engagement de la Ville et lui donner une puissance renouvelée.

Cette signature s’accompagne d’engagements concrets pour déployer à Marseille une politique patrimoniale issue des principes de la Convention. Ainsi, la Ville de Marseille déploiera une démarche ouverte aux acteurs du territoire investis dans la conservation et la valorisation du patrimoine, afin de relier les citoyens, les élus, les acteurs économiques, sociaux ou institutionnels.

Image du Réseau 40xVenezia, de 2009, du Phare de Marseille (Faro) qui éclaire la place Saint Marc à Venise, suite à leur venue dans les quartiers Nord de Marseille à l’occasion de l’adhésion aux principes de Faro de la Mairie de secteur du 15me et 16me arrondissement de Marseille.

Faites Le grand Estaque, avec nous

VENDREDI 13 JUIN

LA PETITE BALADE DU GRAND ESTAQUE!

18h/20h suivie d’un repas partagé

Et si pour s’échauffer à discuter du Grand Estaque on commençait par une petite balade panoramique? On vous propose de se donner un temps de partage à partir du paysage, comme une introduction conviviale, polyphonique et en mouvement aux débats qui suivront.

De la Gare de l’Estaque à la pelouse du stade nous marcheront dans les diverses échelles du territoire, entre port et collines.

RDV à 18h à la Gare de l’Estaque.

Balade suivie d’un repas partagé sur la pelouse du stade Jean-Jacques Vernazza (derrière le centre social de l’Estaque et du bassin de Séon). Amenez de quoi partager !

VOILES PEINTES

21h / 23h : Espace Mistral

Exposition de voiles peintes, dégustation, musique et autres surprises du quai…

Une proposition : Goel’en et la route du Za’atar

SAMEDI 14 JUIN

FEUTREZ! Atelier pour (re)découvrir la (vraie) laine des moutons

9h30/16h Parc de la Jougarelle (derrière la Castellane)

En préparation d’une transhumance interquartiers qui se déroulera entre le Plan d’aou et Saint Henri pour les Journées européennes du patrimoine, on retrouve les savoirs de la laine. Les animaux sont aussi nos voisins et cette année le 1000 pattes d’Hôtel du Nord explore le bassin de Séon sur la Piste animale. Cet atelier autour de laine brute (cardage, feutrage et filage) sera animée par le collectif d’artistes SAFI.


Inscriptions :  https://bureaudesguides-gr2013.fr/evenement/atelier-balade-filez-avec-le-collectif-safi/

Une proposition de la coopérative Hôtel du Nord et du Bureau des guides du GR2013, avec l’association 3.2.1.

DÉAMBULATION MANIFESTE

10h30 / 12h : Rendez-vous au rond point du littoral Fenouil (dit « rond point des pompiers) et marche jusqu’au quai de la Lave en passant par le Chaudron (11h), le marché, l’Espace Mistral

Slogans poussés et informations dites le long du chemin

Accompagnement de la marche par la Fanfare des familles de l’Harmonie Estaque Gare

Haltes chantées par l’Estacanti de l’Harmonie Estaque Gare

Passage des Échassiers à l’Espace Mistral

Prises de paroles au quai de la Lave

Une proposition : Faites le Grand Estaque avec Nous !

LA GRANDE SARDINADE DE L’ÉCOLE DE L’ESTAQUE GARE

Midi et soir sur le terrain de boules de l’Estaque

Une proposition de l’association enfants Citoyens de Demain

POUR UN LITTORAL PARTAGÉ, OUVERT ET PROTÉGÉ (des pollutions)! Expositions, performances, conversations

10h/19h : Espace Mistral

Avec les associations : Aire Marine Éducative, Association Environnement Estaque, Cap au Nord, Déviation, Fédération des CIQ du seizième arrondissement de Marseille, Goel’en, Hôtel du Nord, Les Libres nageurs, Thala, Rendez-nous la Digue (du large) et d’autres encore !

Une proposition : Faites le Grand Estaque avec Nous !

LE TEMPS DES USINES (exposition)
DESSINES TON GRAND ESTAQUE ! (Atelier enfants et grands)

14h/19h : Villa Mistral

Une proposition : Syndicat des Initiatives et de l’association UNISéon.

LES GRILLES DU PORT (ligne de fuite #1)

15h/18h: Promenade entre urbain et portuaire, terriens et marins, histoires et devenir

Cette promenade dans les traces du passé du « Grand Estaque » et sa projection est une proposition qui se suffit à elle-même mais qui peu-être aussi comme une introduction aux discussions qui se tiendront ensuite à la Villa Mistral.

15h / 18h : Rendez-vous au Chaudron à 15h, balade jusqu’au quai de la Lave en passant par Sacoman, la « plage » et l’espace Mistral.

Une proposition : Michel Teule (Fédération CIQ 16 )

Contact : 06 83 27 45 50

QUELS PATRIMOINES POUR QUELS PARTAGES ET DEVENIR ?  (ligne de fuite #2)

19h30 / 22h30 : Villa Mistral

Soirée débat au cours de laquelle il sera question de la décision publique, de la fabrication des projets et des espaces de la participation.

Introduction chorale : Académie du chant populaire

Ouverture et modération Michel Teule

René Borruey (historien du port) , esquisse d’une histoire de la fondation des docks

Christian Marion (architecte), le roman de Marseille piège d’architecte

et des usages de la participation dans les décisions locales …

Discutants : Gilbert Spinelli, Jean-Marie Sanchez, Bernard Genet et chacune et chacun qui sera là…

Une proposition : Fédération CIQ 16

Contact : 06 83 27 45 50

DIMANCHE 15 JUIN

RASSEMBLEMENT CYCLISTES

9h30 : Dans le cadre de la Fête du Vélo, regroupement, petit déjeuner offert par la Marie 15/16

Départ Salué par la fameuse Bande à Séon (chant choral)

Une proposition : Vélo en ville

DIAGNOSTIC SENSIBLE EN MARCHANT

10h / 11h : Entre l’espace Mistral et le Quai de la Lave

Depuis l’espace Mistral jusqu’au quai de la Lave : quel état de la route 568, quel état de la Lave et de la mise à l’eau ?

Une proposition : Fédération CIQ 16 et association RiO

TCHATCHADES « Quel littoral veut-on ?  De quel littoral parle-t-on ? « 

11 h/12h30 : Square Bettini (angle de la montée Castejon et du chemin du littoral)

Habitants, simples passants, visiteurs, élus, travailleurs, minots, chômeurs, inactifs, étudiants, tchatcheur invétéré ou taiseux ! 

Qu’importe, car tous citoyens ! Venez partager votre pensée, votre envie de littoral !  

Accompagné par le comédien Jean-Marie Arnaud-Sanchez, laissez-vous aller à l’echange, à la tchache.

Une proposition de l’association RiO

Tchatcher : v. intr. (de l’espagnol chachare) parler beaucoup (surtout pour ne rien dire), avec volubilité, pour convaincre, impressionner. Particularisme marseillais ayant tendance à se mondialiser. 

APÉRITIF ET PAELLA

Les discussions pourront se poursuivre par un apéritif offert sur place.

Une proposition : Mairie des 15° et 16° arrondissements

Paella : 10 euros

Une proposition : Handestau

CARNAVAL DE LA MER

14h/18h : Espace Mistral 

Ce Carnaval est une fête pour rassembler et faire de nouvelles rencontres. Il est porté par l’association Hatoup qui a pour objet de permettre l’accès à la mer pour tous et pour le droit à un usage populaire de la mer.

« Face à un mouvement général de peur et de fermeture sur soi, on essaie comme on peut de faire valoir ce qui nous semble être l’essence même d’un port et du littoral : un espace ouvert sur l’autre qui favorise la rencontre et les échanges ».

Information : https://youtu.be/2cX50e623oc?si=yjPt7Fv-IIuP46D1

Une proposition : association Hatoup !

LA PISTE ANIMALE DES ENFANTS : Bestiaire des quartiers nord #2

Les ateliers « Bestiaire des quartiers nord » proposent aux enfants (petits et grands) de mener l’enquête sur la présence plus ou moins visible des animaux près de chez eux. Ces rendez-vous, animés par Chloé Mazzani, Jeanne Alcaraz, Willy Le Corre et Julie de Muer, sont l’occasion d’explorer la ville, de partager des connaissances et d’élaborer collectivement des formes (chansons, histoires, dessins, enregistrements) qui seront restituées lors de la « Grande Transhumance » le samedi 20 septembre.

Le 2e et le 3e épisode des ateliers à la bibliothèque ont permis de mener à bien l’enquête sur le loup de Saint-André et d’affirmer : il y a bel et bien des fauves qui habitent le quartier !

Cette fois-ci, Marie, Elsa et Elisabeth sont venues prêter main forte à Chloé et Jeanne pour faire face à la meute de chats-loups-garous-mi-lapins-mi-guépards. Ces spécimens hybrides, parfois inquiétants mais souvent rigolos, se sont matérialisés après avoir été invoqués à force de chants, de chorégraphies d’essaim d’abeilles et d’histoires sur les grands fauves. La transformation s’est définitivement opérée lorsque chaque enfant a eu choisi son animal totem du jour.



Recette pour faire apparaître son animal totem :

Choisir le 1e animal qui nous vient en tête
lorsqu’on se regarde dans la glace le matin.
Ajouter une couleur qu’on porte sur ses vêtements.
Et finir par son humeur de l’instant.

Fourmi-Violette-Râleuse, Baleine-Jaune-Contente, Eléphant-Noir-Cruel, Chat-Bleu-Enervé..

On s’est mis d’accord sur le fait qu’on avait envie que les animaux soient plus présents dans notre quotidien. Qu’il y ait des animaux dans la rue, dans notre salle de classe, dans notre chambre pour s’amuser, ou encore dans notre lit pour nous protéger des mauvais rêves.



Ces animaux rêvés sont bien souvent hybrides, mélange d’espèces -comme le Sinchapin issu du croisement du singe, du chaton et du lapin-, voire créatures siamoises -comme « Marie Pierre », dont la moitié du corps est guépard, et l’autre moitié renard.

Pour donner de la matérialité à ces histoires, nous avons fait le portrait de toute cette faune.

Le lapin-vampire a rapidement fait des petits.

La baleine-cyclope a mobilisé beaucoup d’efforts et de pots de peinture.

Nous avons à présent tout une ménagerie, prête à être lâchée dans les rues de Saint-André ! Mais..comment faire pour être sûre que la cohabitation se passe bien ? Il y a beaucoup de voitures, le Sinchapin ne risque t-il pas de se faire écraser ? Et si le lapin-vampire faisait des bêtises et mordait quelqu’un pour son petit-déjeuner ?
On se souvient alors qu’en meute, en troupeau, en banc on est plus fort et que le mieux à faire serait de réunir tous nos animaux sous la protection de deux grands fauves !

C’est la symbiose.

Mais on ne va pas s’arrêter là ! Maintenant que notre Super Animal Totem est prêt, on part en expédition pour le remettre en liberté dans le quartier.

L’art du camouflage n’est pas réservé aux caméléons.

Nous partons (discrètement) en mission en direction du « petit terrain », qui abrite depuis les premiers pas du Caminando en 2023 les élans de vitalité et de folie des habitant.e.s

Face à un si beau mur, comment résister à l’envie d’encoller…Marie prend les rênes et nous enseigne, du haut de son expérience de colleuse d’affiches, la meilleure technique : celle qui consiste à plonger les mains dans le saut !

La jungle urbaine est devenue réalité.

Quand vous passerez à Saint-André, ouvrez l’oeil et tentez d’apercevoir les grands fauves qui se tapissent.
Ahooooooooooou !

LA PISTE ANIMALE#5 : du chemin des lycéens au chemin des gammares…

Une balade dans laquelle les yeux de deux photographes semblent nous pister. Parfois au cœur de l’échange, parfois en lisière, ils portent attention à leur vision périphérique, jouent avec les distances, font corps avec la petite meute ou s’éloignent en solitaires, faisant apparaitre les autres corps qui traversent, évitent, passent, vivent ici.

L’un est plutôt loup, l’autre est plutôt chat. Pourrait-on reconnaitre le regard d’elle, l’attention de lui ? Elle s’appelle Evangeline, il s’appelle Franck. Pour ce récit ce sont leurs images qui seront la trace de notre nouvelle recherche du petit Chemin des Bestiaux.

PARTIE 1 : Le centenaire, le chien et l’enfant

Il était une fois un paysage. Ce paysage n’était pas ce ceux qu’on voudrait croire immortel. Depuis sa naissance il s’était tant et tant transformé que parfois il devait rappeler qu’il était toujours là, toujours vivant, toujours avec nous, fais de nous et dans nous. Ainsi le « nous » essayait de se rappeler, ce n’était pas facile. 

Ce jour-là nous avons réussi, un peu, grâce à l’alliance que le paysage avait passé avec le centenaire, les enfants et le chien.

Le centenaire et la mémoire

Pierre tient son chemin, celui des bestiaux, celui des hommes qui conduisent à l’abattoir. « Gorge Cœur Ventre », il nous invite à plonger dans le regard de la mise à mort industrielle puis nous lit presqu’en sautillant la fable « Le cochon, la chèvre et le mouton ».

Evangeline le chat parfois se faufile entre les humains pour les observer de près, Franck le loup regarde autour. A notre tour de pister leurs photos !

Zoom sur un extrait du film Gorge Cœur v-Ventre de Maud Alpi

Une Chèvre, un Mouton, avec un Cochon gras,
Montés sur même char s’en allaient à la foire :
Leur divertissement ne les y portait pas ;
On s’en allait les vendre, à ce que dit l’histoire : 
Le Charton n’avait pas dessein
De les mener voir Tabarin
Dom Pourceau criait en chemin
Comme s’il avait eu cent Bouchers à ses trousses.
C’était une clameur à rendre les gens sourds
Les autres animaux, créatures plus douces,
Bonnes gens, s’étonnaient qu’il criât au secours ; 
Ils ne voyaient nul mal à craindre.

Le Charton dit au Porc : Qu’as-tu tant à te plaindre ?
Tu nous étourdis tous, que ne te tiens-tu coi ?
Ces deux personnes-ci plus honnêtes que toi,
Devraient t’apprendre à vivre, ou du moins à te taire.
Regarde ce Mouton ; a-t-il dit un seul mot ?
Il est sage. Il est un sot,
Repartit le Cochon : s’il savait son affaire,
Il crierait comme moi, du haut de son gosier, 
Et cette autre personne honnête 
Crierait tout du haut de sa tête.

Ils pensent qu’on les veut seulement décharger,
La Chèvre de son lait, le Mouton de sa laine.
Je ne sais pas s’ils ont raison ;
Mais quant à moi qui ne suis bon
Qu’à manger, ma mort est certaine.
Adieu mon toit et ma maison.
Dom Pourceau raisonnait en subtil personnage :
Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain,
La plainte ni la peur ne changent le destin ;
Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.

A la fable, Danièle répond par le chant et la ballade popularisée par Joan Baez « Donna Donna », dont beaucoup d’entre nous découvrent la signification. Et une fois encore, nous chantons avec le paysage…

Dans un wagon rempli pour le marché,
Il y a un veau avec un œil morne.
Au-dessus de lui, une hirondelle
Bat des ailes rapidement dans le ciel.

Comment les vents rient-ils ?
Ils rient de toutes leurs forces !
Rire et rire toute la journée,
Et la moitié des nuits d’été.

Donna, Donna, Donna, Donna
Donna, Donna, Donna, Don
Donna, Donna, Donna, Donna
Donna, Donna, Donna, Don

« Arrêtez de vous plaindre », dit le fermier.

« Qui vous a dit d’être veau ?
Pourquoi n’avez-vous pas d’ailes pour voler avec ?
Comme l’hirondelle si libre et fière ? »

Comment les vents rient-ils,
Ils rient de toutes leurs forces !
Rire et rire toute la journée,
Et la moitié des nuits d’été.

Donna, Donna, Donna, Donna
Donna, Donna, Donna, Don
Donna, Donna, Donna, Donna
Donna, Donna, Donna, Don

Les veaux sont facilement attachés et abattus,
Ne sachant jamais pour quelle raison.
Mais celui qui chérit la liberté,

Comme l’hirondelle a appris à voler.

Comment les vents rient-ils ?
Ils rient de toutes leurs forces !
Rire et rire toute la journée,
Et la moitié des nuits d’été.

L’enfant et le jeu

Thais et Hiacinte volent autour de nous à la manière des hirondelles. Soudain ils deviennent chevaux, araignée, tous les animaux à la fois. Ils sont vivants et évoquent dans leurs jeux libres et aventureux nos conversations sur les relations, entre apprivoisement, domestication, ensauvagement… Et leurs corps mettent en mouvement le paysage, rendent intéressant une barrière, passionnant un muret, apprenant un escalier. 

Evangeline attrape quelques moments au vol !

Luna et Tania

La Tania et la Luna. Tout de suite ça sonne !

Evangeline a fait leur portrait et c’est Franck qui a pisté leur relation. Dans cette relation, on est parfois ensemble, à deux ou en collectif, on se touche, on cohabite serré, et d’autres fois on prend le large. Luna la chienne laisse alors Tania à ses conversations humaines et rejoint le paysage des enfants. Elle aussi révèle sa vitalité et une manière d’habiter en activant les espaces et le mobilier urbain.

PARTIE 2 : L’autre chemin des bestiaux

Maintenant que nous sommes un peu plus un « nous », on part en direction du petit chemin des bestiaux en explorant les traverses de Saint-Louis. Chacun observe à sa façon, on s’imbrique enfants, chien, oiseaux, habitants d’ici ou de plus loin. À partir de là nos photos se mélangent, celles d’Évangéline et Franck mais quelques-unes aussi de Julie qui complètent le parcours.

Le chemin des bestiaux de Pierre, c’était aussi l’idée d’un « chemin de conscience ». Il a été emprunté pour les manifestations contre l’incinérateur qui devait être installé au bord du ruisseau des Aygalades, a été le support des nombreuses chansons qui racontent les quartiers nord et que Pierre aime à nous partager.

Le «chemin des lycéens » que nous empruntons semble alors étrangement en résonance, et les luttes d’aujourd’hui émergent au fil du chemin. Gaza, luttes féministes, défense du quartier, on longe aussi l’usine d’où est partie la fuite au chrome 6 qui a pollué l’ensemble de la nappe phréatique, le ruisseau et ainsi les animaux qui y vivent ou les humains qui auraient par exemple jardiné avec l’eau de leur puits. On ruisselle alors vers des histoires géologiques, on passe les barrières pour plonger dans le tuf…

Alors que la pluie nous rattrape, on se transforme en essaim sous le porche d’un immeuble, gentiment accueillis pas les petits joueurs de foot.

Pierre nous partage un dernier texte témoin des solidarités auxquelles il nous invite et c’est en partageant l’imaginaire des gammares, crevettes du fleuve côtier et nom du joyeux collectif qui s’est mobilisé pour en prendre soin, que la divagation sur le chemin des bestiaux se conclue.

Photos Evangeline Allize, Franck Pourcel et Julie de Muer