Récit du parcours d’une jeune communauté patrimonial à Verduron.

Récit du parcours:

Nous nous sommes donnés rdv devant la pharmacie, qui est aujourd’hui également une sorte de mémorial à la mémoire de Antoine, le jeune homme tué par un voisin qui voulait  » protéger » la pharmacie.
Cet épisode récent à beaucoup marqué le quartier, posant notamment question du renforcement d’une barrière invisible (sociale) entre Verduron (résidentiel, maisonnettes et villas) et la Bricarde (cité).Dominique et Marta nous lisent en français et en Islandais un poème écrit alors par Matthias Kristjansen , qui était en résidence d’écriture à Höfn (chez Dominique et Jean).

Nous avons ensuite remonté la pente pour emprunter le Boulevard Freze.
Quelques bâtiments nous ont interrogé (histoire/fonction à rechercher):
•Maison élévatrice des eaux
•Bâtiment du Centre social/centre d’animation (Allée de Vignes) visiblement un ancien bâtiment catholique.

Puis on emprunte une mini traverse charmante rejoignant l’allée du petit pont.

Dans la traverse, nous rencontrons Bernard (ancien patron du bar Longchamps Palace) qui nous explique avoir dans son jardin un bout du canal (nous cherchons à comprendre les cheminements et les ramifications de l’eau).
Dans l’allée du Petit pont nous rencontrons  Jean Pierre et Caroline (qui connaissent l’une d’entre nous). Nous leur expliquons notre démarche et nos débuts de questions.
Ils connaissent des anciens qui vivent à côté et sont d’accord pour organiser une rencontre avec eux un de ces jours.
La démarche du groupe les intéressent, veulent bien suivre (inscription sur la liste mel du groupe).
[showtime]

A côté, nous croisons les photos de JR réalisées à l’occasion des rencontres photos d’Arles. Nous découvrons ainsi quelques voisines…

Nous allons à la recherche (toujours allée du petit pont) de la paroisse et de l’association culturelle arménienne (Verduron a longtemps majoritairement été un quartier peuplé de migrants arméniens et italiens).  Aujourd’hui renouvellement extrêmement important (résidentialisation) et plus beaucoup d’anciens. Le travail de mémoire est urgent (a priori collectage en cours du côté du CIQ, à vérifier).

La grande bâtisse de l’association est fermée. Il faudra y revenir.

Au bout de l’allée du petit pont, nous trouvons le dernier terrain en friche dans Verduron (dedans et non à ses limites de colline). Présence d’une tour en pierre en ruine (chercher ce que c’était).
Pression foncière très importante depuis quelques temps, un habitant croisé sur la route nous expliquera plus tard que le CIQ a eu quelques succès sur des promoteurs de résidences fermées ces derniers mois. Se renseigner.

Nous repartons pour rejoindre le boulevard du point de vue puis la « Butte Chaumont » qui nous amène au point de vue du boulevard de Bellevue.

Nous reprenons la discussion (commencée par Julie et Dominique les deux jours précédents) avec le monsieur habitant la dernière maison avant les escaliers (nous ne connaissons pas encore son nom).
Jolie histoire: il était marin breton travaillant sur les gros bateaux de fret. Un jour il y a 30 ans, du bateau où il se trouve dans le port, il regarde « le Pain de sucre » (autre nom donné à Verduron en raison de sa ressemblance avec le pain de sucre de Rio) et voit une maison à côté d’un arbre à la forme singulière, face à la mer (donc il la repère de très loin).
Il a un flash et se dit: « voilà où je veux descendre du bateau pour vivre ».

Il a réussi à la retrouver, l’a acheté et depuis 30 ans la retape à la main. Il a pu dans des conditions extrêmes (même une brouette ne passe pas) refaire un jardin et potager magnifiques, où vivent aussi en liberté lapins et basse cour.
Dans son jardin il a trouvé un blockhaus, quelques casques, baillonnettes et grenades (dixit « pourtant ce n’est pas mon genre, moi qui élève mes lapins en liberté… »).
En effet Verduron est le quartier où s’est jouée la dernière bataille, a priori la plus sanglante, de la libération de Marseille, le 28 août 1944.
Tante Rose et Moulin du diable sont des noms maintenant glorieux pour qui s’intéresse aux batailles de Marseille… Rappelons que Marseille a été principalement libérée par les « Goumiers », les combattants d’Afrique du Nord. Dans le cas de Verduron, c’était des marocains.
Christine Breton nous indiquera par la suite l’emplacement d’une batterie allemande un peu haut dessus de l’oppidum.

Puis direction l’Oppidum où nous attend Christine Breton. Christine est une commissaire du patrimoine longtemps détachée sur Marseille 15/16, avant sa retraite cette année, sur une mission de développement du patrimoine intégré (un patrimoine dont les habitants sont acteurs, tant dans le processus de désignation que de valorisation/animation-cf convention de Faro et droit au patrimoine www.hoteldunord.coop).
Hôtel du Nord est l’un des aboutissements de cette mission et de ce travail mené avec et par les habitants (avec la commission patrimoine 15/16) .

Sur le chemin, nous trouvons un bel arbre plein de Kakis que visiblement personne ne souhaite cueillir. Nous apprendrons quelques minutes après nous être goinfrés que c’était justement l’arbre du président du CIQ que nous voulions rencontrer…
Discussion avec Mr Davault, rencontré au hasard de la route, qui nous apprend, outre l’identité du propriétaire du kaki, que la Garamaoude est toujours « lâchée » une fois par an dans Verduron (une tradition provençale encore en vie? La Garamaoude est une créature monstrueuse qui s’apparente à la tarente).
Au détour de la conversation il nous dit qu’il travaille à la DDE (avec du coup des connaissances sur certains dossiers urbanistiques) et qu’il compte ouvrir une chambre d’hôte l’année prochaine… Je lui enverrai donc de l’info sur Hôtel du nord et nos activités…

Le boulevard du Pain de sucre et Christine au bout…

Nous voilà donc dans cet Oppidum que finalement quasi aucun de nous n’avait jamais foulé (certains avaient beaucoup tourné autour, sans finalement jamais le trouver ou le croiser).
Pour mémoire, les oppida sont des espaces d’habitats fortifiés protohistoriques (avant les romains) témoignant de la présence celte en méditerranée.
Celui-ci a semble t-il été habité peu de temps et a connu une destruction violente au cours du IIème siècle avant JC.

Christine nous en fera une visite passionnante difficile à retranscrire dans ce type de compte rendu mais on peut garder tout de même noter la difficulté qu’ont eu les historiens à investir la question celte en méditerranée (Marseille la phocénne, avec au loin son vieux port, est grecque). Notons comme indice de cette très récente tolérance de l’histoire à considérer ce versant (cette hauteur…) que le livre de référence cité ci-dessous et le classement aux monuments historiques de l’oppidum ne datent que de 2004.
Elle nous renvoie vers les travaux de Dominique Garcia: La Celtique méditerranéenne. Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence du VIIIe au iie siècle av. J.‑C., Éditions Errance, Paris, 2004.
Aujourd’hui le site est peu entretenu, peu valorisé et même le cadre législatif qui devrait empêcher toute construction sur un périmètre de 500m à partir du site n’est pas respecté (villa neuve en fin de construction a 200m…).

La présence celte (gauloise) en Provence a été importante et a généré une sorte de « Ville perchée métropolitaine », en regard de la ville basse grecque.
Christine nous a ainsi fait partager son approche de la « métropole des oppida », qui se répondaient par système de relais et de spécialisations (tel ou tel savoir faire, telle ou telle fonction) sur une trame géographique qui reliait Marseille à L’Etang de Berre puis à Arles. Pour elle, la trame n’est pas totalement claire (entre les oppida de Marseille et ceux qui remontent l’étang) mais nous livre cette hypothèse comme une possibilité de relier les territoires de nos explorations et nos relectures urbaines.

Pour mieux comprendre, allez également lire son livre Récit d’hospitalité n°2-La ville perchée-Editions Communes/Hôtel du nord et venez participer aux repérages que nous allons faire pour tenter de relier les oppida qui entourent Verduron (Mayans-Marseille 15ème d’un côté, la Cloche- Les Pennes Mirabeaux  de l’autre).
Jean propose de poser un calque de trame supplémentaire sur notre jeu métropolitain, en tentant de relier en même temps que les oppida les balises aériennes qui permettent aux avions de trouver leur axe vis à vis des pistes de Marignane (une autre manière de lire et structurer le territoire…).  Ce sont deux trames « orientées » qu’on testera le 1er novembre…

Nous envisageons également un itinéraire intéressant pour nos futures balades publiques nous permettant de relier l’oppidum par l’Estaque et la Pelouque (ancien terrain de foot de la Castellane). Belle arrivée sur le site, en lien avec la question de l’eau, et bien pour ceux qui ont des chambres Hôtel du nord à l’Estaque ou à Mourepiane et qui aimeraient emmener leurs invités se balader à partir de là.

Retour ensuite par la crête qui sépare Verduron en deux communes (Marseille et les Pennes).
L’école réserve quelques surprises dans sa répartition de façade Filles/Garçons,
le quartier semble attaché à ne pas renoncer à ses vieilles devantures de commerces trépassés,
le Moulin du Diable a été transformé en annexe d’une grande villa très « villa ».

Une nouvelle petite traverse gentiment débroussaillée par Jean et Dominique la veille et nous voilà chez eux, dans une rue sans nom puisque toute la rue s’appelle 66 boulevard Henri Barnier…:
Une ancienne ferme qu’ils ont retapé depuis 15 ans, en regardant les terres environnantes se lotir, et aujourd’hui une résidence d’écriture et une chambre hôtel du nord pour voyage près de chez vous… (www.hofn.free.fr)

Et pour finir je vous mets une adresse Facebook d’un groupe de jeunes gens qui ont intitulé le facebook, « Tu es né à Verduron si…« .

Julie De Muer. Octobre 2011.

Récap des livres conseillés au cours de la balade:

  • Dominique Garcia, la celtique méditerranéenne, 2004- cf récit qui suit.
  • Christine Breton/Martien Derain, Zora Adda Attou, La Ville perchée, Récit d’hospitalité n°2, Editions communes-Hôtel du nord- Cf récit qui suit
  • Ruines maudites, collection Rouge safran. Roman policier pour tous à partir de 7 ans, avec un fort contenu historique et documentaire. Ca parle donc à partir d’un regard contemporain, des relations entre les grecs de Marseille et les celtes de Provence, notamment avec la participation du premier archéologue qui a fouillé l’oppidum de Verduron.

01 12 16 22 30 3739 41 Les piémonts de l’Etoile

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Une réponse sur “Récit du parcours d’une jeune communauté patrimonial à Verduron.”

  1. Bonjour,
    Je m’intéresse aux petites histoires de l’Histoire de nos quartiers souvent passionnantes et vos commentaires soulèvent d’autres questions ou nous permettent d’aller plus loin et de nous orienter dans les recherches .
    Quelle est cette tour carrée située sur la rue du Moulin du Diable (Verduron) avec l’intersection de la rue Mateoti ? Elle appartient au 15 è et est située sur votre domaine ….
    Merci pour vos précisions et informations …si vous en avez …
    Cordialement.
    Serge

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