Intégrons l’hospitalité en habitat social à la Loi « Égalité et Citoyenneté »!

HdN D. poulain © Affiche Bel vedere au ravin de la Viste

Le projet de loi « Égalité et Citoyenneté » devrait être examiné cette semaine par le Conseil d’État, pour une présentation en conseil des ministres en mars puis au Parlement avant cet été. Le texte comporte un important volet logement dont l’habitat social notamment dans le but « d’empêcher l’entre-soi« .

Ce projet de Loi pourrait pleinement intégrer notre proposition de pouvoir expérimenter l’hospitalité en habitat social avec l’ensemble des personnes concernées.

L’expérimentation législative locale est l’autorisation donnée par une loi à une collectivité territoriale d’appliquer une politique publique ne faisant pas partie de ses attributions légales, pour une période donnée. L’expérimentation législative a comme but d’étudier les effets d’une réforme ou d’une loi sur un échantillon de personnes et dans un temps limité.

La coopérative d’habitants Hôtel du Nord et d’autres comme l’association Accueil Banlieues en Seine Saint Denis proposent avec succès l’hospitalité en chambres d’hôtes et balades urbaines dans des quartiers où l’habitat social est très présent.

Cela contribue à générer des revenues complémentaires localement, à changer l’image de ces quartiers et à une citoyenneté active.

A ce jour, la Loi interdit la sous location en habitat social à quelques exceptions prêt et donc l’exercice de la chambre d’hôte. Les expérimentations faites dans ce cadre restreint semblent peu concluantes (logement intergénérationnel, etc).

Une partie importante des habitants, et des membres d’Hôtel du Nord en particulier, ne peuvent de fait proposer leur hospitalité, même occasionnellement, au risque d’être expulsés et d’avoir une forte amende. Au regard de la Convention de Faro, et depuis août 2015 de la loi NOTRe qui garantie les droits culturels, ils n’ont pas le même droit d’accueillir et de partager leurs histoires et leur environnement patrimonial.

Il existe pourtant une demande locale pour loger des parents, des personnes en stage dans les entreprises à proximité (notamment en ZFU), des intervenants du milieu associatif ou de la part des bailleurs sociaux (résidence artistique, personnel) dans des quartiers souvent dépourvus d’offre d’hébergement. D’ailleurs, des bailleurs sociaux la tolèrent aux moment de grands événements et une offre émerge sur les plateformes collaboratives.

Comme il existe des récits, des patrimoines culturels et des hôtes. L’hospitalité ne se limitant pas à l’hébergement, nous la proposons à travers nos balades patrimoniales dont les « balades des cités », dans le Mille-Pattes, fabrique d’histoires de la coopérative, dans nos ouvrages comme les Récits d’hospitalité et dans nos co productions artistiques.

L’activité de chambre d’hôte est particulièrement simple administrativement (déclaration en mairie et assureur), intéressante économiquement si elle reste modeste (non fiscalisée et sans charges sociales), riche humainement car la rencontre y est obligatoire (petit déjeuner chez l’habitant) et favorable aux activités environnantes (restauration, activités culturelles, etc).

Son autorisation en habitat social soulève aussi des questions de sous occupation, de distorsion de concurrence, assurentielles, de responsabilité du bailleur social, etc

Afin d’identifier ces freins et avantages, nous avons eu durant l’année 2012 de nombreuses rencontres avec des bailleurs sociaux, des parlementaires, des habitants, des communautés patrimoniales, des amicales de locataires et des personnes impliquées dans les quartiers d’habitat social (Régies de quartier, représentant du Préfet, etc).

Nous avons aussi réalisé des opérations pilotes à l’occasion de Marseille capitale européenne de la culture en 2013 et étudié des processus comme l’Albergo diffuso en Italie qui pourrait servir d’exemple à une approche de l’hospitalité non pas centré sur le seul hôte mais sur l’ensemble de la cité d’habitat social.

Nous avons ainsi constituer un « dossier exhaustif » sur ce qui pourrait faire l’objet d’une expérimentation législative. La balle est depuis du côté de l’État et de nos parlementaires que nous interpellons régulièrement à ce sujet à Marseille et en Seine-Saint Denis. Espérons cette fois avec succès.

HdN D. poulain © Affiche Bel vedere au ravin de la Viste
HdN D. poulain © Affiche Bel vedere au ravin de la Viste

 

Métropolitique : La sociologie visuelle au service de la réhabilitation des « cités »

Dans le prolongement de l’article du sociologue new-yorkais William Kornblum publié dans le Dissent et repris par Courrier International, la revue Metropolitique.eu propose en ligne un article La sociologie visuelle au service de la réhabilitation des « cités » et une vidéo (voir plus bas) sur La Visitation à laquelle participe Christiane Martinez hôte et sociétaire de la coopérative Hôtel du Nord.

Cet article fait référence à l’article de Michèle Jolé,  professeur en sociologie urbaine, paru en 2012  : Hôtel du Nord. La construction d’un patrimoine commun dans les quartiers nord de Marseille.

Le sociologue new-yorkais William Kornblum a rapporté des cités du nord de Marseille des images qui contredisent les stéréotypes de chaos urbain répandus par les médias. Il s’essaie également, vidéo à l’appui, à une contextualisation écologique de ces quartiers, en les resituant dans la topographie générale de la cité phocéenne.

Balade patrimoniale HdN #19: « Une Terre Hospitalière », c’est le 24 05.

Tout au bout de Marseille, tout au bout de Saint Antoine, il y a la Limite. Limite de commune, limite entre ville et massif naturel, le quartier de Notre Dame Limite est aussi plein de frontières plus ou moins visibles, plus ou moins poreuses.

Elles divisent ou relient des types d’habitats contrastés, des histoires/trajectoires qui viennent du Maghreb, des Comores, du Vietnam, du Cambodge, mais aussi des jardins aventureux et des histoires d’hôpitaux et d’hospitalité…

Heure de début: 09:30
Heure de fin: 12:30

Inscription et lieu de rdv ICI.

22 ∏dominique poulain

Anniversaire des 80 ans de la cité Michelis

Samedi 4 octobre de 11h à 18h, Place de la Liberté,  Rives & Cultures, invite les communautés patrimoniales et les sociétaires de la coopérative  d’habitants Hôtel du Nord à l‘anniversaire des 80 ans de la cité Michelis à laquelle Rives & Cultures participe avec une dizaine d’autres associations.

A l’occasion de la fête des 80 ans de la cité, une marche est organisée en début d’après-midi (14h) au départ de la cité Michelis. Elle ira en direction de St Marcel en longeant le canal de Marseille… Cette balade de Rives & Cultures existe aussi  en promenade sonore, réalisée l’an passée avec Radio Grenouille : Quartiers Est, entre Huveaune et collines.

Flyer-mini

Quelques pas vers la Maison qui penche… une balade poétique autour de la Gare Franche

Dimanche 22 juin, venez découvrir cette maison d’artiste et son histoire, à la fois réelle et imaginaire.

Au coeur de la Gare Franche, îlot de verdure et lieu de passage entre la Cité du Plan d’Aou et le noyau villageois de Saint Antoine se trouve la maison qui penche, une bastide du XVIIè siècle qui a vu se succéder de nombreux propriétaires. Au début des années 2000, Wladyslaw Znorko, metteur en scène et poète y pose ses valises : il ouvre grand ses portes et convie pêle mêle artistes, voisins, curieux à s’approprier les lieux. Après sa disparition l’an dernier, la Gare Franche n’en demeure pas moins un lieu truffée d’histoires intrigantes à partager…

En faisant quelques pas de côté, on découvre également l’ancienne usine de fûts métallique réaménagée en salle de spectacle et des jardins partagés, lieu d’échanges et de convivialité. Au rythme d’anecdotes truculentes et de lectures, nous vous invitons donc à vous plonger dans l’atmosphère si particulière qui règne aux abords de la maison qui penche…
La balade sera suivie à 20h30 du spectacle de la compagnie IVA, « Nos Grands-Mères », qui prendra place aux fenêtres de notre maison…

Nos Grands-mères est un spectacle à la fois documentaire et familial, qui raconte l’histoire de Valentina Vavilova et Jacqueline Auriol, les deux grands-mères des artistes Nathalie Conio et Rachel Auriol, pendant la seconde guerre mondiale. Deux jeunes femmes dans la guerre, épouses, mères, filles et grands-mères.
Les récits de vie de Valentina, la Russe, et « Linette », la Française, sont enrichis par d’autres témoignages : ceux des grands-mères de chacun, des habitants de la ville, de Marseille, de Toulon, de Corse mais aussi d’Italie, de Tunisie et d’ailleurs.

La mise en scène choisie par Nathalie Conio, investit pleinement la bastide de la Gare Franche : ses fenêtres, son perron et ses extérieurs. La maison devient la matrice de l’histoire, le lieu où s’engendrent les destins des femmes et des familles. Le spectacle mêle théâtre, lumières et images filmées, avec la nuit comme toile de fond.

  • Rendez-vous à la Gare de Saint-Antoine, 13015 Marseille à 19h.
  • Durée : de 19h à 23h30 (balade + spectacle) – prévoir un sandwich tiré du sac – soupe offerte pendant l’entracte du spectacle et buvette sur place
  • Entrée libre sur réservation obligatoire (jauge réduite !) au 04 91 65 17 77

maison

Samedi 7 juin, venez en balade à La Cabucelle

Samedi 7 juin au matin, venez en balade à La Cabucelle avec le Mille-pattes, Fabienne Gambarosa et Virginie Lombard. La Cabucelle, ancien faubourg rural, prend naissance au milieu du XIXème siècle avec l’industrialisation le long de la route d’Aix entre le port, la voie ferrée et le ruisseau des Aygalades. Cette terre verra passer des bras alpins, espagnols, italiens, kabyles, arméniens, algériens… mais chacun y laissera son empreinte entre maisonnettes auto-construites, immeubles « castors » et cités d’urgence.

C’est de cette histoire humaine, industrielle et migratoire dont il s’agit dans le quartier de la Cabucelle, et dont l’origine du nom reste encore énigmatique… Pour les moins pressés, possibilité de se restaurer au marché aux puces après la balade.

La balade se fait en partenariat avec Michel Brocchiero Historien, Raphaël Caillens (Pots Bleus) et Église arménienne. Pour de plus amples renseignements, contactez Virginie Lombard spigaou(a)orange.fr 0683575759 .

  1. S’inscrire : http://hoteldunord.coop/event-registration/?ee=19

potsBleus

Mercredi 27 novembre à Saint-Denis, Forum tourisme alternatif et convention de Faro

Accueil Banlieues organise mercredi 27 novembre à Saint-Denis le  Forum tourisme alternatif et convention de Faro auquel Hôtel du Nord s’associe

Ce forum s’inscrit en 2013 dans une série de rencontres sur la Convention de Faro co organisées avec les partenaires de la société civile avec qui Hôtel du Nord est engagé depuis plusieurs années : le Colloque de Venise sur le rôle des communautés patrimoniales (Faro Venezia – mars 2013), les Rencontres d’Oran sur la Convention de Faro et Camus (Bel Horizon – mai 2013) et leForum de Marseille sur la valeur sociale du patrimoine en septembre 2013.

Nous aurons une discussion sur le tourisme alternatif et la convention de Faro, dans le prolongement d’une rencontre (à laquelle nous avons participé) sur la convention de Faro organisée à Marseille en septembre 2013 par Hôtel du Nord (http://hoteldunord.coop/), notre « grande soeur » des quartiers Nord de Marseille.

Nous nous retrouverons pour une rencontre avec des acteurs locaux intéressés par le patrimoine, le tourisme, l’économie sociale et solidaire, le développement local,… à Jolie Môme, au 14 rue Saint-Just à la Plaine Saint-Denis (accessible par le métro « Front populaire, ligne 12″ , compter 5 mns à pieds ou « RER B La Plaine stade de France », compter 10 bonnes mns à pieds) à 18h avec nos ami-e-s marseillais-e-s. Chacun-e pourra expliquer son rapport personnel, professionnel  et/ou associatif et/ou militant au patrimoine et au(x) territoire(s) lors d’une discussion très ouverte.
Pour s’inscrire http://doodle.com/ikctiv7rsp726s4t. Merci de le faire pour des raisons pratiques.

La convention de Faro désormais ratifiée par plusieurs pays, dit bien que le patrimoine ce n’est pas seulement les Grands Hommes, les Grandes dates et les Grands monuments mais d’abord les gens et leurs histoires, les lieux de vie, les luttes, le « coin de la rue »… Les opérateurs du tourisme alternatif se réapproprient ainsi les mots de partage et d’échanges.

En début d’après-midi, nous organisons des visites de 2h dans nos villes (inscriptions surhttp://www.tourisme93.com/visites/search.php?date=2013-11-27). Quatre balades sont proposées :

  1. Epinay sur Seine à 14hrendez-vous à la gare d’Epinay-Villetaneuse, rue des arcades. De l’urbanisme des années 60 aux projets d’aujourd’hui, aménagement des berges, amélioration des transports en passant par la rencontre des gens qui y  vivent /ou y travaillent, c’est une nouvelle facette de la ville d’Epinay-sur-Seine que vous proposent de découvrir des habitants passionnés par leur ville. Un zeste de sociologie, deux doigts d’histoire, une pincée de géographie, quelques gouttes de géologie, une once de politique publique, un gramme d’urbanisme,  une poignée de patrimoine. Voilà ce qui vous est proposé au cours de cette balade par des habitants amoureux de leur quartier. Accessible aux enfants et aux personnes à mobilité réduite. On finira aux vignes de la mairie.
  2. Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis, rendez-vous à 14h en vélo, trottinette, rollers au métro « mairie de Saint-Ouen (face à la mairie). Nous partirons de Saint-Ouen, ville anciennement très industrielle, qui a lancé une procédure de classement de dizaines de bâtiments remarquables qui « racontent » son histoire, à partir des Puces. Nous passerons en bordure de l’écoquartier des Docks, au nouveau Grand parc de la ville, autour de son château puis nous traverserons la Seine et visiterons l’Actlab animé par l’association Bellastock (qui participe au réemploi des déchets de chantiers, notamment des 220 000 m2 des anciens entrepôts du Printemps) dans l’écoquartier fluvial et nous rencontrerons « Promotion de courtoisie urbaine » » qui coordonne des projets  d’habitats participatifs puis remonterons, via la piste cyclable qui longe le fleuve, jusqu’au centre de l’île, l’une des deux ville-îles fluviales de France.  Balade de 2h accessible à des enfants dès 5/6 ans.
  3. le centre de Saint-Denis. Rendez-vous à 14h devant la basilique de Saint-Denis(accessible par le métro « Saint-Denis basilique », ligne 13).  La visite se concentrera autour de deux associations, Franciade et Synesthésie, et de la galerie HCE, acteurs locaux très importants sur les questions de patrimoines anciens et modernes. Par ailleurs, visiter le centre de Saint-Denis (ville la plus peuplée du 93) permet de confronter plusieurs types de patrimoines : diversité culturelle très forte, empreinte de la Basilique, logements sociaux, immeubles très anciens, fouilles archéologiques, commerces très divers autour d’un marché aux mille senteurs… Balade de 2h sur un rayon de 1km2. Accessible aux enfants et aux personnes à mobilité réduite.
  4. La Plaine Saint-Denis, A 14h, rendez-vous devant la gare du RER B « La Plaine Stade de France » (1 station depuis la gare du Nord). Visite commentée par un habitant du quartier. Balade urbaine à pied ou en trottinette. Durée d’environ 2h dans ce quartier, ancienne plaine maraîchère de Paris, devenue fin du 19ème/début du 20ème « le Manchester français » puis désindustrialisé dans les années 1970 et 80 et qui a commencé à se transformer avec l’arrivée du Stade de France en 1998. Urbanisme, anecdotes, projets, transports, géographie, histoires petite et grande, seront évoquées… Rencontres avec des acteurs locaux : l’association Déchets d’art qui travaille sur le réemploi artistique des déchets, des parents d’élèves du collège Iqbal Masih, des salarié-e-s de la  Plaine ou du quartier de « la petite Espagne » à Cristino Garcia,…

Journée coordonnée par « Accueil banlieues » avec le soutien de Plaine Commune, du Fonds social européen et avec l’appui du comité départemental du tourisme  93, dans le cadre du mois de l’économie sociale et solidaire.

Aurélie Roperch : « J’irai dormir dans les quartiers nord », 3ème prix Charles Gide

Charles GideL’article « J’irai dormir dans les quartiers nord » de Aurélie Roperch de l’École de Journalisme et de communication d’Aix-Marseille  a reçu le troisième prix Charles Gide du  »meilleur reportage en économie sociale » de la Fondation du Crédit Coopératif. Ce prix décerné par un jury d’une dizaine de professionnels s’adresse aux étudiants de dernière année des 13 écoles de journalisme reconnues par la profession. Nous avons trois raisons de remercier Aurélie Roperch pour son article.

Ce prix permets à une jeune journaliste d’avoir pu faire reconnaitre son talent en prenant comme sujet la coopérative d’habitants Hôtel du Nord.

Charles Gide fut un grand défenseur et théoricien des coopératives de consommateurs (voir sur wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Gide).

Ce prix promeut une expérience coopérative marseillaise. Marseille a été à la fois le lieu de l’abandon et de l’espérance coopérative. En 1888, c’est au congrès de Marseille que les espérances coopératives nées de la révolution de 1848 ont été abandonnées au profit d’un partie des travailleurs uniques[1]; en 1940 c’est à Marseille qu’une coopérative ouvrière, la fabrique de biscuits « Le fruit mordoré » est fondée et fera travailler 200 réfugiés jusqu’en 1942; c’est à Marseille que de 1944 à 1946 que les recommandations du Conseil de la Résistance qui préconisait l’instauration d’une « véritable démocratie économique et sociale » ont donné lieu à une expérience d’autogestion d’entreprise unique en France avecMARseille ENtreprises REQuisitionnées : 15.000 ouvriers ont ainsi accédé et participé à la gestion de 15 entreprises marseillaises[2].  Enfin, c’est aussi à Marseille que se réinvente la coopérative de consommateurs avec Autopartage ProvenceProxi-pousse ou Hôtel du Nord sans oublier dernièrement Fralib où le syndicalisme renoue avec la coopérative (voir article du Monde du 18 juin 2013[3]).

J’irai dormir dans les quartiers nord

Contempler la Méditerranée, l’arrière-port industriel ou la garrigue, mais depuis les cités. À Marseille, une coopérative créée par des habitants propose des chambres d’hôte dans des quartiers habituellement peu fréquentés par les touristes.

La baie vitrée s’ouvre sur une terrasse baignée de lumière. Le soleil rasant d’hiver découpe le paysage en objets scintillants. À perte de vue, la mer, majestueuse et rayonnante, impose son immense présence. « La vue sur la Méditerranée alors qu’on est dans les quartiers nord, ça étonne toujours», s’amuse Virginie Lombard. Cette Parisienne de 49 ans vit depuis treize ans dans le 15e arrondissement de Marseille. Depuis novembre dernier, elle loue la chambre de son appartement du quatrième étage de la cité de la Cabucelle par le biais de la coopérative Hôtel du Nord. Des habitants ont concrétisé cette initiative originale il y a deux ans : louer leurs chambres, au cœur des cités, pour faire découvrir les richesses ignorées de la banlieue marseillaise.

Hôtel du Nord est l’une des premières coopératives en France à donner la parole majoritairement aux habitants. L’idée a vu le jour sur un pari : « On a pensé qu’il était possible de développer une offre d’hospitalité et de découverte marchande dans les quartiers nord et que celle-ci rencontrerait une demande », explique Prosper Wanner, le gérant. Cet ingénieur de formation s’est retrouvé à la tête d’un projet pensé dès les années 1990. « J’ai rencontré un collectif de conservateurs du patrimoine qui militaient sur ce territoire. Il y a quelques années, ils avaient publié un manifeste pour protester contre un projet de modernisation de l’administration. Pour eux, les musées étaient en décalage avec le territoire sur lequel ils s’implantaient », raconte-t-il. À l’époque cogérant d’une coopérative qui accompagne les structures économiques innovantes, il rejoint le concept d’Hôtel du Nord en 2002. « Ils sont venus me demander comment faire pour développer une économie qui impliquerait les habitants. On a fait des stages de création d’entreprise, des rapports sur les notions de patrimoine et économie, des tentatives d’actions commune sur le terrain, etc. » Trois ans plus tard, l’Europe leur fournit un premier cadre législatif de référence : la Convention de Faro, qui reconnaît que « chaque personne, seule ou en commun, a le droit de bénéficier du patrimoine culturel et de contribuer à son enrichissement ». Si la France ignore le texte, la mairie des 15e et 16e arrondissements de Marseille en devient le premier signataire en 2009. Un soutien local qui permet le lancement, l’année suivante, de cinq chambres d’hôtes dans les quartiers. Face au succès de cette période-test, la coopérative patrimoniale Hôtel du Nord est officiellement mise en place l’année suivante.

Des chambres à partir de cinq euros

Aujourd’hui, l’équipe gérée par Prosper Wanner compte une cinquantaine de membres dont trente sociétaires. « Une bonne bande de motivés », plaisante Virginie. Cette botaniste et animatrice de jardins partagés a fréquenté la coopérative pendant six mois avant de devenir sociétaire. « Des collectifs d’artistes locaux m’ont fait connaître Hôtel du Nord il y a un an et demi. Ce

qui m’a intéressée, c’est que le touriste, comme l’habitant, découvre en marchant toute la richesse des quartiers! » Cinq mois plus tard, elle décide d’ouvrir sa chambre. Pour Prosper Wanner, « l’enjeu est de faire se croiser les gens. Comment s’adresser à tous, sachant que nous sommes sur des quartiers très diversifiés en termes d’habitats, de catégories sociales, etc. ? »

Un autre obstacle, légal cette fois, empêche certains locataires de devenir hôte. Si Virginie, dont l’immeuble est en copropriété, peut louer son bien, les locataires d’habitats sociaux n’en ont pas le droit. Être chambre d’hôte est assimilé à de la sous-location, une pratique aujourd’hui illicite que la coopérative essaie de faire accepter. La sénatrice-maire du 15e et 16e arrondissements, Samia Ghali, prépare actuellement une proposition de loi pour que l’activité de chambre d’hôte soit occasionnellement possible en habitat social.

En attendant d’élargir l’offre d’hébergement, trente-six chambres en appartements, maisonnettes ou en bastides sont déjà disponibles. Les prix, fixés librement par chaque hôte, varient entre 5 et 160 euros. La coopérative récupère un pourcentage de 10% sur le nombre de nuitées tarifées. Le reste revient aux hôtes. Mais pour Virginie, comme pour Michèle Rauzier, propriétaire d’une de ces bastides, la recette n’est pas la motivation première. « On reçoit des gens charmants avec qui on crée des liens. Certains sont même devenus des amis. C’est ce qui me tient à cœur. Mais cela ne me déplaît pas de gagner un petit peu d’argent : une maison comme ça, c’est un véritable gouffre financier ! », confie la jeune retraitée en dévoilant sa propriété. Dans un écrin de verdure, accolée à un phare, la grande maison aux volets bleus surplombe le quartier et offre une large vue sur le port industriel. Un paysage que l’on peut aussi admirer depuis la chambre que loue Michèle. « Ne faites pas trop attention, le dernier hôte vient de partir, je n’ai pas encore fait le ménage », s’excuse-t-elle en arrangeant le lit de la pièce d’un blanc immaculé. Pour cette fille d’un patron de bar, l’hospitalité est une seconde nature. « Je reçois des gens comme si je recevais de la famille, j’ai toujours vécu comme ça depuis que je suis petite », revendique-t-elle.

Un accueil qui a été tout aussi chaleureux pour Daniel et Martine Pattin, qui viennent tout juste de quitter l’appartement de Virginie après un week-end. « C’est une bonne surprise, on est très contents. Nous sommes déjà venus à Marseille il y a cinq ans mais cette fois, on n’a pas eu l’impression d’être des touristes mais plutôt d’être invités », relate Martine. C’est après avoir découvert Hôtel du Nord dans un magazine que le couple de Parisiens a contacté Virginie via le site internet de la coopérative. « L’intérêt de cet hébergement, c’est vraiment d’être inséré dans la ville, de vivre la vie de quartier. Mais il y a aussi les produits locaux, l’histoire et la mémoire du patrimoine, c’est ce qui fait la différence », conclut Daniel.

Une autre image des quartiers nord

Développer l’hospitalité dans les quartiers, c’est aussi pour faire oublier le tableau noir qu’on dresse trop souvent de Marseille, notamment dans les médias: règlements de compte liés au trafic de drogue, vols de bijoux, saleté de la ville, etc. « On s’appuie sur un projet militant. Les quartiers nord ont des histoires passionnantes, mais elles restent sans doute à écrire et à raconter », commente Julie de Muer. Cette sociétaire participe à l’autre activité-phare de la coopérative : les balades patrimoniales, qui révèlent des petits coins de paradis à deux pas des quartiers bétonnés. Pour six euros, on découvre des massifs de calcaire en grimpant à travers la garrigue, des ruines d’une ancienne civilisation celtique ou encore une cascade dépaysante à deux pas seulement des cités. Pour compléter ces parcours, la coopérative, inscrite dans le Guide du Routard 2013, propose également des livres, Les Récits d’hospitalités, une dizaine de produits locaux, dont du savon artisanal, et du miel produit dans les quartiers.

Depuis sa création, Hôtel du Nord, qui reçoit des soutiens financiers de structures publiques, clôture ses bilans à l’équilibre. En deux ans elle a généré une activité économique globale de 42 500 euros, dont 20 000 euros de recettes via les chambres. Le nombre de nuitées a plus que triplé et les balades attirent de plus en plus d’amateurs. Aujourd’hui, son activité est ralentie par un problème de statut juridique. Atout France, l’agence chargée par l’État de gérer le développement touristique, ne prend pas en compte sa nature coopérative et l’oblige à faire un choix : faire appel à une agence de voyage pour continuer à proposer ses offres, ou bien payer la caution pour être enregistrée comme telle.

En tant que coopérative, Hôtel du Nord demande à être reconnue comme agence de voyage solidaire. Une requête que Prosper Wanner a envoyé mi-avril au ministre de l’économie sociale et solidaire, Benoît Hamon. « Si nous obtenons gain de cause, nous pourrions vendre des séjours, des forfaits nuitées plus balade, ou bien nuitées plus ouvrage, sans passer par une agence de voyage », espère-t-il. En attendant de régler ses obstacles juridiques, Hôtel du Nord ne perd pas de vue les millions de touristes attendus cet été pour l’année 2013, pour laquelle Marseille a été désignée capitale européenne de la culture. Une vingtaine de balades et une douzaine de chambres supplémentaires sont en cours d’ouverture.

Aurélie Roperch, Ecole de Journalisme et de communication d’Aix-Marseille

 

[1] Considérant que les sociétés coopératives de production et de consommation ne peuvent améliorer le sort d’un petit nombre de privilégié dans une faible proportion, le Congrés déclare que les société coopératives ne peuvent aucunement être considérées comme des moyens assez puissants pour arriver à l’émancipation du prolétariat.  Les coopératives deviennent des outils de propagande du partie des travailleurs socialistes de France créé à l’issu du congrès

[2] Sur les coopératives : http://hoteldunord.coop/la-cooperative-hotel-du-nord/patrimoine-cooperatif/

[3] Lire l’article « 40 ans après « Lip », le modèle coopératif reste une alternative aux restructurations », Le monde 18 juin 2013 :http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/06/18/cooperatives-et-syndicats-un-mariage-de-raison-pour-lutter-contre-les-restructurations_3432214_3234.html

La Provence : les habitants des cités invitent à arpenter leur « terroir ».

Christiane ET JeanneLa Provence du 19 juillet 2013 consacre un article à la première balade « Terroirs des cités » d’Hôtel du Nord avec Marie au Castellas.

L’occasion de revenir sur la programmation en 2013 des 5 premières balades « Terroirs des Cités » car la terre des grands ensembles a aussi son histoire, souvent passionnante, sédimentée dans la diversité des parcours humains et des actes urbains qui composent la ville. Des habitants qui vivent là vous invitent à écouter et partager des espaces, des paysages, des trajectoires de vie et de langues, des histoires d’exil, en un mot leur patrimoine.» 

Le samedi 27 juillet en fin d’après midi,  Christiane, habitante de la cité de la Visitation propose la seconde balade « Terroirs des cités » consacrée à la Visitation et alentour.

Samedi 13 juillet, participez à la première balade « terroir des cités » avec Marie au Castellas

DSCN3687Samedi 13 juillet la coopérative Hôtel du Nord inaugure une nouvelle forme de balade Terroirs des Cités.

Terroirs des Cités car la terre des grands ensembles a aussi son histoire, souvent passionnante, sédimentée dans la diversité des parcours humains et des actes urbains qui composent la ville. Des habitants qui vivent là vous invitent à écouter et partager des espaces, des paysages, des trajectoires de vie et de langues, des histoires d’exil, en un mot leur patrimoine.

Ces balades s’inscrivent dans la programmation de balades urbaines d’Hôtel du Nord, co produite par Marseille-Provence 2013 avec des échappées à faire depuis le GR2013 au nord de Marseille. Elles contribuent à créer de l’économie au nord : les intervenants sont rémunérés ou choisissent d’abonder le fond coopératif de la coopérative Hôtel du Nord (achat d’ouvrages, soutien à des initiatives solidaires).

Marie, habitante de la cité du Castellas, propose samedi 13 juillet au matin la balade « terroir des cités » consacrée aux bastides alentour du Castellas.

Aprés la balade de Marie au Castellas, viendront la balade deChristiane à la Visitation puis en septembre, la balade de  Jeanne àCampagne Lévêque, la balade de Zohra à Plan d’Aou et la balade deSteeve aux Aygalades pour les journés européennes du patrimoine.