QUELQUES FRAGMENTS DE MIRAMAR – Janvier/Février 2022
[8 janvier- 14h]
Nous sommes le 8 janvier, premier samedi de « travaux collectifs ». On a encore en tête ce moment de rituel collectif que certain.es d’entre nous ont partagé à minuit le 31 décembre: on pensait faire un chant qui rejoindrait le cri des sirènes, mais bizarrement les paquebots ce soir là se sont tus, il n’y avait que nos voix.On ne sait pas trop comment ça va se passer, mais on est un petit groupe à avoir respecté l’horaire pour tenter la « sieste philosophique » proposée par Michel. Il nous lit un fragment de Tobie Nathan, psychologue pionnier de ce qu’on appelle l’ethnopsychiatrie, une manière plus collective et interculturelle de dialoguer avec nos fragilités. Le texte nous propose de réfléchir à la place que nous donnons à nos rêves et à comment nous les partageons.
[8 janvier- 15h15]
Nous sommes quelques unes à avoir plongé directement dans les échanges après la lecture. Nous discutons sur les lectures qui inspirent chacun.e en lien avec notre mobilisation (voir la liste à la fin), la relation à « nature” et la recherche de nouvelles formes d’organisation. Nous sommes rejointes par Souad, et nous constatons comme c’est à la fois rare et précieux de pouvoir s’offrir des temps où l’on peut échanger de manière apaisé sur nos lectures et aussi nos émotions. Le groupe des Baguettes magiques de la Castellane dans lequel Souad est très impliqué en témoigne particulièrement bien. On en revient ainsi aux rêves et au sens que ça peut avoir de parfois les partager.
[8 janvier- en même temps]
Agnès a un nez de sourciere. Elle flaire l’eau debout, couchée, la tête à l’envers, le cerveau à l’endroit.Et ça marche. Entre quête du tuyau et observation du ruisseau, la piste de l’eau peu à peu s’éclaircit.
[8 janvier- peu après]
Juliette et Anne-Marie nous ont rejoint. Juliette enseigne à l’école de l’Estaque Gare, Anne-Marie porte avec elle l’expérience de divers collectifs et elle trouve immédiatement sa place dans cette conversation… Juliette découvrait le lieu et voyait la possibilité de le partager avec ses élèves. Alors que cette école est depuis longtemps très ouverte sur l’extérieur, les deux ans de consignes sanitaires commencent à peser. On se dit que des endroits de grande proximité comme Miramar prennent vraiment tout leur sens dans leurs usages pédagogiques. Marine explique alors son projet d’ateliers en direction des enfants et ses idées pour amener les habitants du quartier à venir découvrir. On commence à imaginer comment faire ça ensemble, comment croiser les contraintes et les désirs, se relier avec aussi les enfants.
[[8 janvier- en même temps]
La bande des chercheurs d’eau s’organise, plusieurs hypothèses subsistent sur sa provenance mais elle est bien là.
[15 janvier- après midi]
Première marche de la Castellane à Miramar, motivée par Souad et Fadila qui veulent montrer le lieu aux autres femmes de la Baguette Magique.On constate à la fois la proximité et le mauvais état de la voirie. On se dit que le cheminement pourrait être un projet commun, à la fois concret et poétique car il pourrait aussi permettre d’inventer des formes de signalétiques atypiques. A suivre…
[21 janvier – 17h]
La coordination planche sur l’organisation de la saison #2. Comment ne pas faire une usine à gaz, laissez place à l’improvisation et aux implications spontanées tout en fabriquant peu à peu une culture collective, des manières de décider en commun, quand c’est bien le lieu comme « commun” qui est en jeu.On cause, on cause, et Mathilde dessine.
[24 janvier – soirée]
Bien qu’il soit déjà réalisé depuis quelques semaines, c’est ce soir que se décident plusieurs d’entre nous à écouter le documentaire de Coline réalisé à partir de la rencontre de bilan du 20 novembre avec aussi les élu.es. Et on le trouve vraiment très bien…!http://www.radiogrenouille.com/actualites-2/sujets/a-lhorizon/
[31 janvier – Soirée]
Il souffle un vent violent. Un container de chez TCSI s’effondre sur le chemin de Bizet, manquant de peu d’écraser une voiture.La vie à Miramar est décidément trépidante…
[4 février – 18h]
La coordo coordonne. On est de plus en plus nombreux, c’est bien. On est maintenant d’accord sur la ré-organisation: des outils d’information et pas que sur internet (vive les panneaux avec des infos stables et d’autres en mouvement), des temps collectifs bien repérés (les premiers samedis du mois, les fêtes de saison, la réunion de coordination), des groupes autonomes (et des initiatives individuelles), et une charte pour faire socle commun pour tout le monde.
[5 février- 14h30]
Premier samedi du mois, ça y est l’habitude est prise pour les travaux collectifs. Les enfants ont deviné notre envie de partager avec eux, Melina, Kais, les deux Ambrine et Kilian nous devancent et lancent par eux.elles mêmes la chasse aux tuiles. L’enquête portera ses fruits, 5 tuileries repérées grâce aux estampilles et 4 quartiers ainsi cartographiés en observant bien les tessons. Grâce à Charlie qui avoue son passé d’archéologue, on passe des tessons à l’archéologie expérimentale avec le projet de redessiner le château disparu. Et en attendant le petit club d’archéologues en herbe dégage une colonne dont on se plait à imaginer qu’elle pourrait témoigner de Jules Cantini…
[5 février- Pendant ce temps]
Les chercheurs d’eau ont repris les pelles et les pioches mais cette fois aussi les tuyaux. A la fin de la journée ils auront trouvé comment remplir une « citerne » par gravitation. Grande joie!
[5 février- Encore à ce moment là]
Le groupe qui planche sur les activités commence à y voir clair : des ateliers de voisinage et en direction des enfants en priorité, la poursuite des enquêtes qui peuvent notamment nourrir les balades, avec une urgence partagée de se constituer une vraie connaissance du Grand Port Maritime, l’envie de l’argile et du four qui peut occasionner d’aller rencontrer les voisins de Foresta et les savoir-faire de la terre qui existent dans nos quartiers. On se lit aussi le texte de Fadila qu’elle vient de finir pour la prochaine Baguette magique.
[12 février- 10h]
On est à la Castellane pour accueillir avec nos amies de 3.2.1 et Monkim les enfants et les parents qui viennent partager un Voyage à Miramar. Sur le chemin on expérimente des signalétiques et on se raconte les histoires du quartier. Nous serons une soixantaine à cheminer jusqu’à Miramar. On chante, on fait des cabanes, on regarde un extrait du spectacle de Chloé et Ana, de nouveau la chasse aux tuiles et les instruments en canne. Quelle belle journée.
[14 février-12h]
Marie propose une séance de chant méditatif à Miramar, pour Miramar, dans le cadre de la « Journée mondiale de guérison par le son ». Ce jour là des milliers de personnes ont créé des sons de guérison sur la planète. Encore une manière de se relier à des échelles bien plus vastes…
Pour écrire la suite ensemble, RDV samedi 5 mars…
Liste de livres qui ont inspiré notre échange du 8 janvier:
– Manières d’être vivant : Enquêtes sur la vie à travers nous, de Baptiste Morizot (2020)
– Nous ne sommes pas seuls : Politique des soulèvements terrestres, de Lena Balaud et Antoine Chopot (2021)
– Par-delà Nature et Culture, de Philippe Descola (2005)
– La Nouvelle Interprétation des rêves et Ethno-roman, de Tobie Nathan (2011 et 2012)
– Erasme : Grandeur et décadence d’une idée, de Stefan Zweig (1935)
– Ce que les peuples racines ont à nous dire : De la santé des hommes et de la santé du monde, de Frederika Van Ingen (2020)
– Adaptation radicale : Effondrement : comprendre, ressentir, agir, de Jem Bendell (2020)
– L’entraide : l’autre loi de la jungle, de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle (2017)
– Une autre fin du monde est possible : Vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre) de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle (2018)
– L’espérance en mouvement : Comment faire face au triste état du monde sans devenir fous, de Joanna Macy et Chris Johnstone (2018)
– Les journaux de la Baguette Magique, par les femmes de la Castellane, 2015/2022