Les Oreilles Grandes Ouvertes !
Un habitant de Saint André, Denis Pelliccio, vient nous raconter plein d’Histoires !
Le 1000-Pattes des enfants a embarqué Denis dans la balade du quartier pour qui nous raconte l’histoire de chaque petit coin où il s’est baladait quand il était enfant…
Nous sommes partis, cette fois-ci, avec les oreilles grandes ouvertes, et Denis nous a laissé imaginer le quartier d’autrefois, rêver des histoires lointaines où les voitures n’existaient presque pas, les animaux étaient très présents, il y avait des arbres et des prairies à perte de vue, des fontaines et des canaux pour se rafraîchir, et les enfants jouaient dans la rue sans danger.
Le voyage commence direct au cœur du château de La Castellane, des grands platanes, une belle terrasse sous les arbres, le ruisseau du Pradel, la vue sur la mer, des oiseaux, la vie calme, la belle vie.
Denis nous a raconté que son grand père était cantonnier et avec sa famille ils habitaient au château de La Castellane, propriété de Gabrielle de Castellane, en 1751, des nobles provençaux depuis le IX siècle. Au XIX siècle, la mairie de Marseille l’achète pour le louer à des familles modestes.
Denis se souvient… « Au château vivaient 6 ou 7 familles, chaque pièce faisait 50m2, c’était magnifique de vivre dans des espaces tellement grands ! Avec mes cousins et cousines, et d’autres enfants du château, on jouait dans la nature, on courait dans les près, tout le monde se connaissait, on était heureux »
Le Mille-Pattes enfants se déplace au grand champ d’en face à La Castellane, en bas de La Bricarde, Denis nous raconte que chaque dimanche avec ses parents ils faisaient la cueillette de la salade et des asperges sauvages, c’était un rituel !
Une des familles, les Bénéteau étaient des maraichers, ils cultivaient de légumes et vendaient à la ferme aussi des poules et des lapins.
La famille Chabouni était les propriétaires de cette belle bastide. Il y avait 220 bastides sur le bassin de Séon, selon le cadastre de cette époque. Elles servaient de résidences secondaires aux bourgeois et aux nobles.
Nous sommes arrivés aux jardins de la Lorette,
Les arbres aussi, nous racontent des histoires des hommes !
Celui-là nous parle de la Kabylie…
Devine, devine quel est mon fruit et tu sauras qui je suis :
Je suis un fruit d’automne.
Je suis un fruit a une chair douce et molle.
Mon intérieur est très doux et sucré.
Sous ma peau, on dégustera des centaines de petites fleurs
Je suis marron ou violette.
Je suis plein de petites graines.
On peut me manger fraiche ou séchée tout l’hiver.
Je suis qui ?
Le figuier est un indice !
La manière dont ses figuiers étaient plantés là, avec un olivier et un petit jardin avec des fèves, on pourrait deviner, même sans connaitre les gens qui cultivent ses jardins-là, que c’est des gens qui vient de Kabylie. Ils sont une manière de faire leur jardin, une manière d’avoir volontairement planté ses arbres qui donne un indice sur leur histoire culturelle.
Denis nous décrit comment était cet endroit avant:
« Il y avait une très grande ferme qu’appartenait à la famille Beraud, elle s’étendait jusqu’à sur le Pradel (Bd. Henri Barnier). On était petits, on attendait la bonne période au mois de juin pour ramasser les poires de la St. Jean. Le propriétaire des champs avait planté des poiriers, des pommiers, des abricotiers, avant ça se passait différemment, on ramassait les poires, on montait voir le fermier et on allait lui payer. On allait aussi, tous les jours chercher le lait, on venait sur la ferme avec des bouteilles en verre, on allait voir le laitier pour avoir le litre de lait pour le matin, il vendait aussi des très bons yaourts, des poules, des lapins, des cochons, quand c’était la bonne période il vendait de la charcuterie ».
La Lorette, au départ, c’était le nom d’un autre endroit, ce nom-là, il va rester parce que ses personnes-là, ont étaient relogés, des gens qui venaient de Kabylie travailler dans les usines, dans les tuileries, et pour se loger, ils construisaient leur maison avec ce qui trouvaient, ils fabriquaient eux-mêmes leurs maisons et par solidarité ils le faisaient avec les gens qui connaissait, leurs familles et les gens du même pays.
Tous les gens de Kabylie qui venaient travailler dans les tuileries ils s’installaient ensemble, ça faisait un quartier, un petit village et comme les maisons étaient construit avec des tuiles, du bois, de la tôle et encore des tuiles, on appelait ça un bidonville.
A l’origine, un bidonville est un petit village construit avec des bidons, et autres matériaux, car il y avait beaucoup d’usines qu’utilisait des bidons, mais ici à St. André c’était des usines des tuiles donc on pourrait dire que « Les tuiles-villes » c’était les bidonvilles de Saint André.
La Lorette était le dernier bidonville de Marseille, qui était situé en bas de la colline, selon Denis, et qui a était rasé lors de la construction du centre commercial du Grand Littoral, avec comme conséquence la relocalisation des familles en 1995 dans ces maisons.
Denis continue « Ma tante avait un métier un peu particulier, elle fabriquait des épingles à linge en bois. C’était des femmes qui n’avaient pas de travail, qui voulaient travailler un peu à la maison, elles étaient payées à la pièce, ça leur permettait d’améliorer les finances de la maison ».
Nous avons montré à Denis le passage secret à notre terrain d’aventures, il nous a effectivement dit, qu’il ne le connaissait pas !
Le grand carnet de voyage continue à s’embellir et à recevoir beaucoup d’information, on note tout ! Et aussi, on cueille et on colle sur le carnet des belles fleurs de printemps.
Bastide de La castellane :
certes la famille de Castellane est une puissante famille provençale – mais elle n’a pas habité cette bastide.
la Propriété a appartenu fin XIXème Claire Autran descendante des marquis de Rians / conseillers au parlement d’aix
Elle l’a léguée à sa petite nièce Claire Falque petite fille de la sœur de son mari jean Baptiste Court Qui travaillaient ensemble à la savonnerie” l’abeille” – bd de la corderie puis déplacée aux Aygalades (chateau Falque).
Claire Falque a épousé Jean de Roux, directeur de la société des transports maritimes, décédé en 1958. Ils l’ont occupé pendant les vacances jusqu’à la guerre de 39/45 –
En 1943 les allemands ont réquisitionné la batisse, Claire Falque et son mari ont récupéré ce qu’ils ont pu de meubles – il n’y avait plus de transports – et en 1945 la bâtisse a été de fait louée par morceaux en logements pour différentes familles – jusqu’en 1953 date à laquelle elle a été expropriée par la ville pour faire – avec le domaine de Forresta contigu – le lotissement de la Castellane.