Le 1000 Pattes à Saint André#2

En novembre, le 1000 Pattes a continué l’exploration de Saint André, du restaurant Les Tonnelles, rue condorcet, à la bibliothèque, en passant par le cimetière et quelques impasses :

Petit jeu introductif en fond d’impasse

3 histoires à repérer dans l’image :

– La mémoire des tuiles et de l’argile, dont l’on fait parfois les toits et parfois les murs.

Cette histoire nous permet de nous rappeler que si les tuiles sont devenues des maisons, les fours des anciennes tuileries sont parfois devenus des refuges pour ceux et celles qui n’en ont pas (de maisons)

– La présence de l’eau dans ses formes de subsistance que permet le puit.

Cette histoire nous permet de nous rappeler que Marseille avant le canal vivait de ses deux fleuves (Caravelle-Aygalades/Huveaune-Jarret) et d’environ 11 000 puits.

– La vie d’une silhouette, qui décide par un beau mercredi de novembre de croire qu’en partant marcher, en observant les détails, en se laissant porter et déporter par les rencontres, du vivant va sortir de l’ombre.

Cette histoire nous permet de nous rappeler tout ce que nos balades ont accueilli et laissé pousser de la vie, dans les failles et les pentes.

 On se dit que nos ombres vont marcher au soleil et à la recherche de ce qui « sonne ».

Le son des lieux,

 le son de ceux qui ont vécu, 

le son de celles qui habitent,

 le son de ce qui pourrait résonner et s’enchanter.

ÉCOUTES

Les Tonnelles sonnent comme un grand banquet. On tend l’oreille et on entend les voix de Jocelyne et de Sandra. 

On ouvre les yeux et on voit les instruments au mur, ceux qui sont là et la trace de ceux qui ne sont plus. On espère découvrir quels chants portent ces murs.

L’école sonne comme une promesse non tenue (le bourdon de la République?) mais aussi comme une battle, quand Hamid nous apprend qu’au judo de son enfance  les enfants « français «  pratiquaient l’entraînement à un horaire différent des enfants maghrébins.

Seules les compétitions les mettaient en corps-accords….

L’oiseau en cage sonne comme un puit qui a perdu son eau.

On aime l’écouter, on aime le regarder, on aimerait entendre la voix de l’eau, le chant du puit, le flux de l’oiseau.

La vitrine sonne comme une rencontre. Bruit d’une porte qu’on ouvre et qu’on ferme, de la caisse enregistreuse de l’enfance, d’un masque mexicain qui chante, d’un alphabet incertain qui rend poète…

Ça faisait si longtemps qu’on avait envie d’appuyer sur cette sonnette!

Le garage sonne comme une chorale italienne clameuse dont peut-être s’inspire Momo quand il repeint les voitures. On comprend qu’il va falloir dire bientôt au revoir à cette mémoire bâtie là et que ça serait beau de le faire en chantant.

Le mur sonne comme les sabots de Bijou. Pataclop pataclop, On regarde la fissure et on entend la charrette. Pataclop pataclop, Bijou ramasse les tinettes.

La dent creuse sonne comme un jardin possible, corridor pour les humains et les non humains

Le cimetière sonne comme une polyphonie méditerranéenne. 

La voix de Berthe Quero s’élève dans un chant qui ressemble à un cri “Femmes de Séon, femmes de Séon, chantez, prenez la place que l’on vous doit ».

“Rien ne meurt, tout est vivant , tu restes avec nous dans la chaine de l’union” chantonne le gecko.

Le voisin de tombe reprend le chant, la guitare gitane saute d’une croix à l’autre.

La rue d’Ensues sonne comme une calebasse. Les poules profitent de la confusion urbaine pour gratter la terre non bitumée.

L’eau murmure pas loin, chacun le sait mais a un peu perdu le chemin…

A suivre…

Le 1000 Pattes à Saint André#1

En octobre, à l’entrée de la saison hivernale (même si en vrai il faisait encore bien doux), le 1000 Pattes s’est lancé dans un nouveau chantier dans le quartier de Saint André, où Christine Breton avait fait, 20 ans en arrière, un gros travail patrimonial avec les habitant.e.s.
Nous avons donc décidé de marcher dans les traces de ses pas, dans ce quartier que de nombreuses personnes (y compris ceux qui y vivent) disent être “mort” ou “mourant”.
Dans ce contexte, qu’est-ce que ça donnerait de chercher à relier les fragments d’histoires, de les tisser avec nos petites (mais nombreuses) pattes ?

Pourrait on trouver un moyen d’insuffler de l’envie dans ce territoire qui ne semble attendre qu’une étincelle pour affirmer toute sa vitalité ?

Comme à chaque début de chantier 1000 Pattes, on a commencé par une séance à la table, dans la cour de Jeanne, qui vit dans sa maison de famille. On a chacun.e partagé ce que nous inspirait Saint-André.
Il en est ressorti à la fois beaucoup et pas grand chose, selon qu’on y ait vécu, comme Amid et Jeanne, ou qu’on y soit seulement passé maintes fois, en voiture qui plus est.
Heureusement Christine, qui connaît bien le sujet, était là pour nous donner des indices.

Pour que ces indices gardent de leur mystère, Julie a proposé de les synthétiser sous forme de “devinettes Carambar”.

Voici ce que Julie entend par là :

– De quoi l’arrêt du bus St André PN nous informe t-il?

– On utilise mon premier pour s’accorder

Mon second vient après le ré

On dit de mon 3ème qu’il représente nos intérêts pulsionnels

Mon 4ème s’entend de loin

Mon 5ème dit bonjour en espagnol

Mon tout pourrait résonner et chanter avec tout le village.

– Chez certains je suis une vieille tradition provençale, chez d’autres je suis une tradition qui s’invente au jour le jour, partout je parle de subsistance et de Méditerranée. Qui suis-je?

– De quel habitat Grand camp est-il le nom?

– Où se trouve l’âne de Saint-André?

– Quel était le nom du bar que tenait la Tante Yaya?

– Quelles sont les deux grandes familles de Saint André qui jouent à saute-mouton?

– Régine Crespin était : 

une institutrice de l’école rouge

une cantatrice marseillaise

une habitante de la Pelouque

la grand mère de Michel Crespin

A vous?

La suite au prochain épisode.