Extrait : Lorsque l’on pense tourisme à Marseille, peu sont ceux qui s’aventurent dans les quartiers nord de la ville. Jusqu’à présent, même l’office de tourisme n’affichait pas cette zone sur sa carte. La municipalité, commerçants et habitants espèrent que son apparition sur le dépliant touristique pourra changer l’image dégradée de ces quartiers.
Marseille. L’une des plus grandes villes de France, représentée de moitié. Jusqu’à présent, la carte touristique de la cité phocéenne ne représentait que le centre-ville, ignorant la partie nord et est de Marseille. Désormais, le nouveau dépliant affiche tous les quartiers, et propose également des recommandations et lieux incontournables dans chaque arrondissement de la ville.
En dix ans , à Marseille, le nombre de touristes a doublé, tout comme le nombre d’arrivées aéroport, de résidences secondaires et d’hôtels affiliés à des groupes (2/3). Le nombre de restaurants étoilés a quadruplé, le nombre de chambres haut de gamme a triplé (4 et 5 étoiles) et les locations meublées ont augmenté de moitié sur la métropole. On observe donc une forte montée en gamme de l’offre marseillaise d’accueil touristique.
La poursuite de cette montée en gamme est pour autant difficilement conciliable avec les Accords de Paris selon l’Ademe qui recommande un tourisme de proximité plus sobre.
Cette politique touristique ne prend pas en compte une grande part des personnes séjournant sur place pour étudier, travailler, se former, comme apprentis, comme futurs médecins, en saisonniers, en résidence artistique, pour une mise à l’abri, en transit pour s’installer, en squat faute de logement, en accompagnant leur proche hospitalisé et bien d’autres.
Ces personnes ont en commun d’être indispensables à l’économie locale, (artisans, entreprises, services publics, …) ainsi qu’au commerce de proximité tout comme d’avoir un impact moindre sur le climat et le cadre de vie (séjours longs, proximité) .
Tous ont en commun le besoin d’être accueillis de manière digne, or tous ne bénéficient pas du même traitement faute d’une stratégie concertée.
D’où la démarche d’une coalition d’organisations de la société civile locale d’appeler à des assises marseillaises de l’hospitalité au moment où la municipalité a récupéré la compétence tourisme et prône un développement soutenable et populaire de ce secteur.
C’est un enjeu d’humanité (un accueil digne) et de transition écologique (un accueil moins carboné et plus local) qui, comme le montre les premières données collectées, est à notre portée.
Présentation publique de cet appel le jeudi 22 février de 18h à 19h30 à l’auditorium du Musée d’Histoire de Marseille (Centre Bourse – entrée libre).
Vous pouvez librement rejoindre cet appel comme collectif, organisations ou professionnels en nous contactant à hospitalite-marseille@proton.me.
Photo : Bruno Gelsomino, 2023. En Provence, le Cyprès serait un signe d’hospitalité pour le voyageur.
Le dimanche 3 décembre, l’hebdo La Croix a publié un article « Voir Marseille autrement » pour promouvoir notre proposition d’hospitalité et de découverte de Marseille par son Nord. L’occasion de remercier les journalistes de La Croix qui chaque année depuis dix ans suivent notre activité et la partage avec leurs lecteurs et lectrices.
L’occasion de partager des réflexions sur les activités des Coopérative Hôtel du Nord et SCIC Les oiseaux de passage autours des communs, des droits culturels, des principes coopératifs et de l’hospitalité.
Présentation : Face aux enjeux environnementaux, il est indispensable de repenser nos modèles économiques afin de dessiner les chemins d’une transition écologique et sociale réussie. Cela ne peut se faire que dans une dynamique collective et démocratique, associant chacun aux réflexions concernant notre avenir à tous. L’approche par les « communs », ces ressources partagées et gérées par des collectifs d’acteurs, est particulièrement utile pour favoriser une meilleure préservation des ressources de la planète, dans une perspective démocratique. Elle croise, sur le terrain, l’action d’un grand nombre d’acteurs de l’économie solidaire œuvrant pour une transformation sociale émancipatrice.
Cet ouvrage fait le récit d’expériences citoyennes riches de sens, de l’association Terre de liens à la coopérative d’habitants Hôtel du Nord, en passant par Railcoop, les expériences italiennes de resocialisation des biens confisqués à la criminalité et les tiers-lieux, espaces de sociabilité susceptibles de renouveler les approches du travail et le rapport à l’autre. Autant d’exemples qui démontrent que les formes de gouvernance démocratique et solidaire des communs méritent d’être largement soutenues si l’on veut pouvoir se projeter dans un futur plus désirable.
Un ouvrage sous la direction de Fanélie CARREY-CONTE de La Cimade et l’économiste philippe eynaud, de La Coop des Communs, écrit avec Justine Ballon, Florian Barès, Elisabetta Bucolo, marius chevallier, Aurelien Denaes, Alexandra Debaisieux de Railcoop Fanny Le Brech et Gaël Louesdon de Terre de Liens.
Un reportage de France 24 sur l’initiative « Hôtel du Nord » qui « promeut le tourisme dans les quartiers nord de Marseille, délaissés en raison de leur image négative liée à la criminalité. Avec ses tarifs abordables et ses hôtes passionnés, la coopérative fait découvrir le patrimoine de ces arrondissements, loin des destinations hypertouristiques habituelles ».
Une coopérative, Hôtel du Nord, gère un réseau de chambres d’hôtes d’habitants dans ces territoires éloignés des circuits touristiques traditionnels. Particulier propose une chambre d’hôtes au coeur d’une bastide marseillaise avec vue sur la Méditerranée, accès à un jardin exotique et une piscine. Le tout pour… 80 euros, petit-déjeuner compris, un hébergement abordable dans une ville où les nuitées touristiques flambent. La raison? Ce logement, situé au coeur des quartiers nord de Marseille, à la réputation sulfureuse, fait partie d’une coopérative, Hôtel du Nord, qui gère un réseau de chambres d’hôtes d’habitants de ces territoires éloignés des circuits touristiques traditionnels.
Une équipe de l’AFP est venue marcher et dialoguer avec les membres de notre coopérative cette été et Ouest France en a fait un article.
Extrait : Dans les quartiers nord de Marseille, un réseau d’une vingtaine de chambres d’hôtes tente de promouvoir une autre vision du tourisme et de combattre les clichés. Les habitants sont placés au cœur du dispositif pour faire découvrir aux visiteurs un patrimoine méconnu.
En 2009, des habitants des quartiers nord de Marseille ont décidé de se lancer dans la création d’une offre d’hospitalité marchande au nord de Marseille avec comme objectif d’être 50 hôtes proposant 50 itinéraires et 50 chambres chez l’habitant en 2013. Un processus coopératif pour raconter Marseille par son nord, générer de l’économie et offrir l’hospitalité aux personnes de passage.
En 2022, nous avons remis en débat ce choix après douze années d’exercice de l’hospitalité et avec celles et ceux qui nous ont rejoint. Début 2023, nous avons décidé de poursuivre cet engagement avec toutes celles et ceux qui voudraient nous rejoindre et qui peut être comme nous, en 2010, ne connaissent rien à ce sujet.
Le premier atelier de l’école des hôtes des membres de la future coopérative d’habitants Hôtel du Nord a eu lieu en juin 2010 et a été la visite « en vrai » d’une chambre d’hôtes. Si nous savions accueillir, personne n’était un professionnel du tourisme. A une dizaine de personnes, nous sommes allés rencontrer la gérante d’une chambre d’hôtes à la Sainte-Baume pour échanger avec elle sur son exercice « professionnel » de l’hospitalité touristique à temps plein.
Elle nous a invité à visiter ses cinq chambres et elle nous a raconté sa journée type : elle commence à 5 h 30 pour se terminer au mieux à 19 h et consiste essentiellement à faire le ménage, les petits déjeuners et à se rendre disponible à certains horaires pour répondre aux demandes de ses clients, sans oublier la partie administrative avec la collecte de la taxe de séjour et la gestion des réservations et facturations.
Cette hospitalité marchande s’est avérée très, voir trop, « professionnelle » pour les personnes présentes et assez éloignée des offres d’hospitalité qui émergeaient dans les quartiers nord de Marseille avec de l’accueil en habitat social, dans les chambres d’amis, dans des cabanons en fond de jardin, des cabines de voilier et des lieux associatifs.
Les offres d’hospitalité à Hôtel du Nord sont chez des habitants qui ne proposent généralement qu’une seule chambre, rarement deux, voir trois maximum. Ces chambres sont situées dans des appartements, des maisonnettes, des fermes, des bateaux ou des bastides.
Nos passagers sont des aidants ou stagiaires de l’hôpital Nord, les proches de nos voisins, des familles en vacances, des salariés de la zone franche, des mises à l’abri, des jeunes en service civique, des artistes en résidence, des randonneurs du GR2013, …
L’accueil est adapté aux situations rencontrées que ce soit en terme de tarification et d’accueil. Les passagers sont parfois surpris qu’un hôte les oriente vers un autre hôte de la coopérative, plus en phase avec sa demande. Nous sommes une communauté d’hospitalité et l’accueil se pense collectivement. Une personne de passage peut être hébergée chez un hôte, partir en balade avec des autres, lire l’ouvrage d’un troisième et manger la production d’une quatrième personne membre de la coopérative.
Depuis l’ouverture pilote en septembre 2010 de cinq premières chambres chez l’habitant pour les journées européennes du patrimoine, une cinquantaine de personnes habitants les quartiers nord de Marseille a ouvert leur habitation sous forme de chambre d’hôtes, de gîte urbain, d’accueil associatif, de résidence artistique ou dans un voilier.
La moitié de ces hôtes a cessé depuis d’accueillir parce qu’ils ont déménagé, ils logent à nouveau des proches, ils ne souhaitent plus accueillir, et plus rarement parce que nous avons été en désaccord sur l’hospitalité. Des personnes n’ont pas pu proposer un accueil marchand chez elles car la Loi sur l’habitat social leur interdit. Après dix années d’engagement à ce sujet, nous n’avons toujours pas réussi à faire aboutir notre proposition d’expérimentation législative à ce sujet.
Début 2023, une vingtaine d’hospitalités chez l’habitant sont proposées, dont cinq nouvelles ouvertes en 2022. Une douzaine de ces hébergements ont été actifs en 2022, c’est à dire qu’ils ont accueillis plus de dix nuitées en 2022. Les autres ont servi à héberger des proches ou été loué sur la longue durée.
La coopérative promeut ses hospitalités via son site internet, sa nouvelle plateforme coopérative nationale Les oiseaux de passage et des partenariats avec le Guide du Routard, l’Hôpital Nord, l’Office du tourisme de Marseille, la plateforme FairBnB, des agences de voyage et les médias.
Ses actions collectives ont permis de générer 23.000 euros de recettes pour les hébergeurs en 2022, soit autours de 2.000 euros par hébergement actif. En 2013, l’action coopérative avait généré 40.000 euros de recettes pour les hôtes et en 2019, 37.000 euros avec une vingtaine d’hébergements actifs.
Des hôtes louent essentiellement via Hôtel du Nord alors que d’autre hôtes accueillent majoritairement via d’autres plateforme de location courte durée ou d’échange de maisons. L’hospitalité reste une activité complémentaire et la plupart des hôtes sont aussi des auteurs, des producteurs locaux, des artistes, des marcheurs, des militants, … qui participent à fabriquer et partager leurs récits et ceux de leurs quartiers.
Au delà de la vente de nuitées, les hôtes ont commercialisé pour 5.000 euros de produits de la coopérative comme le miel du Vallon des Mayans, les savons de la Savonnerie du Midi, les thés de SCOP Ti, les cartes postales de Stéphanie Nava et une quinzaine d’ouvrages, dont deux publiés cette année. Ils ont pu partager avec leurs passagers leurs récits et les inviter à partir en balade ou à participer aux événements comme un dimanche aux Aygalades.
2022 a été aussi l’occasion de coopérer à nouveau avec l’office du tourisme, d’actualiser nos pages sur le guide du Routard Marseille, d’imprimer des plaques pour poser sur nos hébergements et de tester à Marseille notre plateforme coopérative Les oiseaux de passage et celle de notre partenaire FairBnB. Quatre hôtes actifs sur cinq ont vendus des nuitées grâce aux Oiseaux de passage et FairBnB a reversé pour la première fois un don collecté via sa plateforme à la coopérative.
2022 a été aussi la confirmation de la place grandissante de la location touristique courte durée comme AirBnB en centre ville comme dans les quartiers nord, en particulier à l’Estaque. Une activité que la coopérative souhaite mieux documenter. Une première balade patrimoniale a été réalisée en en centre ville sur « ce que le tourisme fait à Marseille et ce que Marseille fait du tourisme« .
Pour l’année 2023, des membres de la coopérative souhaitent être plus actifs sur l’hospitalité pour accueillir d’avantage de passagers, ouvrir de nouveaux lieux d’hospitalité, en particulier autours de l’Hôpital Nord, et participer plus activement aux choix de politique touristique de la ville de Marseille maintenant que la ville a récupéré la compétence tourisme.
Comment faire entrer dans l’histoire officielle de la ville de #Marseille les mémoires et les paroles des habitant.e.s précarisé.e.s et victimes de la violence institutionnelle?
Le droit au patrimoine culturel est inhérent au droit de participer à la vie culturelle, tel que défini dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Toute personne, seule ou en commun, a le droit de bénéficier du patrimoine culturel et de contribuer à son enrichissement. La conservation du patrimoine culturel et son utilisation durable ont comme but le développement humain et la qualité de la vie (Convention de Faro, articles 1 et 4)
Ce vendredi 5 novembre 2021, après l’hommage aux victimes des effondrements du 5 novembre 2018, une déambulation partira de la rue d’Aubagne et se rendra au Musée d’Histoire de Marseille pour l’inauguration du projet PRENDRE PLACE. Cette collaboration entre l’association Noailles Debout! et du Musée d’Histoire de Marseille, accompagnés par Hôtel du Nord, fait entrer dans l’histoire officielle de la ville de Marseille les mémoires et les paroles des habitant.e.s précarisé.e.s et victimes de la violence institutionnelle.
L’invitation à prendre place
Après l’hommage qui se tiendra rue d’Aubagne au matin du vendredi 5 novembre, nous vous invitons à former un cortège qui partira dignement à 10h30 de la Place du 5 novembre jusqu’au Musée d’Histoire, à 700 mètres de marche. Nous porterons le quartier au-dessus de nos têtes, (une grande maquette d’étudiants architectes réparée par des jeunes et enfants du quartier, voir photos dans la discussion).
De 11h à 12h, nous partagerons un verre et l’expression de notre détermination collective à écrire cette histoire ensemble.
PRENDRE PLACE est un projet collectif d’écriture singulière de l’histoire du quartier de Noailles. Il démarre le 5 novembre novembre 2021, trois ans après l’effondrement du 63 et du 65 rue d’Aubagne. Les habitant.es du quartier organisent leurs archives, écrivent leurs mémoires et transforment leur avenir à travers un processus de patrimonialisation réalisé hors et dans les murs du Musée d’Histoire, dans une co-production originale entre habitants, conservateurs, associations, artistes et chercheurs.
LANCEMENT PRENDRE PLACE, ACTE I À PARTIR DU 5 NOVEMBRE 2021
Le 5 novembre 2018, les immeubles 63 et 65 de la rue d’Aubagne dans le quartier de Noailles s’effondrent, emportant des vies et des mémoires. Dans le fracas et le désordre qui suivent cet épisode dramatique et singulier de la vie d’une ville, des habitant.es veillent, s’entraident, se réconfortent. Ils se questionnent et organisent aussi pour « prendre place » dans ce grand vide laissé par les effondrements, en commençant par se rappeler que cet événement brutal s’inscrit dans l’histoire de ce quartier populaire, ancien, hôte d’une diversité culturelle et témoin d’une certaine gestion urbaine.
C’est l’histoire d’une place à prendre dans la ville.
C’est une proposition participative et évolutive basée sur la réparation et la valorisation de la mémoire.
C’est un processus qui vise à inscrire cette place dans l’Histoire collective.
Ce sont des habitant.es qui interpellent le Musée sur la nécessité de faire une place à leur histoire.
Un partenariat de l’association Noailles Debout ! et du Musée d’histoire de Marseille, accompagnés par la coopérative Hôtel du Nord.
Fin 2019 a été marquée par la rencontre avec Mohamed Fariji, l’artiste marocain qui sera notre principal complice, dés janvier 2020, dans le montage de l’exposition Faire semblant, Faire archive au Tiers QG de Manifesta (https://manifesta13.org/tiers-programme/tiers-programme-invisible-archives ). Une exposition qui débute le 21 février et n’arrivera pas tout à fait à son terme, « premier confinement » oblige…
Cela ne nous a pas empêcher de nous plonger, « avant », (comme jamais nous ne l’avions fait!) dans les archives de notre coopérative, de tenter diverses – magnifiques – dérives exploratoires dans l’idée de célébrer un jour, enfin, le bi-centenaire de l’Harmonie de l’Estaque, de nous relier plus que jamais aux associations de nos quartiers et cités pour aider les uns et les autres comme nous le pouvions durant les périodes de confinement, d’imaginer de joyeuses balades de « déconfinement » en compagnie de nos voisins , et de multiplier amitiés et partenariats (avec, par exemple, La Déviation, ou encore Thalassanté) gambadant de la crête des collines (celle de la Nerthe en particulier) vers la mer, suivant Le sens de la pente en leur compagnie, chaque fois que nous en avions l’autorisation!…
En attendant notre programmations de balades 2021 (oui, oui!), nous vous avons concocté, comme les deux années précédentes, une balade … « de vœux pluriels et vivants, un petit récit en images pour partager l’année écoulée »…
Conception et photos Dominique Poulain, archives Hôtel du Nord