Mardi 20 février 2024
Nous voulions changer un peu de format pour cette nouvelle exploration et avions proposé un déjeuner à 12h dans la nouvelle auberge de jeunesse, le QG, chez Charlotte à La Cabucelle. Elle nous a reçus dans son jardin car le temps très ensoleillé s’y prêtait à merveille. Nous avons eu droit, cependant, à une belle visite du lieu. Nous n’étions pas très nombreux.ses : Charlotte bien sûr, Marc, Marion, Samanta, Agnès (qui vous raconte) et …Paco que nous avons amené de chez lui. Marc nous a régalé•es de petites choses trouvées à St Louis, se souvenir de l’adresse !
C’était une bonne entrée en matière. Puis en voiture, nous sommes allé•es retrouver Arlette, Melvil et Fadila qui nous attendaient au musée de la réparation navale au Cap Pinède.
Ouh la la, quelle erreur, nous nous sommes d’emblée fait reprendre ” il ne s’agit pas d’un musée, mais d’une exposition permanente” nous dit un grand Monsieur jovial en nous tendant sa carte de visite.
- -Quoi, comment Monsieur Terrin, lui-même ?
-Eh oui, c’est mon arrière grand père qui a créé la société TERRIN, devenue SPAT (Société Provençale des Ateliers Terrin).
Nous sommes également attendu•es par ceux qui vont être nos guides, avec leurs airs de vrais marins.
Où l’on reconnaît Yves Juvin, un complice à Miramar.
Où l’on voit aussi un jeune garçon en formation de menuisier dans la marine. Ce qui nous donne l’opportunité de présenter Paco, notre nouvel ami de 90 ans. Car c’est aussi en partie grâce à la rencontre de ce menuisier sur les bateaux que nous nous retrouvons ici.
La rencontre pourrait se passer dehors, tant nous avons de choses à nous dire, l’atmosphère est à la bonne humeur.
Finalement, nous entrons, et là nos guides se transforment. Subitement, ils redeviennent ces travailleurs de force qu’ils ont été jusqu’en 1978, date à laquelle la SPAT a fermé ses portes, laissant près de 6000 ouvriers sur le carreau (lire récit #3).
Une quarantaine de ces hommes (nous sommes complètement immergé•es dans le masculin) décide de ne pas laisser péricliter leur outil de travail et fonde cette exposition sous l’égide de François Vidal, prêtre ouvrier de la Fraternité de St Louis. Dans notre déambulation, nous passerons devant une sorte d’autel qui lui est dédié, en tant que fondateur.
En gros, nous arpenterons 3 salles plus ou moins bien délimitées où les thèmes déclinés sont aussi variés que les emplois, depuis le calfatage des temps anciens jusqu’à la fabrique des hélices les plus grandes du monde. A force de maquettes, de photos, d’explications nous finirons par visualiser la jumboïsation des ferrys, l’arrivée d’un navire dans une forme de radoub, les luttes ouvrières qui ont parsemé les parcours.
Yves Juvin nous installe au poste de conduite d’une grue, nous fait faire les gestes du grutier, raconte les accidents qu’il a eu à subir…
Et puis le clou : ils décident de faire fonctionner le moteur d’une grue unique en son genre, celle qui a permis de récupérer des caissons de pierres énormes, au port de la Lave, afin de construire la digue du large. Celle-là, ils ne la mettent pas en marche pour tout le monde, seulement s’ils sentent qu’il y a un intérêt de la part du public.
Nous, il y a longtemps que nous sommes écrasé•es par les hauteurs, les milliers de tonnes transbordés, les tailles des bâtiments. Tout se décrit par des chiffres astronomiques.
Mais subitement, voir ces rouages en fonctionnement où la bielle mesure 3 fois mon avant-bras (j’exagère, mais pas tant que ça), cela nous fait pousser des oh et des ah de bonheur, de surprise. “Encore, encore !!” Et hop, c’est reparti pour un nouveau tour de vilebrequin bien graissé.
Vous aurez compris que nous avons vécu un moment assez particulier et que nos guides aussi. Fait de joie mais également du souci de la bonne transmission, de la bonne compréhension. Même si, au moment des hélices, nous avons presque toutes un peu perdu pied. Marc et Paco avaient l’air d’être encore en état d’absorption.
Nous nous sommes quitté•es après moult mercis, aux revoirs et photos de groupe promises prises par un des leurs.
La question est d’ores et déjà posée : qu’adviendra t’il de ce lieu après eux ?