Guillaume Cromer est l’un des experts venus rencontrer l’Hôtel du Nord le 18 août dans le cadre des Trophées du tourisme responsable. Suite à cette rencontre, il a publié cet article sur son site SPE Tourisme.
En l’an 2000, l’agence de coopération suisse Helvetas lançait au coeur de l’Asie Centrale, au Kirghizstan, un projet de tourisme dit communautaire pour valoriser l’ensemble des patrimoines du territoire kirghiz au profit de la reconstruction économique du pays.
Le concept nommé « CBT – Community-Based Tourism » en anglais s’explique par le fait que ce type de projet touristique se base sur les habitants ou la communauté locale. Cette dernière gère et
coordonne l’ensemble du projet touristique. Au Kirghizstan, aux quatre coins du pays, des habitants se sont regroupés au sein d’organisations locales pour offrir à des visiteurs nationaux et internationaux des prestations touristiques. Ainsi, les bergers, les femmes au foyer, les agriculteurs, les artisans, les jeunes, etc. proposaient des prestations d’hébergement (chez l’habitant ou sous la yourte), du guidage en montagne (à pied ou à cheval), de la restauration, de l’artisanat local sous forme d’objets souvenirs ou encore des prestations culturelles. Ainsi, en se basant sur l’ensemble des patrimoines locaux (culture équestre, gastronomie locale, paysages montagneux et steppes, artisanat, monuments historiques, histoire des anciens et des bergers, etc.) et en les valorisant autour de prestations touristiques, ces habitants ont pu améliorer l’image d’un pays de l’ex Union Soviétique tout en améliorant leur condition de vie de tous les jours et en créant des emplois pour les jeunes des villages.
[showtime]
Onze ans plus tard, le projet est une grande réussite. Il devient impossible pour un voyageur de prendre une prestation non-estampillée « CBT ». L’ensemble des guides touristiques a mis en avant l’offre CBT dans leurs publications. Au Kirghizstan, plus de 20 villages ont créés leur antenne locale CBT. L’association nationale KCBTA (Kyrgyz Community Based Tourism Association) basée dans la capitale Bishkek coordonne les antennes locales, organise des circuits à la carte pour des tours opérateurs internationaux et se déplace sur les grands salons du tourisme en Europe et en Asie.
Enfin, le projet a fait des petits dans les pays voisins, au Kazakhstan, au Tadjikistan et en Ouzbékistan en se basant sur les patrimoines et identités de chaque territoire. Récemment uneassociation du
tourisme communautaire en Asie Centrale, regroupant l’ensemble de ces entités s’est même créée.
Le 1er janvier 2011, plus proche de chez nous, à Marseille, une société coopérative « Hôtel du Nord » s’est créée pour offrir aux voyageurs de l’hébergement chez l’habitant, des balades participatives dans les quartiers Nord de la cité phocéenne et de la vente de produits locaux (savon de Marseille, fromage de chèvre affinée localement, livres et publications présentant le patrimoine local, etc.) issus exclusivement des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille.
Se basant sur les patrimoines (naturel, culturel, bâti, historique, humain) de ces quartiers, les sociétaires et amis de la coopérative ont décidé de redorer l’image des quartiers Nord de la ville faisant ainsi, sans le savoir, un véritable tourisme communautaire à la française. Le voyageur peut ainsi rencontrer les habitants de ces quartiers, de comprendre leurs combats, leurs difficultés, leurs joies et leurs peurs et de suivre leurs projets qui visent à préserver leur cadre de vie, à améliorer la vie de l’ensemble des habitants, à donner des envies aux jeunes ou encore, tout simplement, à partager de bons moments de convivialité autour d’une Bouillabaisse ou d’un Pastis.
Le voyageur aura ainsi la change de rencontrer Michèle, Thérèse, Christine, Maxou ou Rose, de passer une nuit dans le quartier de la Mourepiane, de l’Estaque cher à Cézanne ou encore dans la cité de la Visitation, de découvrir la Savonnerie traditionnelle du Midi, de rencontrer Dominique l’origine d’un projet exceptionnel de jardins partagées dans la cité sensible des Aygalades, renouant ainsi les liens sociaux entre les habitants et développant l’entreprenariat et la citoyenneté dans les cités des quartiers Nord.
De nombreux projets exceptionnels sont ainsi suivis, appuyés et soutenus par la Coopérative qui offre ainsi un nouveau regard sur les quartiers Nord de Marseille aux voyageurs français mais aussi
aux Marseillais eux-mêmes découvrant ou redécouvrant un quartier attachant aux clichés bien trop attachés….
Ainsi, comme au Kirghizstan, les habitants des 15ème et 16ème ont retrouvé une manière de valoriser leurs exceptionnels patrimoines au service d’un développement économique locale des habitants ainsi que pour une ouverture positive de ces quartiers à l’oeil extérieur. Un magnifique projet citoyen, nominé en 2011 aux Trophées Voyages-sncf.com du Tourisme Responsable dans la catégorie Tourisme Urbain.
La grande plasticité du statut coopératif lui permet depuis plus d’un siècle d’être une réponse innovante et concrète à des enjeux de société : consommation, artisanat, agriculture, pèche, secteur bancaire, production et dernièrement l’intérêt collectif. Ceci a été particulièrement vrai quand les législateurs croisaient le mouvement coopératif au Musée Social.
La question posée dans cet article est celle de la capacité de la coopérative à répondre au défit lancé par le Conseil de l’Europe aux États membres de reconnaitre le droit au patrimoine culturel.
Le droit au patrimoine culturel.
Le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté est reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le Conseil de l’Europe l’a précisé pour le patrimoine culturel en proposant de reconnaitre à chaque personne, seule ou en commun, le droit de bénéficier du patrimoine culturel et de contribuer à son enrichissement. C’est à dire à titre d’exemple le droit de désigner de ce qui fait patrimoine pour soi, de prendre part aux choix de sa mise en valeur ou de donner son avis sur l’usage qui en est fait, seul ou en commun.
La définition du patrimoine prise en compte par le Conseil de l’Europe va au delà des patrimoines inscrits ou classés que nous connaissons en France. Elle inclut tous les aspects de notre environnement résultant de l’interaction dans le temps entre les personnes et les lieux. Ce patrimoine n’est ni statique, ni immuable. Au contraire, notre action humaine le définit et redéfinit en permanence. Cette approche ne sépare pas le patrimoine de l’humain, elle les lie.
C’est une révolution copernicienne qui est proposée aux États que de penser non plus à l’objetà protéger − le patrimoine − mais ausujet bénéficiaire, à savoir toute personne seule ou en commun. Le Conseil de l’Europe est convaincu du besoin d’impliquer chacun dans le processus continu de définition et de gestion du patrimoine culturel.
Il s’agit d’initier un processus de démocratisation de la fabrique patrimoniale. Cette approche fait échos auprès de toutes celles et ceux qui voient leur environnement patrimonial transformé, exploité, confisqué ou abandonné.
Dix États ont accepté de progresser ensemble sur la reconnaissance de ce droit au patrimoine culturel. Dés cette année 2011, ils débuteront leurs travaux en partant des objectifs, des domaines d’action et des grandes directions de progrès tracés par le Conseil de l’Europe dans sa Convention cadre sur la valeur du patrimoine culturel pour la société dite Convention de Faro.
Le choix de la coopérative Hôtel du Nord.
A Marseille, future capitale européenne de la culture, des citoyens réunis au sein d’une coopérative, Hôtel du Nord, ont décidé de se donner les moyens d’appliquer les principes énoncés par cette Convention de Faro.
L’objet social de leur coopérative est de valoriser le patrimoine présent dans les 15ième et 16ième arrondissements de Marseille pour le conserver « en vie » et améliorer la vie de ceux qui y vivent et travaillent. Les habitants du 15ième et 16ième arrondissement de Marseille impliqués dans le patrimoine y sont statutairement majoritaires.
Pour poursuivre son objet social, la coopérative développe des activités d’édition, d’éducation populaire via une École des hôtes et promeut l’hospitalité : chambres d’hôtes, accompagnateurs, commerces, entreprises, séjours, créations artistiques. Son but est de développer de l’activité économique.
Cette coopérative s’appuie sur un réseau diffus d’habitants, de fonctionnaires, d’associations, d’artistes et de chefs d’entreprises qui depuis 15 ans fabriquent le patrimoine. La Mairie des 15ième et 16ième arrondissements (8ième secteur) et l’association Marseille-Provence 2013 sont à leurs côtés.
L’objet de cet article est d’expliquer les raisons qui ont poussé à choisir le statut coopératif pour créer de l’économie solidaire à partir de cette richesse patrimoniale.
Les principes coopératifs, historiquement vivants dans les quartiers concernés par un siècle et demi d’histoire ouvrière, ont servi de base à la réflexion pour savoir s’ils étaient adaptables aujourd’hui pour une application des principes de la Convention de Faro par les citoyens. Seule la pratique et l’invention de formes encore inconnues pourront nous le dire.
Un membre, une voix.
L’une des revendications des habitants est d’être associé à la gouvernance des patrimoines de leurs quartiers, en pleine période de reconversion industrielle. D’où leur attachement à ce que soit reconnu que toute personne, seule ou en commun, a le droit de bénéficier du patrimoine culturel et de contribuer à son enrichissement.
Ce droit trouve son expression dans les principes coopératifs : l’adhésion volontaire et ouverte à tous ou le principe dit de la «porte ouverte » et le pouvoir démocratique exercé par les membres en vertu de la règle « un membre, une voix ». Ces principes permettent de poser le cadre d’une gouvernance démocratique d’un processus patrimonial : les coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à l’établissement des politiques et à la prise de décisions.
Un patrimoine commun.
Une seconde revendication est que les choix de valorisation économique de ces patrimoines s’inscrivent dans une économie solidaire.
Le principe coopératif de participation économique des membres fonde une solidarité entre les membres de la coopérative et avec les générations futures. Chaque sociétaire d’une coopérative est solidaire des autres et du patrimoine commun.
Tout au long de leur existence les coopératives constituent une réserve financière impartageable. C’est une propriété collective etinter générationnelle qui contribue à la pérennité de la coopérative. Si la coopérative est dissoute, la réserve est attribuée à une autre coopérative ou à des œuvres d’intérêt général. Ce principe a une certaine similitude avec la notion de bien inaliénable qui caractérise le patrimoine inscrit et classé.
Une économie solidaire.
La coopérative est une société qui, bien que no-profit, doit développer de l’activité économique pour assurer son autonomie et son existence. Ce qui oblige et engage à générer de l’économie sur les 15ième et 16ième arrondissements de Marseille qui en ont fortement besoin.
Dans une coopérative, le capital peut être rémunéré par un intérêt limité, comparable à celui d’un prêt. Elle est permise dans la mesure où elle ne fragile pas le bien commun. La coopérative permet de veiller à ce que les politiques économiques respectent l’intégrité du patrimoine culturel sans compromettre ses valeurs intrinsèques.
Une communauté patrimoniale.
Une des autres qualités de la coopérative est d’être une forme possible de communauté patrimoniale, c’est à dire de réunir unensemble de personnes qui attachent de la valeur à des aspects spécifiques du patrimoine culturel qu’elles souhaitent, dans le cadre de l’action publique, maintenir et transmettre aux générations futures. La coopérative se positionne entre la sphère publique et celle privée. Elle peut conclure des accords avec d’autres organisations privées ou publiques si ces accords préservent le pouvoir démocratique des membres et maintiennent son indépendance.
Pour renforcer cette indépendance, les coopératives ont attaché dans leur histoire une grande importance à fournir à leurs sociétairesl’éducation, la formation et l’information requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative, même si cela est moins d’actualité aujourd’hui. Cette préoccupation rejoint celle du Conseil de l’Europe que de favoriser un environnement économique et social propice à la participation aux activités relatives au patrimoine culturel.
Un but commun.
Enfin, La Convention de Faro engage les États à ce que la conservation du patrimoine culturel et son utilisation durable ont comme but le développement humain et la qualité de la vie. En 1995 l’Alliance coopérative international a rappelé clairement l’engagement des coopératives envers la communauté et leur contribution au développement durable.
Vers une coopérative culturelle européenne.
Bien qu’il n’existe pas à ce jour juridiquement de coopérative patrimoniale comme il existe des statuts coopératifs spécifiques pour de nombreuses activités humaines, cette proximité a confirmé le choix du statut coopératif comme forme d’application possible des principes énoncés par la Convention de Faro.
Pour conclure et mettre en perspective ce processus, la coopérative Hôtel du Nord n’est pas un « modèle type » de coopérative patrimoniale car elle est d’abord l’expression d’une communauté avec ses particularités, ses fragilités et ses richesses.
A terme, la coopérative vise le statut de coopérative patrimoniale européenne qui donnera un statut européen au patrimoine constitué dans son contenu (ses réserves impartageables) et dans son identité.
Il s’agit de s’inscrire dans un processus historique : depuis quelques décennies ces deux créations européennes, le Bien Inaliénableconstitué par le patrimoine et la Réserve Impartageable constituée par les coopératives, font croître le bien commun dans l’intérêt des générations futures.
Prosper Wanner, gérant coopérative Hôtel du Nord.
Janvier 2011.
Texte de l’intervention à la Journée d’étude du jeudi 25 novembre 2010 « Évolution des contextes patrimoniaux et des représentations du patrimoine » organisée par l’Association Générale des Conservateurs des Collections Publiques de France, section PACA (AGCCPF)
La passeggiata patrimoniale veneziana, rivolta ai cittadini che vorranno iscriversi gratuitamente, vuole essere un’occasione per conoscere la storia della prima zona industriale di Marghera. Si inizierà dal suo fondatore, Giuseppe Volpi, per raggiungere la Fincantieri e da qui proseguire a piedi lungo via delle Industrie, passare alla Sirma e Vetrocoke, raggiungendo la banchina da dove osservare il deposito Sali e Tabacchi e, ritornando per la stessa strada, concludersi al VEGA. La passeggiata sarà arricchita dal racconto di testimoni che in quei luoghi hanno lavorato.
Sarà anche l’occasione per un confronto tra ieri e oggi ora che in questa zona sono in corso cambiamenti e riconversioni radicali che rischiano di cancellare la memoria visiva di quella che è stata la zona più antica dell’area e del porto industriale di Marghera.
Data : 25 settembre 2010. Promosso da: Associazione 40xVenezia, Impact srl, Iveser Istituto Veneziano per la Storia della Resistenza e della società contemporanea, Trekking Italia con il prezioso aiuto di Sergio Barizza, storico.
La balade patrimoniale vénitienne, dédiée aux citoyens qui voudront s’y inscrire gratuitement, se veut l’occasion de connaître l’histoire de la première zone industrielle de Marghera. Elle commencera par son fondateur, Giuseppe Volpi, pour ensuite rejoindre le Fincantieri et continuer à pieds le long de la voie des Industries, passer la Sirma et Vetrocoke, et rejoindre le quai d’où s’observe le dépôt Sels et Tabacs et, en revenant par le même chemin, se conclure au VEGA. La balade sera enrichie par le récit de témoins qui ont travaillé dans ces lieux.
Ce sera l’occasion d’une comparaison entre hier et aujourd’hui, maintenant que cette zone connait des changements et des reconversions radicales qui risquent d’effacer la mémoire visuelle de la plus ancienne zone industrielle du port de Marghera.
Date : 25 septembre 2010. Réalisée par : Association 40xVenezia, Impact srl, Iveser Istituto Veneziano per la Storia della Resistenza e della società contemporanea, Trekking Italia avec l’aide précieuse de Sergio Barizza, historien.
Comme chaque année pour les journées européennes du patrimoine, les 40*Venezia proposent eux aussi une série de balades patrimoniales sur le modèle marseillais.
Hôtel du Nord met en ligne sur proposition des éditions Communes la traduction en anglais par Gillian Xeridat du premier Récit d’hospitalitéLe ravin de la Viste, écrit par Christine Breton et Hervé Paraponaris et publié en décembre 2010.
The ravine de la Viste
More of a chasm than a place: a noise issuing from the depths of a bottomless pit that has no shape, like the beating of a heart that has run amok. The mindless, unrelenting rhythm of the motorway never ceases its endless friction on the rocky skin from which only something strange can spring forth. All notions of subtlety, traditions and continuity disappear. The steep cliffs erode into shelters of silence and desire, sheltering the centuries, withholding the past of this place.
— But the bone remains —
The giant of the ravine
The scale is impossible. It’s a monster. Only a huge being could gain access to the enormous cavity that serves as its shelter. It is dug out of the cliff, a sheer drop in the fresh darkness of the deep gorge on the borderline between fantasy and reality. Who is this giant that guards the pass, leaning on the edge of the plateau of La Viste, his feet in the stream called the Aygalades? The Cyclops seems to be waiting for Ulysses. Who is this being who left so little in his tracks that nobody could even confirm that he existed until one of his teeth was found on the site in the 19th century.
— The giant’s bone —
An investigation that lasted 1 500 years
To understand the amazing discovery in the gorge we must turn back the clock and go off to Tunisia. In 424, bishop Augustin published a book called the City of God. In this book he related how a huge “tooth” was found at Utica near Tunis: the tooth was attributed to a “giant” in keeping with the story in the Bible. The same idea was recycled in Europe between the 5th and 17th centuries. Any huge tooth that was found was compared to the Utica findings and was considered as proof that there were giants living on earth before man. Augustin and the Bible wrote the stories. The proof fitted nicely with the stories. But in 1639 Thomas d’Arcos, the Provence born renegade from La Ciotat, found another of these « giant’s » teeth in the area of Utica. Thomas d’Arcos was a free spirit, a man of great curiosity, a cross between a curio collector and an antique dealer. He lived in Tunis as a free Muslim after having been a slave, captured in 1628 by the pirates. He had doubts and did not classify this giant tooth with quite as much certainty as the Bible. He sent his find to Peiresc, a learned man in Aix-en-Provence. Peiresc decided to send the tooth round to a network of his knowledgeable friends in Europe instead of putting it into a show-case of collector’s curios labelled « giant’s tooth ». As a result the experts analysed it and their opinion was that it was in fact an elephant’s tooth ….
This came as a thunderbolt, uncovering 1200 years of repeated western errors. But Peiresc kept quiet about his discovery because about the same time Galileo was thrown into prison in Rome by the Catholic Church because he had dared to demonstrate that the earth was round, revolving around the sun. The “giant” hypothesis therefore lasted another century; no point in going against the Bible and Saint-Augustin at the same time!
Just try and imagine the emotion experienced by the person beside the cave in this gorge at the beginning of the 19th century who found the huge fossilized tooth. … was this a molar tooth belonging to the supposed giant? A giant that was going to have to return to the book of imaginary beings written by Jorge Luis Borges. A François Rabelais style giant who could perhaps have been the fifth of Sir Thomas Browne’s « fabulous animals ». Just imagine the person who found the tooth holding it in his hand; at that very moment the time between fiction and science stood still.
— Fossilised knowledge —
The Aygalades – Florence Lypsky, architect
This time the wise men of Provence were sure that it was a fossilised elephant’s tooth. They therefore sought to identify it and imagined it to be an Elephas Meridionalis like the one discovered some years previously on the same site. By comparing it with the different sub-species published in 1859 by Lartet, they recognised an Elephas Antiquus described by the paleoanthropologist Hugh Falconer in 1847. This was an Elephas that lived in the tuffs in the cliffs. The body stopped rotting because of the carbon released by the lime in the freshwater that ran off the Etoile hills which engulfed it. All this happened at the beginning of the quaternary era, between the Pliocene and the Pleistocene. Elephas Antiquus lived in Europe between 1 million years (1 Ma) and 100 000 years before our era in a temperate climate. The Elephas Meridionalis preceded it and founded the mammoth family.
The fossilised tooth was found in the tuffs over 150 years ago when Gaston de Saporta was busy studying the flora and Félix Timon David collecting fossils that he found on the plateau de la Viste, where he lived. Which of the two discovered the tooth? It still in existence today because it was given to the geologist and palaeontologist Philippe Matheron in the form of a moulding and he put it into his private collection. He swapped items of his collection with his friend G. de Saporta in the tradition started up by Peiresc and the Provence network and they also went out walking together.
Walking and meeting huge animals
From the 9th to the 17th October 1864, the French Geological Society held a meeting in Marseilles. Don’t think that its members intended to stay indoors seated in a lecture hall! These ladies and gentlemen went out every day on field trips on foot towards Fuveau, Cassis, Martigues, along the twenty-four wells of the Nerthe tunnel, across the brambles and the tuffs of the ravine de La Viste or climbed the hillsides equipped with hats, sticks, shoes and hammers. During this extraordinary itinerant meeting – seven days ! – they walked with P. Matheron along the railway tunnel that the engineer Talabot had built sixteen years previously. Matheron had followed with interest the works to pierce the tunnel that ran under the La Nerthe hillside, from the foothills of the Estaque to those of Gignac, recording and dating all the geological strata. He also made daily drawings of all the fossils he saw during the four years the work lasted and drew up the longest known paleontological cross-section, covering 4638 meters. The members of the Society were able to inspect this 25-metre long document that has unfortunately disappeared since.
In his papers on the hills, Matheron mentions « the bone of an enormous saurian», the Rhabdodon priscus, and fossilised dinosaur eggs. He was thus the founding father of our modern “dinosaur-mania”! His impressive work on the Gignac foothills revealed with maestro the greatest scale of time ever recorded in Provence, ranging from the inferior Cretaceous to the Celts of the Oppidum de la Cloche just above. In the red clay of the foothills of the Estaque, he brought to light fossils such as the jaw-bone of the Rhinoceros Minutus. They continued until they reached the Roquefavour site … How I would have loved to walk with this great discoverer!
The Society also followed G. de Saporta’s discoveries and thus we find ourselves in the Ravine de La Viste, on the site where he found Elephas Antiquus. The annual newsletter edited by the Society gives us a written account of his walks. The second series, spanning the years 1844 to 1872, offers us the following report in volume 21, page 495:
– Session of 15th October 1864. Mr. de Saporta gave at talk on some observations he made on the quaternary travertine area that crowns the heights of la Viste. “The (fossilised) vegetation, that is not lot older than ours, sheltered the great pachyderms of the quaternary era and was perhaps even offered asylum to the primitive human beings whose traces were found in the diluvium on the edges of the Somme.
This therefore confirms the hypotheses that these tuffs are related to the first establishment of human beings and their tools, defended today by the prehistorian Eugène Bonifay. It also situates the presence of Man much farther back in time and a little later the text confirms yet another assumption.
– In the cave-riddled tuffs in the Aygalades area, amongst a rich mixture of dicotyledonous leaves, not far from the place where the Society had stopped searching, several teeth of Elephas Antiquus were found lying beside each other – probably the remains of the burial of a complete animal -. The presence of Mr. de Saporta on this site just after the discovery enabled him to check the excavation and obtain, although with some difficulty, one of the teeth, which was moulded and examined by Messrs. Lartet and Falconer, who both recognised l’Elephas Antiquus without any hesitation.
So this means that G. de Saporta was the person who made the moulding and one can well imagine him giving it to P. Matheron, who made it the masterpiece of his collection. But why was the mysterious owner so reluctant? For those who are familiar with the bottom of the ravine, it is obvious that the Society stopped searching at the waterfall close to where the cemetery is today. In that area the tuffs are riddled with caves. At that period two owners shared the site – Mr. de Castellane and Mr. de Forbin Janson, both of whom collected curiosities.
The little piece of Elephas Antiquus that was moulded and displayed to the public – thereby founding the reputation of the site – is probably now in the reserves of the Museum. Thanks to the kind cooperation of Anne Medard-Blondel, who is the director of the museum today, the reserves were searched to find the mould to take a photograph.
— The plaster mould of the bone —
An elephant meets with a motorway
In 1940, when the northern motorway out of Marseilles was built, the earth-moving machines cut into the cliffs when they crossed the ravine. E. Bonifay, accompanied by the prehistorians Max Escalon and Henry de Lumley went out to collect samples in an area that was dug out on the side where the «Gendarmerie » is today. All the paleontological and archaeological material they found is today inaccessible. It is perhaps in the drawers at the MMSH (Mediterranean Museum of Human Sciences) in Aix-en-Provence. I went off to search for it, rather as if I were a sort of archaeologist digging into the depths of our knowledgeable societies. If nothing comes of our enquiries, the mould of the molar tooth of Elephas Antiquus will teach us nothing, because the environment in which it was found has disappeared and a plaster moulding cannot be chemically analysed. To sum it all up in a nutshell, that wonderful find will have become sterile in terms of down-to-earth data; just another nice object in a curio collection. What a terrible loss in terms of scientific knowledge!
At this point in the enquiry nothing has really been proven « for posterity », although Elephas Antiquus does exist in out erudite tradition. There are reams of papers on library shelves, confirming or contradicting the existence of the elephant. A sort of strange fatality seems to interfere with the transmission of prehistoric knowledge in situ in Marseilles. All the material from the digs carried out in the cave in the ravine seems to have disappeared, as it has for those in Riaux near the Estaque. The Cosquer cave was closed after a dreadful accident in the corridor leading to it. This just goes to show how inaccessible knowledge can become … I can only see two ways of explaining this unfortunate situation.
• The first hypothesis is that Elephas was invented. It may be a popular tradition perpetrating the erudite tradition that started in Tunis 1500 years ago – the tradition of the « giants » related in all the tourist guide books and scientific works devoted to the ravine. In that case the fossilized tooth will become part of a poetic tradition involving fabulous animals and our mistaken imagination, which is also in a way a vector of the past.
• The second is that tuffs preserve the microcomponents of the water table which may have been the vector that brought the tooth that was caught up in a concretion from elsewhere before it became fossilized there.
— Mistaken traditions —
What do the geologists say?
I asked Nadine Gomez, a geologist, who is also a connoisseur in modern art and the curator of the Digne museum, what she thought about the tuffs since she lived near the site as a child. Dialogue:
cb. – Your family is from Saint-Louis. Are you familiar with the tuffs? Did this site participate in your vocation to become a geologist?
ng. – My parents lived in Saint-Louis when I was born, but I only stayed there for a few months. My interest in geology comes from the walks I did in the region of Digne where I spent all my holidays with my Grandmother and my sister at the beginning of the sixties. I came to study the tuffs in the Marseilles basin when I did my DEA (diploma of advanced studies). They cover a geographical area of over 10 km2 between Aubagne and Cap Janet, and are part of a major geological feature, La Viste. They are made up of travertine, that is to say sedimentary rocks that were deposited by soft water. I’ve always loved the toponymic connection between Aygalades (Aigues means water in Occitan) and the fact that the whole of this region was geologically built up by river sedimentation.
cb. – How did you study them ?
ng. – We had to take samples at the foot of the high-rise blocks of the social housing development at La Viste, to research for flora in the sediment. Thanks to the fossilized remains of plants in the tuffs we have a fairly clear idea of what the vegetation in the ravine was in the quaternary era, with pubescent oaks, maples, limes, firs, willows and also plants that are more suited to a hot climate such as ficus, laurels and even palm trees (Chamœrops humilis); the latter are species that are more compatible with the discovery of an elephant tooth near the Chateau de La Viste
cb. – Do you think that the animal really existed? Or is it one of the Giant myths, like the one studied by Peiresc?
To find out, she advised me to go to the Geology section of the palaeontology museum at the university and read G. de Saporta on the quaternary tuffs of the Aygalades and la Viste (Bull. Soc. geol. Fr., 2nd series, T. 21, pages 495-499, l864). Thanks to the geologists Elephas Antiquus reappears in its environment of flora and fauna and human represented by a few chips of prehistoric tools, dating back to the confines of prehistory, in the geological findings in the different layers of palaeontology explored. On the wall of the museum, that I was not familiar with, there was the skull of an elephant that made me think of the Cyclops and in drawer n° 853, Loïc Villier, the head of the museum, showed me some of the exhibits from a private collection of fossils that belonged to Timon-David. They came from the ravine and the La Viste plateau. In the quaternary tuffs of the Romani countryside in the Pleistocene era fossilized plants appeared in the stony gangue: oak, alder, nut and willow leaves and fossilized snails. All this formed the organic environment of Elephas Antiquus. We were now on the comforting pathway to understanding our biological heritage: something that lived on earth 100 000 before us…
— At last some objects in their environment! —
Did any humans live with the elephant of the Aygalades ?
Let us explore another pathway. What do the standard scientific tools tell us? The archaeological map of Gaulle contributes another, more optimistic note in its volume on Marseilles: The prehistoric sites in the region of Marseilles were thoroughly searched with great enthusiasm at an early stage. » But, what about this molar that was found precisely there? Neither M. Escalon, nor E. Bonifay, or the prehistorian Jean Courtin, who quoted it in the extract from the archaeological map mentioning the tooth and the elephant ever said exactly where it was found, nor where it is now. To read the writings of these modern scientists all you need to do is to consult the on-line catalogue of the libraries of Marseilles or enter their names into the data base. But their articles do not yield anything further, we need to meet the scientists or take a look in the drawers that contain their curios.
The authors of the map recognise that « nothing much has been added to the data and no critical work was carried out on Marseilles during the Palaeolithic and Mesolithic eras. […] The documentation from the older digs, unfortunately not carried out as strictly as would have been desirable, is now unfortunately scattered, inaccessible and in some cases lost. The studies are mainly focused on the materials found and only superficially touch on the actual purpose of the digs » I thereby understand that this lost data reflects the state of our knowledge. Keep that in mind, because on site this assumption can be checked out for each stratum and forms a sort of continuum.
If human tools were found, as E. Bonifay states, then we would have and exceptional site for the foundation of a human settlement. In addition to the tuffs of La Viste that geologists from all over the world come and visit, the ravine shelters another wonder: « remains from the inferior Palaeolithic era, which are exceptional in France ….. a few chips were reported by E. Bonifay in 1972 in the travertine (tuffs) in the area of the Aygalades », says the geological map. It is time to wonder why these left-overs from the remains collected in 1940 suddenly turn up thirty years later …. Back to square one of our hunt for the impossible, because the habitat of Elephas Antiquus remains invisible, even on the archaeological map, which quotes references that disappear into thin air immediately afterwards. These few words in passing referring to tools made by human hand would be wonderful if it were possible to check the reference, because this would prove that Man lived at the same time as Elephas Antiquus. Only E. Bonifay, could move our knowledge forwards, if he found the materials or proceeded with the digs requested for the past three years by the local people.
— The bone of the city —
Other discoveries made in La Viste
Last week two original cards were found; they were written by Matheron in his own handwriting. They describe: « Elephas antiquus Falconer, 2.a » in the upper right corner; « is not in Gervais » on the left; « tuffs in Saint-Louis » on the right; « tuffs in La Viste » on the left. In the centre: the reference of his drawing in the Geological Society’s review dated 1859. On the other card: « Elephas meridionalis Nesti, 1.a, Gervais 69, Pliocene, La Viste, old alluvion » in the upper left hand corner, taken from his own article. Once again, more paper but nothing on the object itself! However, we are moving forward because it says that the tuff in La Viste is from Saint-Louis. We are therefore with certainty talking about the valley side and not the opposite slope where the clay quarry is. On the other slope the Elephas named Meridionalis, a far older species, is dated as being from the Pliocene era. I went back to the municipal library to consult the catalogue of Matheron’s palaeontology collection for the Pliocene listed in 1898. The first piece quoted in the chapter on remarkable finds is our Elephas Antiquus. At last, we have the card version of the object: « Elephas Antiquus, Falconer and Cautley 1847, Pleistocene tuffs from the Aygalades, plaster mould of a molar tooth. » In the inventory on the following line there is another description: « Elephas Meridionalis, Nesti, Pliocene, plaster mould of a molar tooth, tuffs from the château de La Viste. » With two time-points I can make history… These two finds, made over 150 years ago, have over time maintained the confusion between two elephants although the time that separated them can be counted in millions of years!
The oldest is the one found near the château de La Viste. Alas, according to Bonifay, the château in question was not the one located just above the cave, but one that was farther on in the clay quarry between Saint-Louis and Saint-André. It was the former château des Tours, belonging to Foresta and it disappeared as the quarry was excavated in the nineteen-fifties of our era. The molar tooth fossil can thus be dated back to the Pliocene as the rhinoceros jaw found on the same spot was; that is to say 5 to 2 million years previously as the palaeontologists say. This would be the last part of the Tertiary era, say the geologists, or the very beginning of the inferior Palaeolithic, say the prehistorians. We haven’t even got to a historical era yet and already three different time scales are fighting for the continuity of the site! The very same moment in time with three different names, enough to make you lose all sense of simplicity and continuity! And if Bonifay was mistaken about the chateau? The lack of accuracy in everything connected to these finds means that at this point in the investigation we cannot reject the assumption that Elephas Meridionalis may have been alive at the same time as the younger of the two species: Elephas Antiquus, which would thus link its habitat to the Pleistocene era, somewhere between 600 000 and 100 000 before ours, that is to say in the quaternary and inferior Palaeolithic eras. Thus it may well have lived alongside human beings with their tools, the chips of limestone found before the Second World War and…. don’t forget ….. we are still searching ….
— Tools made of stone and bone —
Categories of knowledge and disappearance of knowledge
On the borderline between the three categories of knowledge we have just reviewed stands the ravine. We know that the waters are no longer just those that flow from the existing springs and streams but include those that formed the rocks before Man appeared. Did the human beings who invented and used the word « Aygalades » to say who they were and where they were from know that these rocks were made from fossilised water that had deposited sediment over a period of time? When they are formed, rocks write there own history and a geologist knows exactly how to read it with a microscope. It is also water that has hewn out the landscape here and continues to shape it. The Giant’s cave and its environment close by illustrate a temperate period before the following glaciation. Thus, when Joseph Repelin, the geologist gave a lecture to the Geographic Society of Marseilles in 1902 on a woolly mammoth’s tooth he discovered – an Elephas Primigenius – younger than our animal, he used the following landmark to portray the era before the mammoths: “the temperature was warm in Provence during the quaternary era, which was the time of Elephas Antiquus when the tuffs were deposited in the Aygalades.»
The backdrop of this landscape was born symbolically too during this period. In the bottom of the ravine runs a stream, a miniature soft-water memory. The vertical walls of the gorge were fashioned out of the limestone layers by a more powerful river. It slowly eroded the harder limestone layers, and then when it came into contact with the softer tuffs it hollowed out all the caves and shelters we can still see today in the cliffs. Some have disappeared under the rubble from the motorway or the factories built in the valley. Above, the La Viste plateau is also full of subterranean cavities hollowed out in the tuffs. This is a little piece of landscape that witnesses to the passing of time ….
A hypothesis is starting to take shape and the fossil sites will once again be brought back into the continuum by the religious function of the people who live there…
— the bone of religion…
Christine Breton, historian and heritage curator
Text by Hervé Paraponaris: « Josette Leukaemia »
I am the son of Yvette and Max. Like a lot of other immigrant children my first name is very French. This is something I have in common with both my brothers, Claude and Alain. I have never heard any other language than French spoken at home. My roots are far away, despite the fact that I grew up with my maternal grandparents Marie and Céléstin. Marie was Sardinian, from Sassari and Célestin was Italian, although actually he was from Naples. They arrived in France at the beginning of the 20th century, separately; both were children of communists fleeing from Italy.
Marie arrived with her family, ten people in all, father, mother, brothers and sisters. As a child she had very little education, so she learnt French looking after her bothers and sisters. She was very good at mental arithmetic. They were all lodged together at Les Aygalades, in the chateau. They were « domestic staff», which was neither a job nor even a status, it was just a means of survival – doing all the household tasks and cleaning to be sure that they had a place to live in the meantime. It was only a lot later, once she was no longer a teenager that Marie was able to think about her emancipation.
She met Celestin, a handsome young plumber and roofer from Naples who had emigrated from Italy like her. When they were married they moved into a home in Gasparini, in the Accates, just to the north of the village of Aygalades. Before the birth of their two daughters Celestin started up his own business 11 de la rue René d’Anjou. At that address he had his workshop and a little place to live in. My grandfather was an incredible character, working 24 hours a day. My grandmother helped him. She was small and could easily slip into the wells and septic tanks to empty out the sludge. They saved up some money to buy a house and set up a real home of their own at last. They finally did so in 1930, first at 45 rue René d’Anjou where they bought a tiny two-room flat, then little by little, room after room, over the years they bought the whole of that magnificent two-floor house in the village complete with a courtyard and a little terrace. My mother and her sister were born there.
My mother met my father, Max at a ball, the “hermitage ball”, which was the Mecca of dancing at the time – the famous ball of the Aygalades. My father and his family lived at Les Crottes, not far away, before they moved to the Aygalades. Another form of immigration, another port of call. They were married at number 45. They lived at number 45, sharing the house with my grandparents, they had their three boys their, sharing some wonderful happy moments and also some dreadful misfortunes.
Rue René d’Anjou was seething with people when my father died. All the people from the shipyard came along and queued up to embrace my mother and assure her that they would never forget him, telling her how much he had counted for them. I was eight and I didn’t want any of that. My mother broke into sobs at each accolade and I pushed them away with my little arms to stop the torture as quickly as possible.
This is how I have come to understand the fact that my mother has Alzheimer’s. How can one possibly have memories from the past after so many “thermonuclear” shock-waves? How can you remember things when they have so many nightmares attached?
I don’t know of any memory, even a very selective one that could shield itself from so much sadness and lost happiness. She had to face the worst thing that could happen to her at the age of forty; she lost her sun and guiding light. She faced the future without flinching, wearing widow’s weeds with resignation. She raised her three boys who became educated adults and like her mother had done in her time, she fought to keep the house, her heritage. It was a place of many wonderful moments and also of dramatic events. She never left it until she died. She stuck to it like a fruit on a tree, never taking heed of the birds of prey who would probably have liked their little taste of honey. It was rather as if she was married again, for life.
Yesterday she looked tired. She didn’t feel well. She felt dizzy and sick. Until recently she was just “losing her wits” as they say. Now I really feel that she is losing her legendary strength and this may herald the beginning of the end.
She is the only parent I have left. I shall be an orphan once she is gone. The difficult task of looking after the house will be mine. Once I thought I would turn it into a hotel or more exactly into a community centre to shelter widows like my mother. Women, spouses of the industry of Marseilles – those who suffer in silence, their ears tuned in to RMC awaiting the next news bulletin announcing the explosion of a tanker flying a flag of convenience. Learning that your husband is dead via a radio broadcast, or almost, is something that could make you hate the world at large. But that didn’t happen. As the daughter of immigrants she thought with a certain amount of fatality that she was here as a guest. It seemed so obvious.
This morning I found her sitting in front of a portrait of her sister Josette, who was not quite twenty when she died of leukaemia. When I turned around I saw a second identical photo of Josette. I was troubled by this and asked her why she had brought out two photos and her answer was that she found her expression sad on the first but much happier on the second.
What could I say? I asked her if I could take one away to draw it, which I did, to deal with these discrepancies in perception that she now has more and more frequently.
Hervé Paraponaris, artist
Texts
hospitalitY STORIES n°1
Editions Commune
N° ISBN 978-2-9534899-2-7
Christine Breton, historian and heritage curator/Hervé Paraponaris, artist
Traduction : Gillian Xeridat
Number of copies printed: 500 copies
Printed in December 2010 with the support of CCI – 9 avenue Paul Héroult, on their printing press ZI La Delorme, F-13015 Marseille
Legal registration December 2010
The Hotel du Nord is in an area that has remained « nameless », as if it were a blank spot on the map, belonging to a town that has no founding history, with no gate to enter and no centre to stop and wander round – only a hospital. It is the hotel of a town that counts 100 000 inhabitants, in the middle of a wasteland, tacked on to Marseilles, the port-city that supported the industrial fabric of a former colonial republic called France – part of the post-war reconstruction and the “trente glorieuses”. It is a city with a slant, made up of a series of lively, working class neighbourhoods located in the northern part of Marseilles and it surrounding villages. In all these villages, over the ages the inhabitants have developed their own special way of working and living together, their own way of remembering history and telling stories from the past as a form of verbal hospitality; the Hotel du Nord is an expression of this. As a scattered network of guest houses, it tells the story of those who drop in to stay and their hosts. The name also includes a publishing programme and this book is one of its chapters. Each of the books left in the rooms, seeks to tell its reader more about the hospitality offered by the place the guest found it in. If living somewhere is telling a story, the foundation stories are as many tools that enable us to understand our life in society; nothing that you create can possibly last if you do not go back to the history of the community it belongs to.
KEY
page 6
Drawing of objects from his collection, that have now disappeared, ordered by Nicolas Fabri de Peiresc. In Gaston Godard, The fossil proboscideans of Utica (Tunisia), a key to the ‘giant’ controversy, from Saint Augustine (424) to Peiresc (1632), Geological Society, London, 2009, v. 310, pages 67-76.
* Letter of 25 April 1630, Osman d’Arcos to Aycard de Toulon on the discovery and letter of 15 March 1631, Arcos to Peiresc, dispatch and acknowledgement of receipt, in Les correspondants de Peiresc, T. 15, P. Tamizey de Larroque, Algiers, Jourdan, 1889. And on Osman d’Arcos, censure and Inquisition at the beginning of the17e century Janet Tolbert, Ambiguity of the conversion, Journal of Early Modern History, 2009, v. 13, n°1, pages 1-24.
page 10
Previous page and above, Marseilles Museum of Natural History, Palais Longchamp.
P. Matheron (1807-1899) belonged to the network of scientists that Napolean IIIrd encouraged in Marseilles at the beginning of the colonial period. The collection is mainly made up of items from Provence including 40 000 samples and over 2 000 new species registered; since it was purchased in 1902 it has been part of the inventory of the Museum of Natural History of Marseilles.
Page 18
At the Museum of Palaeontology, Faculty of Science, Marseilles.
Page 42
Marseille Lacustre. At the Museum of Paleontology, Faculty of Science, Marseilles.
Page 46
G. de Saporta and P. Matheron published a large format book together in 1861 in Zurich: Notes on the tertiary areas of the south-east of France, containing a stratigraphicdescription covering the oldest to the most modern times enabling us to date the discovery at the Aygalades as 1860 : « Above the clays of the Marseilles basin we found an uninterrupted succession of lacustrian deposits withholding successively Equus Antiquus, Elephas Meridionalis and higher still, in the tuffs at La Viste, another elephant, Elephas Antiquus. »
Hôtel du Nord et l’association Éclats de Lune se sont rencontrés début juillet 2011 pour se connaitre et étudier la faisabilité d’une visite d’une délégation maghrébine dans les quartiers nord de Marseille pour les Journées européennes du patrimoine mi septembre 2011.
Les associations franco-marocaines Graines de Soleil et Éclats de Lune sont les organisatrices du festival Awaln’Art qui se déroule sur les places publiques de Marrakech et de quatre villages de la province d’Al Haouz. Au menu, parades et déambulations, acrobatie, cirque et cabaret de rue, poètes, agitateurs et amuseurs publics, masques et marionnettes, …
Hôtel du Nord tisse ainsi des liens avec ceux et celles qui autour de la Méditerranée développent des offres d’hospitalité ou font la promotion du droit au patrimoine culturel.
Les vénitiens venus déjà en 2009 et l’équipe de Kosice 2013 sont aussi invités à venir participer à cette rencontre euro méditerranéenne autour d’Hôtel du Nord.
Euromed Conseil, en charge des partenariats avec le sud de la méditerranée pour Hôtel du Nord, coordonne la préparation de cette formation action.
Il y a mille façon de marcher. Mais qu’elle soit pèlerine, conquérante, fuyarde, nomade c’est une marche cyclique et saisonnière, la marche dessine un territoire, et constitue un puissant moyen de voyager, par-delà son rythme apparemment modeste. Entre loisir, art, philosophie et spiritualité, et à l’occasion de la création du GR2013 à Marseille, premier sentier métropolitain de randonnée pédestre, quelques pistes entre ville et nature.
Trois élèves du Lycée Marco Polo de Venise (Sofia Adami, Mariachiara Ardolino, Giorgia Serpani) ont réalisé durant quelques mois un travail qui s’inspire des premières balades patrimoniales sur la reconversion industrielle de la Giudecca.
Elles ont organisé le 22 mai 2010 une balade patrimoniale à la Giudecca à la découverte de quelques lieux historiques de l’ile et de leur usage actuel vu comme ressource patrimoniale pour la ville.
Cette balade est aujourd’hui en ligne avec des extraits vidéos, des ressources en ligne (liens internets, articles de presse, interviews pour approfondir), une carte du parcours, une présentation du travail réalisé et des partenaires mobilisés. Voir la présentation.
Cette initiative vénitienne « on line » pourrait servir d’exemple pour les balades patrimoniales marseillaises dont elle s’est inspirée.
Voici un extrait de l’interview de Roberto De Rossi qui gère l’un des quatre derniers ateliers de fabrique de gondoles. Son atelier se trouve aujourd’hui sur l’ile de la Giudecca, dans le Consorzio Cantieristica Minore di Venezia.
Le dernier séminaire international sur la Convention de Faro s’est terminé hier 14 septembre 2010 à Yasnaya Polyana. En septembre 2009, la mairie de secteur du 15 16 a signé son adhésion aux principes de cette convention sur la valeur du patrimoine culturel pour la société. Principes qui sont ceux repris par Hôtel du Nord (lire l’article sur Alterità).
Le Séminaire, organisé par le Ministère de la Culture de la Russie et le Musée de Yasnaya Polyana a associé des universitaires et des experts de haut niveau qui ont discuté de la contribution du patrimoine culturel au progrès de la société mise en lumière par la Convention de Faro.
Cristina Gregorin, co rédactrice de l’article sur Venise dans l’ouvrage « Le Patrimoine et au-delà » a présenté la façon dont les vénitiens s’approprient cette convention et le lien avec l’expérience marseillaise.
Lire le programme : link.
Le 16, 17 et 18 septembre 2010, dans le cadre du Festival delle Artisur les iles de la Giudecca et Sacca Fisola, aura lieu pour la troisième année la balade patrimoniale « Après les fabriques. Balade patrimoniale dans les lieux de la reconversion industrielle de la Giudecca ».
Inspiré de l’experience marseillaise et organisée par le Gruppo di gestione Sala del Camino – ex-convento Ss. Cosma e Damiano, la balade aura lieu le samedi 18 septembre au matin.
Une semaine plus tard, dans le cadre des journées européennes du patrimoine en Italie, le groupe Droit au patrimoine culturel des 40xVenezia, présent en 2009 à Marseille, propose 3 balades patrimoniales : « Musica a Venezia: Luoghi e storie », « Il libro a Venezia: creatività ed impresa » et « Sulle tracce di Manuzio: punto e a capo ».
Ce rapport a été validé par l’Assemblée Plénière du 5 février 2009 du Conseil départementale de concertation des Bouches-du-Rhône.Télécharger le rapport.
Introduction :
Ce rapport entre dans le mouvement de réflexion collective lancé par le cdc en 2007 pour comprendre et faire comprendre les principes du développement durable et leurs applications aux territoires du département.
Ce rapport apporte l’éclairage patrimonial, il résulte de nombreux aller-retours entre les pratiques citoyennes déjà existantes dans le département et le cadre de droit nouvellement ouvert par la convention de Faro de 2005: » Convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel et naturel pour la société. » que vous pouvez consulter en annexe 1.
Ce rapport propose de considérer les patrimoines naturels et culturels des territoires du département des Bouches-du-Rhônes comme une ressource vivante et citoyenne fondatrice de tout processus de développement durable.
Ce rapport ne fait pas l’impasse sur les enjeux théoriques, parfois complexes et pourtant au coeur des engagements des communautés patrimoniales face aux enjeux économiques, sociaux et touristiques:
« Le discours du tourisme culturel affirme avec constance que les touristes s’intéressent toujours plus au patrimoine, aux destinations « authentiques » et aux activités culturelles multiples. Cette affirmation, émise en langue commerciale, accompagne et justifie la mise en œuvre de nombreux projets touristiques présentés comme les futurs « moteurs de développement local ». Le problème est que la lecture des chiffres de fréquentation et l’observation des lieux culturels et territoires non « prestigieux », soit l’immense majorité de l’offre touristique, s’oppose totalement à cet optimisme institutionnel et politique. Le discours du tourisme culturel ne paraît pas rationnel par rapport aux critères marchands et aux fins financières qu’il revendique ».
« Ce qui est recherché par les politiques touristiques – et sans doute par les touristes, n’est alors pas une altérité, une différence, mais ce qui permet de se représenter soi-même, par identification ou différenciation. Les conséquences en sont que le tourisme culturel n’est pas une modalité d’échange et de découverte de l’autre tels que le postulent ses promoteurs, mais plutôt un déficit de pensée de l’altérité et un impensé de l’échange ».
(« L’identité au miroir du tourisme » Thèse de doctorat sociologie, Saskia Cousin, 2003).
1 – Les patrimoines naturels et culturels des territoires du département des Bouches-du-Rhône seront autant de ressources pour le développement durable qu’il y aura de communautés patrimoniales pour les fonder et les faire vivre.
*Evolution de la notion de patrimoine : le mot patrimoine est utilisé dans ce rapport au sens français. Nous héritons d’un ensemble de formes visuelles et écrites publiques qui fondent le pouvoir et cristallise le corps social. Il ne faut pas oublier qu’Aix en fut le foyer et le berceau. De nombreux collectionneurs privés, tous issus de la sphère du parlement de Provence dont Peiresc, dés la fin du 16ème siècle, ont contribué à fonder et les premières collections publiques et la royauté de droit divin qui s’inventait. L’un d’entre eux, P.A. Rascas de Bagarris, collectionneur aixois, de noblesse de robe, fut choisi par Henri IV pour être le fondateur et intendant de ses collections d’antiques et de son cabinet des médailles, vers 1598. Il insiste sur l’avantage d’établir des trésors publics et rappelle qu’un prince est obligé de conserver les monuments de la gloire de ses prédécesseurs. Il a écrit un livre toujours d’actualité : « de la nécessité de l’usage des médailles dans les monnaies ». Quelle image tenez-vous dans votre main chaque jour lorsque vous faites votre marché? C’est le premier conservateur public. Encore aujourd’hui, cette continuité publique construite nous fonde dans l’invisible. Après le religieux et le droit divin, l’Etat Républicain a continué d’occuper cette place dans notre imaginaire collectif , constituant ainsi une communauté patrimoniale non dite.
P. LEGENDRE qui a créé l’anthropologie dogmatique démonte ce processus et montre « ce que l’Occident ne voit pas de l’Occident ». Titre chez Mille et une nuits 2004.
* Le service public a la charge du trésor public dans cette tradition française, mais la nouvelle réalité de l’Etat nous oblige à refonder les principes des politiques locales et européennes. Voilà l’enjeu en cours. Le patrimoine est un principe actif dont nous avons encore collectivement la responsabilité.
ATTENTION donc les patrimoines ne sont pas des ressources comme les autres. Nous proposons dans ce rapport les bases d’une gestion alternative qui pourrait donner lieu à des avis pour l’assemblée des élus.
* L’enjeu du développement durable comme gestion alternative et citoyenne des territoires et des patrimoines :
Dans un rapport précédent du Conseil Départemental de Concertation, en 2006, nous avions préconisé l’approche intégrée du patrimoine pour faire du Département un pilote dans l’application des principes élaborés par le Conseil de l’Europe et actualisés dans la convention de Faro que nous rappelons en annexe. Nous avons un outil actif pour fonder des territoires locaux spécifiques intégrés dans la dimension européenne et le processus de sa construction. Encore faut-il savoir s’en servir !! Ces principes sont trop loin des traditions françaises et la continuité en est rompue. Il faut donc les traduire en durabilité. Nous avons plusieurs atouts locaux pour ce faire .
A – Les atouts locaux
Rapide état des lieux en 2008 :
Au niveau général :
– La sensibilisation croissante de l’opinion publique au développement durable se traduit timidement en actes, que nous soyons interpellés en tant que citoyen, professionnel ou simple consommateur.
– Ce changement de comportement, si souvent mis en avant comme fondamental, représente pour chacun une (r)évolution culturelle. Il ne s’agit pas seulement d’avoir les bons outils, un certain nombre de recettes existent déjà, mais de vouloir s’en saisir. Notre rapport avec notre environnement, qu’il soit humain, naturel ou technique, passe par la culture. Tout comme le lien entre générations, fondement du développement durable.
– Les patrimoines culturels, peu pris en compte aujourd’hui dans les politiques de développement durable, sont en passe d’en être le principe actif. Nous les considérons alors non seulement comme un bien commun à conserver pour les générations futures, mais aussi comme l’un des seuls capable aujourd’hui d’accompagner un changement culturel de cette nature.
– Les patrimoines ont une double qualité culturelle et économique qui en ferait un catalyseur de processus collectif, ressort indispensable au développement durable. Il peut être ce « plus petit dénominateur commun » entre des secteurs, des disciplines et des logiques qui se côtoient difficilement. Un bien commun partagé au travers des usages ou valorisations différenciés : économiques, symboliques, écologiques, historiques, sociaux, etc.
– Cette nouvelle ambition pour les élus comme pour les conservateurs du patrimoine est perçue d’abord comme une prise de risque. Et c’est une réelle prise de risque que de passer d’une prise si bien identifiée les politiques publiques du patrimoine à cette nouvelle prise où tout semble «à construire». Mais quels sont les risques à ne pas prendre ce risque ? Le patrimoine n’est pas une marchandise. Aujourd’hui, des conditions semblent réunies pour accompagner une prise de risque.
Au niveau départemental :
Une étude précise sur l’état des patrimoines du département vient d’être livrée par l’Agence Régionale du Patrimoine ; son texte est accessible en annexe 2.
B – La plus value symbolique base d’une gestion partagée
Dans un autre rapport du CDC, présenté en novembre 2006 : « Le patrimoine Départemental : bien commun et échanges économiques », le CDC préconisait déjà des applications immédiates dans ce sens. Il fut édité et diffusé dans le milieu des professionnels du patrimoine par leur association : l’AGCCPF. Le livre est disponible en bibliothèque librairies et au CDC sous le titre « Valorisation partagée du patrimoine ».
Rapide état des lieux en 2008 :
Au niveau général :
Les patrimoines culturels et naturels sont déjà à l’oeuvre dans les nouveaux processus de création de valeur. Ils deviennent des plus values concurrentielles déterminantes pour se démarquer dans une économie de plus en plus mondialisée et virtuelle.
Le patrimoine est aussi devenu un levier économique du désendettement de l’Etat. La toute nouvelle Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat l’APIE et la récente valorisation exceptionnelle de la marque « Louvre » sont là pour en témoigner.
Cette valorisation accrue, certes risquée, est aussi l’opportunité pour le monde de la culture de prendre langue avec le monde économique, souvent perçu comme antagoniste. Les collectivités locales, les TPE, les PME, les associations, bref ce qui fait l’économie locale, a tout autant besoin du patrimoine pour s’ancrer localement et retrouver une marge de manœuvre économique, propice au développement durable. (Rôle de plus petit dénominateur commun).
Des indicateurs d’encadrement des politiques publiques se structurent au niveau national aussi : l’Etat, dans le cadre de la modernisation des services publics, a construit une batterie de plus d’un millier d’indicateurs de performance. Ils concernent l’ensemble des politiques publiques culture, santé, économie, etc et sont appréhendés du point de vue du citoyen, de l’usager et du contribuable. Les collectivités s’en inspirent de plus en plus au niveau local. Autant de repères pour suivre la prise de risque, comparer sa performante, en tirer des bilans et savoir si elle reste compatible avec les politiques nationales, voire européennes. Cette possibilité est offerte par la loi organique relative aux lois de finances de 2001, la LOLF. (Voir nos annexes).
Une législation qui lie de plus en plus clairement le patrimoine culturel et son environnement, traduisant de fait le passage d’une approche essentiellement culturelle des sites patrimoniaux à une approche prenant en compte l’environnement du site et sa gestion décentralisée.
Au niveau départemental :
La société civile apporte son appui au processus de ratification de la convention de Faro du conseil de l’Europe, tant au niveau professionnel par l’association AGCCPF PACA que plus général par le CDC 13 (rapport 2006).
Des indicateurs d’encadrement des politiques publiques se structurent au niveau local via les travaux de l’agence régionale du patrimoine : Monsieur PARODI, Président du C.D.C. va y apporter sa contribution fin juin dans le n°5 des cahiers de l’Agence.
179 942 ha sont sous juridiction patrimoniale au niveau départemental : 40 sites inscrits (104 680 ha), 68 sites classés (26.200 ha), leurs abords (48 120 ha) et 12 ZPPAUP (942 ha) – Source SDAP.
5 conventions de transfert de monuments appartenant à l’État vers des communes en application de l’article 97 de la loi du 13 août 2004 ont été signées, soit 10% du national (41) – source Sénat octobre 2008.
10 années d’expérimentation d’application sur le terrain des recommandations du Conseil de l’Europe dans le cadre de la mission européen de patrimoine intégrée ont permis de faire émerger 5 communautés patrimoniales actives et de structurer une méthodologie qui fait déjà école au niveau européen (voire annexe 40xVenezia).
C – Le droit au patrimoine une mise à jour des ressorts invisibles dogmatiques.
Rapide état des lieux en 2008 :
au plan général :
L’absence ou la faiblesse des référentiels existants concernant la coopération des conservateurs avec le privé fragilise la construction de conventions propres à réguler les rapports de forces, voire les éventuels conflits d’intérêts entre public et privé.
Le droit au patrimoine culturel émerge au niveau européen. Il permet d’envisager plus sereinement un cadre de régulation adapté à la coopération des conservateurs avec le privé : associations, entreprises, particuliers, etc. En proposant de faire passer chacun du statut de « bénéficiaire » du patrimoine à celui « d’ayant droit », elle propose un nouveau cadre de régulation.
Les partenaires privés sont reconnus comme des associés, non plus seulement d’éventuels clients, fournisseurs ou bienfaiteurs. Le patrimoine est public et reste public.
Le statut coopératif devient de plus en plus un cadre de coopération public privé. Dans un rapport précédent du Conseil Départemental de Concertation, en 2006, nous avions préconisé au Département de poursuivre son soutien au mouvement coopératif et en particulier au développement des coopérations public-privé notamment au sein des SCIC. Depuis, notre région occupe la première place pour le nombre de Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Les SCIC associent des acteurs multiples autour d’un même projet qui privilégie son aboutissement plutôt que la recherche de profits à court terme. Les secteurs d’activités des SCIC sont les services à la personne, l’environnement, la culture, le développement local (source notre région n°199).
Au plan départemental :
Les institutions patrimoniales et leurs élus commencent à être sensibilisés aux principes de durabilité intégrant les communautés patrimoniales. La nécessaire révolution méthodologique est en cours pour partager l’ancien monopole public et en faire un service public d’accompagnement scientifique. L’Association des Conservateurs des collections publiques de France propose sur son site à la rubrique « question d’actualité » des exemples concrets en cours: www.ateliermuseal.net.
La pratique des logiciels libres déjà largement utilisés dans les réseaux citoyens du département favorise cette nouvelle valeur partagée. Voir en annexe 3 le texte de J.C.Becquet sur les principes du libre.
2 – Premières conclusions pour une proposition d’avis
La difficulté est d’avancer sur l’ensemble de ces trois fronts de façon collaborative : gestion partagée public/privée, cadre de suivi (indicateurs), (ré)actualisation du droit commun. L’un ne peut pas se passer de l’autre. La coopération sans objectifs clairs se limite souvent à une stratégie d’affichage. Et la poursuite d’objectifs communs sans cadre de régulation ne dure que le temps des fondateurs, voire moins. Si la relation au client ou au bénéficiaire est suffisamment balisée, celle de la coopération public/privée demande à l’être davantage. La reconnaissance de la démarche participative comme un des fondamentaux des stratégies de développement durable, dont celle de l’Etat, et la nouvelle convention de Faro sont deux points d’appui pour s’atteler à la tâche.
A – PROPOSITIONS DE TRAVAIL COLLABORATIF AU SEIN DU CDC, L’ÉMERGENCE DE LA VALEUR SOCIALE
Depuis la présentation du cadre de travail, nous avons recherché quelques pratiques patrimoniales de coopérations durables dans le département et dans chaque cas, l’angle d’analyse a porté sur la relation établie entre les professionnels publics et les entrepreneur(ses) privé(es) comme une SA (Société Anonyme), une association ou une entreprise individuelle.
La réalisation de portraits de coopération patrimoniale est en cours de publication par le réseau des conservateurs de la région (AGCCPF). Cela a consisté dans un premier temps à aller voir sur les sites, à rencontrer ces personnes, à récolter leur témoignage et des données disponibles. Ensuite, à partir de cette matière, un diagnostic a été réalisé sous trois angles :
– le premier sur la valorisation économique ou dit autrement l’intérêt pour l’entrepreneur,
– le second sur l’efficience et l’efficacité de cette coopération pour le patrimoine,
– et le dernier sur les modalités de contractualisation qu’il a été possible de poser entre l’entreprise et l’institution patrimoniale publique.
Dans quelles mesures une approche coopérative entre un conservateur et une entreprise est-elle performante ? Est-elle compatible avec les cibles de performance que se fixe l’Etat au travers de la LOLF ? Renforce-t-elle l’entreprise ? Contribue-t-elle à renforcer une approche de développement durable pour l’entreprise ?
Les trois exemples choisis par l’AGCCPF PACA témoignent de l’existence effective de coopérations entre conservateurs et entreprises favorables au développement durable. Ils illustrent volontairement les trois axes traditionnels du développement durable : l’environnement, le social et l’économie. Comme ils illustrent les diversités d’entrées possibles : un Musée national, un Musée départemental et une mission communale – Une association, un indépendant et une société anonyme – Une œuvre d’art, un objet patrimonial et un monument historique.
Les conclusions des diagnostiques sont encourageantes :
La coopération s’avère intéressante pour les deux parties. Chacune de ces coopérations est efficiente – ou économe – pour le musée et l’entreprise. Elles sont un moyen efficace pour accompagner la réalisation des missions du musée – amélioration de l’accessibilité du patrimoine, de l’intervention en zones rurales ou en zones urbaines sensibles. Elles se montrent même performantes au regard des cibles fixées par la LOLF aux musées pour 2010. Enfin, elles renforcent les acteurs économiques dans leur choix de s’inscrire dans un développement durable.
La coopération se fait avec une large partie de la société civile – associations, entreprises, collectifs, résidents.
La fragilité de ces coopérations est structurelle : ce sont des initiatives de développement durable peu durables. La coopération repose davantage sur des liens de confiance que sur une régulation contractuelle des rapports. Dans ce contexte, il peut être difficile de passer un cap de développement, d’aller au-delà des fondateurs ou simplement de transférer ces expériences sauf de retrouver un contexte identique.
Une première conclusion à ces portraits est peut-être l’identification de ce chantier qui semble prioritaire pour que de ces innovations, de ces expériences, de ces investigations émerge un cadre de droit commun.
B – UNE EXPÉRIENCE AILLEURS EN EUROPE :
Pour faire comprendre la notion de communauté patrimoniale nous nous sommes décalés dans une ville portuaire et de delta : Venise. Nous avons retenu une expérience citoyenne patrimoniale et durable celle des 40XVenezia.
Les 40xVenezia (quarantenaires pour Venise) est un mouvement de proposition qui cherche à mettre à disposition de Venise ses propres expériences plurielles de citoyens
40xVenezia a trouvé un formidable outil d’expression au travers de son social network (ou NING), instrument de discutions en ligne auquel il suffit de s’inscrire en donnant son nom, une photographie et un cours profil pour se retrouver immédiatement projeté dans une immense agora télématique (plus de 1500 usagers à ce jour) dans laquelle il est possible de connaître le mouvement et de participer à ses activités (www.40xVenezia.it).
Actuellement le mouvement 40xVenezia s’est engagé à promouvoir la connaissance de la Convention culturelle du Conseil de l’Europe paraphée à Faro en octobre 2005 (en cours de ratification). Il a réalisé une traduction en langue italienne afin de favoriser une prise de conscience citoyenne de la signification du patrimoine culturel. . Un groupe de travail a été constitué pour faire vivre ce droit sur le terrain.
Pour cette raison les 40xVenezia retiennent que la Convention de Faro, qui souligne l’importance du « droit au patrimoine culturel », peut offrir un support fondamental pour mieux interpréter, utiliser, conserver et relancer le sens de la dimension culturelle de Venise, concernant tout autant la relation avec ses propres citoyens – la « communauté patrimoniale » – que plus largement celle avec le monde qui entre en contact avec cette communauté.
Sur l’exemple de la méthodologie des ballades patrimoniales créée à Marseille, l’une des premières villes d’Europe à s’être engagée pour faire connaître à ses propres citoyens la Convention, deux ballades patrimoniale vénitiennes ont été réalisée en 2008. Voir : www.40xvenezia.it
C- NOUS PROPOSONS SUR LA BASE DE CES EXEMPLES CONCRETS CINQ AVIS COOPÉRATIFS QUI DÉCOULENT DE CES APPLICATIONS DE TERRAIN, À DÉBATTRE EN COMMISSION
A- Le premier avis vise à rendre plus explicite l’intérêt de l’entrepreneur qui coopère à valoriser sa ressource patrimoniale et celle désignée comme bien commun. Nous voyons dans les exemples qu’il n’est ni un client, ni un fournisseur, ni un mécène des patrimoines mais bien l’associé d’un projet commun. Comment y trouve-t-il son compte ? En quoi cette coopération renforce-t-elle son positionnement ?
Nous pourrions préconiser un élargissement des cadres d’indicateurs par une prise en compte de l’existence d’intérêts privés (associations, entreprises, particuliers) dans la gestion du patrimoine qu’ils restent à nommer et évaluer. L’agence régionale du patrimoine, le Ministère des finances via l’APIE ou la promotion des PPP (Partenariats Publics Privés) pourraient être sollicités à ce sujet. Il s’agirait de mesurer l’intérêt de la société civile à contribuer à une gestion partagée du patrimoine.
B Le second avis vise à mesurer la coopération du point de vue des politiques patrimoniales publiques. C’est-à-dire la capacité à atteindre les objectifs correspondant aux missions d’intérêt général inhérent au projet de coopération. Afin de pouvoir comparer l’efficience du processus coopératif au regard d’autres expériences et à la cible que s’est fixée l’Etat pour les années à venir, les indicateurs sont au préalable récupérés au sein de la LOLF et à intégrer dans les services départementaux.
C Le troisième avis porte sur l’efficacité de la coopération. Il s’agit de mettre en regard les moyens déployés et les résultats fixés. Ou dit plus simplement d’en évaluer le rapport qualité/prix. Toujours dans la perspective de pouvoir comparer l’efficacité du processus coopératif au niveau européen et national, la LOLF est réutilisée ainsi que les mesures territoriales existantes comme les ZPPAUP. Comment ces coopérations contribuent-elles à maintenir un haut niveau de service public dans un cadre de maîtrise de la dépense publique ?
D Ce quatrième avis porte sur l’implication des membres de la société civile (entreprises, associations, particuliers, etc), sur les questions se rattachant aux patrimoines et leurs niveaux de conventionnement. Cet avis de Gouvernance démocratique nécessite un changement radical des catégories du savoir. Le patrimoine quitte le contexte de l’éducation pour celui du développement durable. Ceci implique une large réforme de la machine administrative qui tombe bien puisque le débat public sur la modernisation de la fonction publique a été lancé officiellement le 1er octobre 2007. Le CDC pourrait ainsi participer à l’élaboration de leur livre blanc (voir article en annexe). Elle nécessite un droit patrimonial (cadre d’action et de régulation) et donc l’application du texte de la convention de Faro du Conseil de l’Europe sur les Bouches-du-Rhône par une signature symbolique en attendant que l’Etat le fasse. Dans ce même mouvement, le Département peut annoncer la mise en route d’un agenda 21 expérimental sur les patrimoines du département. Ce serait le début du processus et la reconnaissance des partenaires potentiels ainsi motivés.
E- Proposer la mise en oeuvre expérimentale de l’article 11 de la convention de Faro au niveau départementale ; « Article 11 : Organisation des responsabilités publiques en matière de patrimoine culturel ». Dans la gestion du patrimoine culturel, les Parties s’engagent :
à promouvoir une approche intégrée et bien informée de l’action des pouvoirs publics dans tous les secteurs et à tous les niveaux ;
à développer les cadres juridiques, financiers et professionnels qui permettent une action combinée de la part des autorités publiques, des experts, des propriétaires, des investisseurs, des entreprises, des organisations non gouvernementales et de la société civile ;
à développer des pratiques innovantes de coopération des autorités publiques avec d’autres intervenants ;
d. à respecter et à encourager des initiatives bénévoles complémentaires à la mission des pouvoirs publics ;
e. à encourager les organisations non gouvernementales concernées par la conservation du patrimoine d’intervenir dans l’intérêt public.