“CONTE D’AUTOMNE… petit récit par Dominique Poulain”.

… petit récit automnal écrit par Dominique Poulain, sociétaire, (hôte, marcheuse, photographe souvent…) de la coopérative Hôtel du Nord

A la mi-septembre, j’ai vu soudain, légèrement hésitants sur notre terrasse, et qui s’apprêtaient à taper une fois de plus à la porte, accompagnés de Sigurjón et Guðný, cette dernière actuellement résidente de l’association et résidence d’écritureS HÖFN… un homme et une femme… inconnus.

Aux premiers mots que m’a adressé cet homme, j’ai reconnu, en revanche, une voix que j’avais entendue depuis ma chambre, puis mon bureau au premier étage, dont les fenêtres étaient entre-ouvertes, une bonne demi-heure auparavant sans doute… Je n’y avais pas réellement pris garde. Notre jardin, comme notre terrasse sont ouverts à tous vents, et des promeneurs s’y égarent parfois…

De fait, cet homme, et la femme qui l’accompagnait, dont j’allais apprendre qu’elle était sa cousine (marseillaise depuis peu), se croyaient égarés, comme flottants sur notre terrasse, quand ils étaient bien à la bonne adresse, sans le savoir encore… Ils ont suivi le flan de la maison, grimpé l’escalier de bois, et se sont retrouvés alors au seuil de ce que nous appelons, mon compagnon Jean et moi-même :  le petit jardin du haut , ou encore le jardin de la Résidence…

Ces deux visiteurs impromptus accédaient ainsi à l’arrière de notre bonne grosse bâtisse ; un peu inévitablement, ils ont traversé le jardinet en restanques découvert au sommet de l’escalier, et sont tombés sur une entrée plus secrète, reculée et autonome, celle du lieu de résidence d’écritureS créé par et pour notre association HÖFN…

Justement, la porte en était entre-baillée, ce qui les a encouragés à s’en approcher… C’est à ce moment de l’histoire que LA rencontre se joue enfin, mais au-travers de Guðný et Sigurjón.
L’homme et la femme se présentent à eux : « je suis Vincent, voilà Agnès ».
Il devient clair aussitôt que ni Guðný ni Sigurjón ne parlent le français. Qu’à cela ne tienne, l’anglais semble un langage plus ou moins commun à tous, que chacun parle, à peu près ou très bien, que tous comprennent en tous cas.
Vincent explique qu’il « cherche Dominique et Jean ». Guðný et Sigurjón confirment qu’il est bien à la bonne adresse, s’étonnent que ni lui ni sa cousine Agnès ne m’aient trouvée, et dès lors les invitent à conter ce qui les amène… LÀ.
Le récit déroulé par Vincent, ils me l’ont dit plus tard, les a passionnés, amusés, interloqués, conquis en un mot! Du coup, à leur tour, ils ont expliqué leur présence en ce lieu, parlé de leur origine islandaise, de leur pays, de la peinture de Guðný, de HÖFN comme lieu d’accueil et de résidence d’artistes, chercheurs, écrivains, poètes (…) d’ici et de plus loin…
Ces quatre hommes et femmes, quelques 30 minutes plus tard, avaient fait connaissance, cité à plusieurs reprises mon compagnon et moi-même, sans que je ne me doute de rien, penchée sur mon bureau, attelée à mon ordinateur… à quelques mètres de la résidence…

Guðný et Sigurjón ont jugé utile de raccompagner Vincent et Agnès au travers du jardinet, jusqu’en bas des escaliers de bois, jusque sur la « grande terrasse »… et les ont encouragés à cogner plus fort à la porte de l’entrée principale (il y a bien une sonnette, installée depuis 20 ans ; de fait, elle a été si peu utilisée qu’elle s’est enrouée, jusqu’à devenir définitivement aphone…).

Cette fois, je me suis déplacée : j’avais bien entendu frapper, en bas. Guðný et Sigurjón, (c’était drôle!) ont amorcé les présentations entre Vincent, Agnès et moi… puis nous ont laissé (ils partaient jouer les touristes vers le centre de Marseille) …

Alors, enfin, autour d’un thé partagé, j’ai petit à petit appris et compris le fin mot de l’histoire :
l’heure de la retraite sonne pour Vincent en juillet 2015. Le 14 juillet 2015 il endosse ce nouveau rôle qu’il s’est attribué dans la vie :  messager… et enfourche sa bicyclette . Il s’est aussi donné un nom : le messager du Clepscycle (contraction entre clepsydre – antique horloge à eau, fonctionnant sur le principe d’un écoulement régulier au fil du temps – et cycle)
Il quitte ce jour-là Redon (au confluent de l’ Oust et de la Vilaine, en Bretagne), au guidon de son vélo couché, ses sacoches pleines, entre autres, de… lettres… La chose a été fomentée, sinon de longue date, en tous cas, bien avant ce jour du grand départ! Des amis, des connaissances, des amis d’amis, des commerçants locaux, de Redon, mais aussi des alentours, lui ont confié des missives à remettre à des êtres aimés, des vieux potes, des copains perdus de vue, des parents si loin… aux 4 coins de la France…
Redon… Redon… immédiatement, m’ évoque, alors que je n’y suis jamais allée (ni en Bretagne encore – étonnants aléas de la vie!!), non pas une localité mais un couple : Dominique et Georges.

Dominique et Georges, déboulant de… Redon, donc, ont séjourné à HÖFN une petite semaine, entre le 8 et le 14 juillet 2013…
En effet, quand notre association ne reçoit pas de résidents artistes, écrivains, poètes, traducteurs, théoriciens, femmes et hommes de théâtre ou cinéma (…), elle ouvre alors ses portes à des « passagers Hôtel du Nord » …
Notre maison est mitoyenne de notre lieu d’accueil, et, selon les désirs, besoins, disponibilités de nos passagers, nous partageons avec eux des p’tit-déjeuners, des apéros, des balades, toute sorte de moments, au gré des offres de la coopérative Hôtel du Nord, du temps qu’il fait, des humeurs des uns et des autres, des propositions artistiques et culturelles de Marseille, que sais-je… En tous cas, nous avons, avec Dominique et Georges, échangé sur toutes sortes de sujets, à bâtons rompus, des heures durant, au matin, le soir, avant qu’ils partent en excursion, lorsqu’ils en revenaient, ou autour de notre table, avec grand plaisir,…
On a appris à les connaître et les aimer, le temps d’une semaine, on s’est raconté mutuellement des pans de vie, puis, comme dans la chanson… on s’est séparés …
On ne les avait pas oubliés, pas du tout, on reparlait d’eux, parfois, on se savait invités, à l’occasion, du côté de la Bretagne…

Il faut croire qu’ils ne nous avaient pas oubliés non plus… Dans les sacoches de Vincent, parmi bien d’autres lettres, l’une d’elle nous était adressée :
Association HÖFN
Dominique et Jean…
Oui, Dominique et George n’avaient même pas indiqué nos noms de famille !! Quand on sait que notre maison et lieu d’accueil associatif partagent la même adresse avec une bonne douzaine d’autres propriétés, la tâche de Vincent ne fut pas simple… Qu’il réussisse à nous retrouver tient du prodige !
Mais au fond, non… Après tout, depuis le 14 juillet, sur son vélo couché, Vincent, pour la simple et bonne raison de transmettre, en main propres, une épistole manuscrite, a rencontré, coûte que coûte, chaque destinataire à Plaintel, Cancale, Querqueville, Caen, Verton, Boulogne, Charmes, Damou, Charleville-Mézières, Colmar, Bern, Flageay, Marboz , Lyon, Grenoble, Château-Arnoux, MARSEILLE, (bien sûr, je n’ai pas TOUT noté!!)… Depuis que je l’ai croisé, il a continué son périple, et remis d’autres lettres à Montpellier, Pézenas, Villemer sur Tarn, au Monastère de Blagnac, à Toulouse, Tarbes, Saint-Médard, Segonzac (je n’ai encore pas cité TOUTES les localités)… Vers la fin du mois, Vincent sera de retour chez lui, pour la Foire Teillouse de Redon…

Pour mieux comprendre ce qui a conduit Vincent, le messager du clepscycle, à imaginer tout cela, comment il l’a mené, qui sont ses complices en l’affaire, il y a là son blog :
http://lemessagerduclepscycle.blogspot.fr/2015/03/qui.html
NOUS REMERCIONS GEORGES ET DOMINIQUE, ET PUIS VINCENT , LEUR MESSAGER DU CLEPSCYCLE,
qui ont si joliment ravivé, grâce à une bonne vieille enveloppe contenant une bonne vieille lettre manuscrite, et… quelques coups de pédale (!), les liens entre Redon et Marseille, la coopérative Hôtel du Nord, et l’association HÖFN.

Cette « newsletter » en forme de conte leur est D’ABORD dédiée, mais elle s’adresse aussi à tous nos passagers Hôtel du Nord d’hier, aujourd’hui et demain…

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Conte d’automne2

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