Cantando à Saint-André

Un beau week-end d’immersion Cantando à l’Atelier sous le Platane.

Nous étions armées des parapluies, assoiffés des chants, le quartier a acueilli nos voix et des voisin.e.s ont ouvert ses portes…

Des chants en espagnol, kabyle et italien, des rumbas et des valses…

Nous vous invitons à nous rejoindre, le 10 et 11 juin pour un deuxième week-end d’immersion cantatrice à l’Atelier sous le Platane de Saint-André.

L’inscription est gratuite mais nécessaire, par ici

Frapper monnaie, acte 2

Après notre première séance d’exploration de l’histoire de la monnaie à Marseille le 18 avril après midi au Cabinet des Monnaies et Médailles avec Sylvain BORZILLO, le Conservateur du Cabinet des monnaies et médailles, ce lundi 15 mai nous nous sommes à nouveau retrouvés à l’AKDemia du Tango pour construire ensemble notre balade patrimoniale sur frapper monnaie à Marseille.

Nous nous sommes retrouvés Michel, Christelle et Lætitia de l’association La Roue Marseillaise, Samanta, Agnès et Prosper de la coopérative Hôtel du Nord et Marion du GLAP (Du Gymnase à Longchamp – Arts et Patrimoine). Nous avons partagé les résultats de nos recherches sur les personnages, les lieux et les histoires qui racontent les monnaies de Marseille.

A partir de là nous avons fixé une date mi octobre, dessiné le tracé d’une future balade, identifié des lieux, des récits et des personnes pour raconter l’enjeu d’une monnaie locale complémentaire aujourd’hui à Marseille au regard de ce que nous raconte l’histoire de la monnaie : Pourquoi une nouvelle “monnaie” à Marseille ? Pour quelles raisons est-ce une monnaie “locale” ? Et de quoi cette monnaie est-elle “complémentaire” ? D’ailleurs, pour quelles raisons Marseille a-t-elle frappée monnaie pendant 2500 ans? Puis des monnaies de nécessité il y a à peine cent ans?

Nous avons fait des détours par l’histoire du trueque en Argentine, des monnaies parallèles impulsées par des militants écologistes en 1995 et qui ont connu leur heure de gloire au plus fort de la crise argentine entre 2000 et 2002 avec plus de deux millions d’utilisateurs pour finir par l’engagement des mairies de secteur à Marseille pour soutenir la monnaie locale complémentaire la Roue.

CAMINANDO SAINT-ANDRÉ

Des chemins et des voix du côté de Séon

En marchant à Saint-André on a trouvé des chemins d’écoliers et des sentiers buissonniers.

En marchant à Saint-André on a trouvé des passages, des recoins, des cours et des balcons, des jardins éparpillés et des fois un peu secrets, des terrains d’aventures et des aventures tout terrain.

En marchant à Saint-André on a écouté des voix d’ici qui racontaient le lointain, on a chanté des chants d’ailleurs juste là.

En marchant à Saint-André nos mille et un pieds se sont rassemblés en un mille pattes de quartier.

Saint-André, c’est l’un des quartiers de ce qu’on appelait Séon.

Un grand quartier bien vivant aux accents italiens, espagnols, kabyles ou sénégalais, et qui s’est retrouvé coupé en morceaux, entre autoroute, centre commercial, développement portuaire, ZAC et fermeture d’usines.

Un jour, des enfants se sont rendus compte que toutes leurs écoles s’appelaient Saint-André. 

Ils habitaient dans les immeubles de la Castellane, ils habitaient au village, ils habitaient en haut ou en bas, d’un côté ou de l’autre de l’autoroute et des rails.

Alors ils ont commencé à chercher ce chemin des écoliers qu’on a oublié. 

Alors ils ont commencé à inventer un chemin buissonnier.

Des adultes se sont mis à les suivre, cherchant dans leurs mémoires comment c’était avant, regardant avec des yeux d’enfant ce que c’est maintenant.

Les musiciens les ont rejoints pour écouter et partager des résonances.

Petits et grands se sont alors mis à suivre la voie des plantes et des chants, pour cueillir les souvenirs, cultiver le présent et planter des histoires à venir…

CHEMIN FAISANT

Rejoignons-les…

Marchons…

Chantons…

Jardinons …

ET RELIONS TOUS CES BOUTS DE QUARTIERS 

CAMINANDO SAINT-ANDRÉ !

Les Rendez-Vous

Mercredis 3 et 17 mai, 7 et 21 juin de 14h à 18h
La bibliothèque buissonnière

[Lectures de plein air, mini balades d’exploration du quartier, ateliers jardinage et arts
plastiques pour les petits et les grands, collectages d’archives du quartier…]

Venez nous rejoindre dans la cour de la bibliothèque de Saint-André pour part
ir en exploration dans le quartier, à la recherche des plantes, des histoires et des musiques de Saint-André. On trouvera comment les partager, en faisant des dessins, des herbiers, des jeux de piste, des jardins qui prendront place dans le quartier!

20 et 21 mai à l’Atelier sous le platane (Saint-André)
Cantando Saint-André

Avec Gil Aniorte, Sylvie Aniorte Paz, Nadia Tighidet et Jeanne Alcaraz.

[Transmissions de chants d’exil, festifs et de travail]

Le temps d’un weekend les musiciens de Barrio Chino viendront partager et transmettre un travail engagé depuis plusieurs années sur les chants issus de l’immigration espagnole (et pas que) et du travail des femmes. Accès libre sur inscription


21 juin
Caminando Saint-André : Fête chantante de quartier
[ateliers de rue, parcours chantant, concerts buissonniers]
Le 21 juin en après-midi et en soirée, on marchera et on chantera dans Saint André au cours d’un parcours musical dans les rues et divers lieux du quartier, pour aboutir à un concert de Barrio Chino et une soirée chantante à partager.
Avec également la fanfare des familles, les chanteurs de sonnettes et les habitants-musiciens de Séon…

Communiqué : Moins de Locations de Courte Durée pour Plus d’Habitant.es à l’année !

Nous, Citoyens, associations, organismes, collectifs à travers la France qui œuvrons en partie ou en totalité pour la réduction des Locations de Courte Durée ( L.C.D ), souhaitons ensemble alerter sur cette activité aux impacts négatifs sur nos territoires et lieux de vie, en particulier sur le logement .

Le développement exponentiel des L.C.D a révélé, accentué, accéléré la difficulté désormais pour une majorité de personnes de conserver ou trouver un logement dans la commune où ils souhaitent vivre et dans un lieu d’habitation adapté a leurs besoins .

L’hospitalité qui prévalait dans nos quartiers de celles et ceux qui vivent, travaillent et séjournent se dégrade, l’urgence du logement pour toutes et tous émerge avec plus d’acuité.

Faute d’une offre suffisante et du fait d’une augmentation sans commune mesure du prix des loyers et à l’achat, cette crise du logement ne concerne plus seulement les personnes en situation de précarité et les classes populaires…mais touche désormais aussi la classe moyenne !  

Face à cela, différentes collectivités territoriales soutenues ou incitées par des citoyen.nes, associations, collectifs… ont mis en place ou tentent de le faire, différentes mesures pour réduire la concentration trop importante de L.C.D sur leurs territoires en particulier dans les zones touristiques.

En effet en attendant d’autres actions pour tenter de résoudre cette crise ( freiner voir arrêter l’augmentation régulière du nombre de résidences secondaires, diminuer les logements vacants …), les municipalités ou intercommunalités ont compris qu’agir en priorité dans ce domaine spécifique des L.C.D pouvait être un levier très rapide pour accueillir à court terme des habitant.es et remettre sur le marché du logement locatif permanent.

A titre d’exemple, Saint-Malo estime que l’application de son règlement municipal réduisant à moins de 2 000 le nombre de L.C.D, permettra de dégager une capacité d’accueil de 1 000 à 1 500 nouveaux habitant.es…et donc d’avoir plus de « volets ouverts » à l’année 🙂

Tout ceci sans dépenses financières et constructions nouvelles risquant de détruire des maisons dans les quartiers anciens ou résidentiels, sans disparition de terres agricoles ou espaces naturels … et ce dans un temps record (2 / 3 ans ) qu’aucun programme de constructions ne pourrait tenir ou permettre !

Si des collectivités territoriales diverses géographiquement et politiquement  ont réussi à trouver “des outils” les plus efficients possibles pour agir concrètement,

certains éléments juridiques, fiscaux…manquent afin que toutes les communes en France puissent de manière la plus facile et simple possible, agir efficacement.  


Ces éléments manquants à proposer et faire voter sont du ressort du législateur et du pouvoir exécutif, des parlementaires  et du gouvernement.

Or, il se trouve que dans les jours, semaines qui viennent, ces acteurs de la vie démocratique vont préciser, s’exprimer, devoir voter sur des propositions visant notamment à encadrer / réguler l’activité économique commerciale de Location de Courte Durée .

A cette occasion et en complément de propositions notamment issues des acteurs historiques qui œuvrent avec force depuis des années sur la résolution de cette crise du logement, nous  souhaitons leur soumettre 3 propositions prioritaires parmi celles que nous avons élaborées ou qui sont en réflexion en notre sein  afin d’atteindre l’objectif de réduire le trop plein de L.C.D dans les territoires en “Tension Logement pour des Habitant.es à l’Année” .

Elles sont les suivantes : 

1. Accorder à toutes collectivités territoriales sans critères d’importance  de la population ou nécessité d’être déclarées en zone tendue, de mettre en place toutes mesures utiles pour  atteindre cet objectif,

2. Inverser la fiscalité immobilière pour favoriser les loueurs à l’année de résidences principales plutôt que des loueurs de courte durée en résidences secondaires,

3. Déterminer un ” interlocuteur “précis  (Services de l’Etat, Conseil Régional…) susceptible d’assurer une mission la plus impartiale possible de centralisation,  de collecte et de transmission d’informations, de données de tous ordres… (y compris transparence des données des plateformes de location en ligne) et d’accompagnement, d’ingénierie auprès de tous les acteurs liés à ce thème.

Nous nous tenons à disposition de toutes et de tous  pour échanger, écouter et être entendus sur ces propositions et d’autres bien sûr que nous portons.

Nous invitons aussi celles et ceux qui partagent notre objectif, notre démarche  à nous rejoindre !

Contacts Information  :  Franck Rolland  06 85 27 16 10  et Hans Gervais     06 07 60 41 01 

Parmi les premiers signataires : 

Veronique Deschamps – Saint-Malo / Bretagne – Collectif Saint-Malo J’y vis…J’y reste !

Prosper Warner – Marseille / Provence Alpes Côté d’Azur – SCIC Hôtel du Nord / SCIC Les Oiseaux de passage 

Delphine Le Mee Bonet- Collectif  T.U.T – Lorient / Bretagne 

Jean Paul Lebas – Nouvelle Aquitaine – Association pour la Sauvegarde de la Presqu’île de Lège Cap Ferret 

Roxanne Berget – Pays de Loire – Ile d’Yeu – Les Enfants de Tempête

Laurent Bougras – Nouvelle Aquitaine – La Rochelle 

Isabelle Ange – Granville – Normandie 

Vincent Aulnay – Paris – Ile de France – ParisvsBnB 

Brigitte Cottet et Jean-Luc Poulet– Auvergne Rhône Alpes – Annecy – Association des résidents de la Vieille Ville d’Annecy

Marjolaine de Sinety – Bretagne – Ile de Batz – Collectif On parle de Toit

Céline Roger – Bretagne – Ile de Houat – Collectif L’ardois Salée

Hervé de Souich – Bretagne – Carnac – Les volets ouverts 56

Laetitia Visse – Normandie – Dieppe

Isabelle Ange – Normandie – Granville

Marie-Hélène Chastanet et Gabriel Grellier – Nouvelle Aquitaine – Ile de Ré – Volets Ouverts 17

Malika Peyraut – Nouvelle Aquitaine – CA Pays Basque – ALDA

Tamara – Occitanie – Saint-Martin de Lansuscle – Association La Logeuse

Caroline Laurent – Nouvelle Aquitaine – Ile d’Oleron – Collectif A l’Année sur Oleron

Guy Largier – Bretagne – Ile de Groix – Association Le Graho

En balade pour Frapper monnaie à Marseille

Le 18 avril après midi nous sommes retrouvés Michel, Christelle et Lætitia de l’association La Roue Marseillaise qui gère la monnaie local complémentaire avec Samanta, Agnès et Prosper de la coopérative Hôtel du Nord pour une visite commentée du Cabinet des Monnaies et Médailles avec Sylvain BORZILLO, le Conservateur du Cabinet des monnaies et médailles.

Notre ambition est de se réapproprier la monnaie à travers son histoire, particulièrement riche à Marseille qui fut la première à frapper monnaie il y a 2500 ans, la monnaie massalia, cent ans à peine après sa création et trois cents ans avant Rome. Depuis elle n’a cessé de frapper monnaie et, si le dernier Atelier de la monnaie situé rue Tapis Vert a fermé en 1857, la chambre de Commerce a continué au 19ème à emmètre une monnaie de nécessité pour soutenir le commerce local.

Aujourd’hui, Marseille continue à emmètre une monnaie local complémentaire pour favoriser les circuits courts et l’engament social et écologique des consommateurs, producteurs et commerçants. Aujourd’hui en version numérique, la Roue est accepté par plus de 300 professionnels à Marseille et est utilisable à l’échelle régionale.

Billet de 13 Roues

Comme le rappelle le plus ancien atelier de monnaie de Marseille retrouvé lors des fouilles archéologiques Place Villeneuve-Bargemon à côté de la Mairie, Frapper monnaie a toujours été une question de souveraineté, d’identité, de pouvoir et d’autonomie.

A travers cette histoire qui passe par le musée d’Histoire de Marseille, le Cabinet des monnaies, le musée d’Archéologie à la Vielle Charité, la Place Villeuneuve-Bargemon, le Palais de la Bourse, c’est l’occasion de partager et redéfinir ensemble l’enjeu de frapper monnaie et de comprendre ce que pourrait apporter une gestion décentralisée, citoyenne, éthique et écologique de la monnaie.

Des pistes ont émergées lors de cette visite et le travail d’enquête se poursuit. Ils nous restent à retrouver les traces dans les archives et les bâtiments des anciens Ateliers de la monnaie. Nous cherchons aussi à comprendre la place qu’ont joué les Grands Hôtels dans l’émission d’une monnaie de nécessité au 19ième. Notre objectif est de proposer une première balade à la rentrée de septembre. Bienvenue.

MADE IN THE RIVER – Nouvelles du printemps

Où en sommes nous actuellement? 2 mois après le lancement de la Gazette du Ruisseau ?

Nous avons écouté le fleuve, en l’observant, en le touchant et en entrant dans sa vie hybride fluide. Cela prend du temps : passer des heures à ses côtés, chercher, explorer et enfin récolter des matériaux le long du lit du ruisseau.

Ainsi, nous pouvons commencer à transmettre et à transformer la façon dont les autres voient et ressentent la rivière, sa vitalité – entendre sa voix : Prendre soin de la rivière en l’écoutant – comme une entité vivante – et en étant en présence sympathique avec cet autre être vivant.

Nous avons enfin nettoyé, rassemblé, tamisé et digéré les divers matériaux trouvés dans ses eaux, incrustés dans les berges, flottant ou noyés, les détritus et déchets humains que le ruisseau tente d’accueillir, de transformer et de revêtir de sa beauté et de son charme.

Maintenant, nous sommes engagés dans la fabrication d’ateliers, nous pouvons commencer à créer un nouveau panthéon de créatures fluviales, d’esprits et de dieux/desses, en co-construisant et re-présentant l’ingéniosité et la créativité du fleuve – avec une haute couture, à travers la délicatesse et l’unicité , mêlant cette nouvelle sensibilité aux charmes et vêtements du quotidien. Nous réalisons ensemble :

Des incarnations des aspects de la rivière : le Dragon/Hydre (source de la rivière) ; La Tête de galets (lit de la rivière) ; Le Sangsue (la symbiose interne à la rivière); la Créature de la Caravelle (créatures de la rivière); La Cascade (Rivière qui coule de l’énergie – eau); Algues/Végétal (Végétation fluviale), Le Digesteur (eau/pluie/soleil/rayonnement/dégradation/à hybridation).

Illusions, mirages : l’eau nous crée le trouble entre rochers et polyesters

D’autres apparitions auront peut être lieu ?

Affirmer cette étrangeté : “je ne suis pas naturelle et pourtant je suis toujours sauvage”, transformer le rebus en préciosité, entendre la beauté cachée.

Cet imaginaire de l’eau, véhiculé à travers la création des costumes, est partagé au cours d’ateliers avec les habitants de Marseille Nord :

Depuis février, l’équipe de Made in The River a partagé des explorations du ruisseau et des ramassages avec les enfants de la cité de la Viste, voisine du ruisseau.

Un chemin relie la cité à la rivière en quelques minutes à peine, à travers les herbes hautes, le silence du cimetière et le brouhaha incessant de l’autoroute. Un chemin qui, si on bifurque à gauche, est aussi celui qui mène à la chapelle de Marie-Madeleine, aux grottes des chrétiens anachorètes du XIIIe siècle qui venaient chercher dans ce havre de paix à l’aplomb de la rivière, calme et fraicheur pour méditer.
S’aventurer sur cette piste caillouteuse, c’est un peu comme remonter le temps, faire un pas de côté pour se reconnecter à un ailleurs temporel, à une époque où le mysticisme de la rivière était une évidence.

Afin de faire ressurgir cette voie.x de l’ancien temps, nous fabriquons des signes, des traces composées à partir de la rivière elle-même, qui témoigne de sa présence cachée un peu plus bas et invite à suivre le chemin pour la retrouver.
Pendant les vacances de printemps, les enfants viennent à la rivière et confectionnent ces mobiles, sortilèges et grigri qu’ils accrocheront le long des grillages et des arbres afin d’affirmer “C’est par ici, l’eau coule tout près de nous”.

Tous les mercredi d’avril, et les deux premières semaines de mai (3 et 10 mai) les ateliers sont menés au pied de la cascade, de 14h à 16h, à la Cité des Arts de la Rue. Bienvenue!

Les 3 et 4 juin, à l’occasion des “Rendez-vous au jardin” les costumes seront mis en scène afin d’évoquer le réveil des Esprits du Ruisseau.

Créations du mercredi 5 avril

Le 1000 pattes des enfants de Saint-André La Castellane #2

Les Oreilles Grandes Ouvertes !

Un habitant de Saint André, Denis Pelliccio, vient nous raconter plein d’Histoires !

Le 1000-Pattes des enfants a embarqué Denis dans la balade du quartier pour qui nous raconte l’histoire de chaque petit coin où il s’est baladait quand il était enfant… 

Nous sommes partis, cette fois-ci, avec les oreilles grandes ouvertes, et Denis nous a laissé imaginer le quartier d’autrefois, rêver des histoires lointaines où les voitures n’existaient presque pas, les animaux étaient très présents, il y avait des arbres et des prairies à perte de vue, des fontaines et des canaux pour se rafraîchir, et les enfants jouaient dans la rue sans danger.

Le voyage commence direct au cœur du château de La Castellane, des grands platanes, une belle terrasse sous les arbres, le ruisseau du Pradel, la vue sur la mer, des oiseaux, la vie calme, la belle vie.

Denis nous a raconté que son grand père était cantonnier et avec sa famille ils habitaient au château de La Castellane, propriété de Gabrielle de Castellane, en 1751, des nobles provençaux depuis le IX siècle.  Au XIX siècle, la mairie de Marseille l’achète pour le louer à des familles modestes. 

Denis se souvient…  « Au château vivaient 6 ou 7 familles, chaque pièce faisait 50m2, c’était magnifique de vivre dans des espaces tellement grands ! Avec mes cousins et cousines, et d’autres enfants du château, on jouait dans la nature, on courait dans les près, tout le monde se connaissait, on était heureux »

Le Mille-Pattes enfants se déplace au grand champ d’en face à La Castellane, en bas de La Bricarde, Denis nous raconte que chaque dimanche avec ses parents ils faisaient la cueillette de la salade et des asperges sauvages, c’était un rituel !

Une des familles, les Bénéteau étaient des maraichers, ils cultivaient de légumes et vendaient à la ferme aussi des poules et des lapins.

La famille Chabouni était les propriétaires de cette belle bastide. Il y avait 220 bastides sur le bassin de Séon, selon le cadastre de cette époque. Elles servaient de résidences secondaires aux bourgeois et aux nobles. 

Nous sommes arrivés aux jardins de la Lorette, 

Les arbres aussi, nous racontent des histoires des hommes !

Celui-là nous parle de la Kabylie…

Devine, devine quel est mon fruit et tu sauras qui je suis :

Je suis un fruit d’automne.

Je suis un fruit a une chair douce et molle.

Mon intérieur est très doux et sucré.

Sous ma peau, on dégustera des centaines de petites fleurs

Je suis marron ou violette.

Je suis plein de petites graines.

On peut me manger fraiche ou séchée tout l’hiver.

Je suis qui ?

Le figuier est un indice ! 

La manière dont ses figuiers étaient plantés là, avec un olivier et un petit jardin avec des fèves, on pourrait deviner, même sans connaitre les gens qui cultivent ses jardins-là, que c’est des gens qui vient de Kabylie. Ils sont une manière de faire leur jardin, une manière d’avoir volontairement planté ses arbres qui donne un indice sur leur histoire culturelle.

Denis nous décrit comment était cet endroit avant:

« Il y avait une très grande ferme qu’appartenait à la famille Beraud, elle s’étendait jusqu’à sur le Pradel (Bd. Henri Barnier). On était petits, on attendait la bonne période au mois de juin pour ramasser les poires de la St. Jean. Le propriétaire des champs avait planté des poiriers, des pommiers, des abricotiers, avant ça se passait différemment, on ramassait les poires, on montait voir le fermier et on allait lui payer. On allait aussi, tous les jours chercher le lait, on venait sur la ferme avec des bouteilles en verre, on allait voir le laitier pour avoir le litre de lait pour le matin, il vendait aussi des très bons yaourts, des poules, des lapins, des cochons, quand c’était la bonne période il vendait de la charcuterie ».

La Lorette, au départ, c’était le nom d’un autre endroit, ce nom-là, il va rester parce que ses personnes-là, ont étaient relogés, des gens qui venaient de Kabylie travailler dans les usines, dans les tuileries, et pour se loger, ils construisaient leur maison avec ce qui trouvaient, ils fabriquaient eux-mêmes leurs maisons et par solidarité ils le faisaient avec les gens qui connaissait, leurs familles et les gens du même pays. 

Tous les gens de Kabylie qui venaient travailler dans les tuileries ils s’installaient ensemble, ça faisait un quartier, un petit village et comme les maisons étaient construit avec des tuiles, du bois, de la tôle et encore des tuiles, on appelait ça un bidonville. 

A l’origine, un bidonville est un petit village construit avec des bidons, et autres matériaux, car il y avait beaucoup d’usines qu’utilisait des bidons, mais ici à St. André c’était des usines des tuiles donc on pourrait dire que « Les tuiles-villes » c’était les bidonvilles de Saint André.

La Lorette était le dernier bidonville de Marseille, qui était situé en bas de la colline, selon Denis, et qui a était rasé lors de la construction du centre commercial du Grand Littoral, avec comme conséquence la relocalisation des familles en 1995 dans ces maisons.

Denis continue « Ma tante avait un métier un peu particulier, elle fabriquait des épingles à linge en bois. C’était des femmes qui n’avaient pas de travail, qui voulaient travailler un peu à la maison, elles étaient payées à la pièce, ça leur permettait d’améliorer les finances de la maison ».

Nous avons montré à Denis le passage secret à notre terrain d’aventures, il nous a effectivement dit, qu’il ne le connaissait pas !

Le grand carnet de voyage continue à s’embellir et à recevoir beaucoup d’information, on note tout ! Et aussi, on cueille et on colle sur le carnet des belles fleurs de printemps. 

Vive le printemps !

Merci Denis !

Le 1000 pattes des enfants de Saint-André La Castellane #1

17 mars 2023

Partir à l’aventure, faire les détectives, vivre des histoires, le rêve de tout enfant…

Les enfants de l’école de St. André Barnier à La Castellane, sont partis à l’aventure à la recherche d’indices pour construire un jeu de pistes patrimonial reliant  les écoles de Saint André (Barnier, La Castellane, Condorcet). 

Si elles nomment toutes dans leur nom ce lien à Saint-André, il est aujourd’hui plus difficile à appréhender, et les enfants sont invités à devenir les explorateurs de cette portion du territoire qui composa un Saint-André plus vaste, entre la Castellane, Verduron, la Bricarde jusqu’au noyau-villageois.

Nous avons commencé l’exploration au Parc de la Jougarelle avec un bref récit sur l’histoire du château de La Castellane, qui existait avant la construction des immeubles, puis nous sommes allés faire un repérage des plantes et arbres qui existent autour du parc, des oliviers, des palmiers, des platanes et des margousiers. Une plante « La Diplotaxis » (aussi nommée fausse roquette ou fausse moutarde) a été couronnée principale protagoniste de la journée… Elle nous a par exemple appris quelque chose d’important qui reviendra tout au long de la balade : on peut avoir plusieurs noms, on peut avoir plusieurs histoires, on n’est pas forcément obligé d’en choisir une seule.

On peut par exemple se sentir à la fois habitant de la Castellane, de St André et de Marseille.

Et Saint-André peut se sentir à la fois italien, espagnol, Kabyle, provençal et marseillais…

Se repérer là où on habite, regarder au loin, comprendre comme le quartier de St. André s’est construit, ses limites instables, et ce qui sépare le haut (La Castellane) du bas (noyaux villageois de St. André) : l’autoroute, les voies ferrées.

Pendant que le groupe des CE1 part à la découverte des traces d’une branche du canal de Marseille et du rôle de l’eau dans le quartier tout en retrouvant  ainsi le chemin des écoliers qui relie l’école Saint-André La Castellane à l’ancienne école d’avant le cité, située dans le quartier de Verduron, les CP trouvent les indices du passé à la fois agricole et industriel. 

Les vestiges d’une branche du canal et de son système d’irrigation en direction des champs horticoles qui se trouvaient sur une partie de l’actuelle Castellane

Le grand champ en face de La Castellane et devant La Bricarde, témoigne d’un passé industriel avec des murs construits des pierres et des tuiles, témoignant de l’histoire de l’argile et des anciennes tuileries du secteur. Mais aussi d’une histoire agricole, et on comprends comment à l’image d’un escalier faire des terrasses permet de grimper la colline mais aussi de la cultiver ! 

Nous avons fait des récoltes botaniques : asperges, euphorbes (attention c’est du poison !), mauves, jacinthes sauvages, muscaris, faux petit-pois, pissenlits, plantains, calendules, et encore de la diplotaxis.

On s’est ensuite retrouvé et avant regardé les grosses maisons. Certaines ressemblent plus à des fermes, d’autres à des châteaux. On a maintenant plein de questions à poser à Denis, un habitant qui se rappelle bien de comment c’était quand il avait l’âge des enfants, et qui est d’accord pour venir nous raconter !

Puis, on s’est posé pour pique-niquer dans un terrain super comme terrain d’aventures. Les enfants en ont profité pour faire de l’exploration des lieux et dessiner les indices et les histoires collectées avec du charbon des arbres, brulés par un incendie de la colline l’été dernier, et des fleurs tinctoriales sur le grand carnet de voyage qui préparé par Elsa de l’association Momkin.

Après le grand rond-point et un pas très agréable passage sous l’autoroute et les voies ferrés on arrive à des bâtiments beaucoup plus anciens (on se pose alors la question de quelle est la différence entre « sale » et « anciens »). On voit bien là comment La Castellane est coupée de Saint-André́ par le tracé de l’autoroute et des axes de circulations denses, qui enclavent la cité et rendent les déplacements pédestres difficiles.

Le Rond Point du Docteur Maria comme une île entourées de voitures-requins…

Nous sommes arrivés au noyau de St. André.

La placette de la traverse Picaron est une bonne halte pour aussi observer le contraste entre l’enchevêtrement de ruelles et de maisons qui évoque plus le terroir que l’industrie, et des industries spécialisés dans le numérique comme Digitech ou Digimood, installées dans la ZAC Saumaty Séon.

Nous avons longé le petit ruisseau du Pradel, à côté de l’Epad, ce qui nous confirme que le Boulevard Barnier, c’est bien aussi le Pradel. Une route ça peut être aussi une rivière…

Le nom de la pharmacie bld Henri Barnier qui rappelle le ruisseau sous nos pieds…

A l’entrée de l’école Saint-André Condorcet un beau tableau mural cartographie le quartier permet de bien visualiser notre balade ; puis nous avons tenté la chance avec la clef trouvée par un enfant explorateur d’avoir accès à un beau jardin que nous a montré Jeanne…

Humm ça n’a pas marché mais ça nous a donné des idées !!… 

Diplotaxis, Diplotaxis, Diplotaxis,

Quand on aura retrouvé la clef On pourra rentrer !  

 Enfin, une pause à l’atelier sous le Platane avec Jeanne, pour reprendre forces et chanter tous ensemble !

Oh c’est l’eau, c’est l’eau, c’est l’eau, c’est l’eau qui m’attire…

Le 1000 Pattes à Saint André#4


RÉCIT DE LA BALADE EXPLO #4 – 23 FÉVRIER 2023 (par Claire et Emmanuelle – Photos de Jeanne et Julie)

Notre objectif du jour, c’était d’arriver jusqu’à la mer autant qu’on peut y arriver. Et on y est arrivés mais on a mis du temps à descendre, parce qu’en route on a remonté le temps avec Daniel Quero.

De chez Jeanne rue Condorcet, on est partis à la recherche de la tuilerie Martin, en se posant comme d’habitude plein de questions en route. Comme sur cette « Ecole des sœurs » au 11 boulevard Jean Labro (ancien boulevard Martin), aujourd’hui Centre de ressources et d’information municipal de St André, où « Hôtel du Nord » a d’ailleurs un bureau. Qui étaient ces sœurs et quel était leur rôle dans le quartier ?

C’est là qu’Emmanuelle Di Nola a appelé son ex beau-père Daniel Quero, qui contrairement au reste de sa famille n’a jamais travaillé à la tuilerie Martin (il a préféré le raffinage chez Total) mais a toujours vécu boulevard Grawitz dans ce « quartier d’usine », comme il le nomme, et y vit encore. Daniel nous a donc rejoint avec son trousseau de clés : celles de chez lui et celles d’autres logements attenants inoccupés dont il est propriétaire ou a la gestion. Les sœurs il s’en souvient bien : c’étaient des sœurs infirmières. Elles étaient au moins 300 à habiter près de l’école, nous dit-il : quand on est dans la « Traverse des trois sœurs », on est donc littéralement loin du compte !

Les sœurs géraient aussi la crèche boulevard Grawitz, où Daniel a galopé. Aujourd’hui le bâtiment est muré mais doit être réhabilité pour y faire des logements. Ils côtoieront ceux de l’immeuble neuf presque fini à côté, qui donne lui-même sur les jardins familiaux heureusement préservés. Muré aussi un passage qui reliait l’école à l’arrière de la crèche, car au fur et à mesure que le clergé a vendu ses terrains par morceaux, les continuités de passage ont été supprimées. Les dernières sœurs sont parties en 1965 et le lieu connut comme dernier usage celui de dojo pour le judo.

Entre crèche, patronage, Dojo, l’ancien bâtiment religieux a finalement pu être protégé et attend tranquillement sa restauration
Julie et Daniel découvrant une étrange version rocaille de l’immaculée conception

En face, aux 63, 65 et 67 boulevard Grawitz, Daniel nous fait visiter là où lui et sa famille ont grandi et habité au fil des ans. 

Deux pièces achetées 5 000 francs de l’époque pour les parents et leurs cinq enfants, mais heureusement une grande cour commune à plusieurs maisons pour se dégourdir les jambes, dite « cour des miracles ». Recommandé par un patron des mines de Carthagène, son père espagnol était arrivé en France en 1914 avec frère et mère alors qu’il avait 17 ans, sur un bateau affrété par l’industriel, pour travailler à la société minière Peñarroya de l’Estaque. Sa mère, espagnole elle aussi, avait débarqué d’Oran à 9 ans. Leur mariage sera un mariage arrangé par les grands-mères, nous dit Daniel.

Antoine et Joséphine Quero

Aujourd’hui certaines des cours ont-elles aussi été murées et séparées au fil des ventes. Daniel habite toujours au 67, seul depuis le décès de sa femme Berthe Quero qui fut notamment présidente du CIQ St Henri et de l’association « Femmes de Séon ». 

La cour Granon plus connue pour ceux et celles qui y ont joué comme Cour des Miracles

En reprenant la descente à la recherche cette fois des traces de la famille également espagnole de Jeanne, on toque à la porte du 73, la « Maison Granon » où la propriétaire cultivait les semis dans la serre de la cour et faisait pousser les champignons dans la cave.

Nous atteignons la rue Louis Lanata puis faisons une petite pause sympathique chez Emmanuelle, au rez-de-chaussée de cette ancienne maison de pêcheurs joliment réaménagée. Enfin il est temps de finir nos crêpes pour nous remettre en marche une dernière fois afin d’essayer d’atteindre notre objectif avant la nuit…

En bas de la maison habitaient les ânes, qui tiraient les filets de pêches de la côte toute proche

En suivant la traverse Martin qu’on appellait aussi la traverse « va à la mer » nous n’arriverons pas jusqu’à la mer puisqu’avec la construction du port on ne peut plus y arriver, mais nous atteindrons les « poteaux » : comprenez les deux colonnes d’entrée de l’ancienne tuilerie Martin qui trônent encore (pas très fièrement) sur le « Rond-Point France Indochine » (nous dit Google). Le voyage est donc loin d’être fini ! Reste à essayer deviner dans quel pays nous nous rendrons la prochaine fois, mais nous n’en savons rien car on le découvrira chemin faisant, comme d’habitude.

La plage, l’usine, le chemin du Littoral…

MADE IN THE RIVER#1

Made In The River est un projet de créations plastiques et de narration mené par Charlie, Chloé, Arlette et Melville autour de la rivière des Aygalades, basé sur l’imitation de la manière dont la rivière digère les matières qui tombent dans son lit. Ce projet se décline en une série d’ateliers de création de costumes et d’accessoires de déambulation carnavalesque de février à septembre.

Oubliée, malmenée, convertie en décharge aquatique.

Ainsi fait, le portrait de la rivière des Aygalades ressemble à la préfiguration d’un monde désolé et désolant.

Pourtant, jour après jour la rivière infiltre les obstacles qui parsèment son lit, allant même jusqu’à les remodeler à sa guise. Monticules d’ordures, éléments urbains en béton et matériaux composites (organiques et inorganiques) finissent par céder aux mouvements de l’eau, aux actions de la géochimie (décomposition et recomposition), aux variations de températures. L’action globale de la rivière les achemine inexorablement (si on accepte de regarder la situation à une échelle de temps géologique) vers une intégration à sa logique propre.

Métaphoriquement, la rivière peut ainsi être comparée à un gros système digestif. Un de ces systèmes digestif non compartimentés, à l’instar de celui des méduses ou des vers plats chez qui toute la digestion passe par un seul et même organe. Très classiquement somme toute, ce gros tube de 17km de long transforme mécaniquement et chimiquement les aliments qui lui échoient en nutriments assimilables ou non.

Pour cela la rivière :

broie, démembre, démantèle, dégrade

oxyde, corrompt, ronge, dissous

extrait, réassemble, refabrique

rejette les matières non absorbables

Comme tout organisme soumis à la malbouffe et à la surabondance de nutriments, la rivière connaît un risque d’indigestion. Mais elle fait aussi preuve d’une capacité d’assimilation des excès digne d’un organisme post industriel.

Une bonne partie des “aliments” que digère la rivière sont issus du processus de production industrielle contemporain. Hier, fiers représentants des capacités de production de masse, ces objets divers sont arrivés à obsolescence et ont perdu leur valeur marchande. Signe de leur désociabilisation vis-à-vis de la Capitalosphère, ces objets sont abandonnés dans un espace ayant lui aussi perdu sa valeur : la rivière des Aygalades.

Forme de revanche sur un système marchand qui ôte à la rivière toute valeur et (croit lui avoir retirer) toute capacité d’agir, la modification profonde de la matière témoigne au contraire de la vitalité persistante de l’eau. Qu’il s’agisse de digues en béton, de grilles en métal, de carcasses de voiture, de polluants chimiques ou de micro plastiques, tous finissent par être absorbés par la rivière qui les déplace, les délitent, les fond dans son lit.

Mais la vitalité ne s’exprime pas que par l’annihilation des contraintes, elle se manifeste également par la transmission de ses capacités d’agir.

En effet, les caractéristiques des produits industriels sont 1. d’être fonctionnels 2. d’être fabriqués en masse. Or, les objets ayant échoués dans la rivière pour des raisons d’obsolescence achèvent de perdre toute fonctionnalité (en tout cas telle qu’initialement conçue) par la “digestion” : leurs formes s’altèrent, leurs couleurs se ternissent, leurs textures se modifient, ils cessent de correspondre au cahier des charges qui déterminait leur raison d’être.

De plus, la corruption de la matière a pour effet d’éloigner l’objet de sa standardisation originelle : deux canettes en aluminium, similaires à l’issu du processus de fabrication, vont rouiller, se tordre, se trouer etc… chacune de manière dissemblable.

La forme standardisée et figée de l’objet évolue vers une singularité, une autonomie, qui devient signe d’une forme d’histoire personnelle complètement étrangère à la logique de production de masse.

En plus de singulariser l’objet, la détérioration de la forme industrielle vient révéler la faiblesse, la mortalité de celle-ci. La matière, pensée par les designers pour incarner la perfection, une promesse d’immortalité, témoigne soudainement de sa soumission au Temps. Cet aveu permet à l’objet industriel, parfait, et par là même étranger au monde des vivants, d’être réintégré à celui-ci.

Cette réintégration par l’aveu de faiblesse fait dès lors disparaître la barrière absolue entre l’être organique et l’être inorganique, et rend possible l’empathie, l’identification : non pas l’anthropisme mais la conscience d’appartenir à la même matérialité et d’être soumis aux mêmes règles de “fabrication”, “transformation”, “hybridation”, “dissémination”.

Réintégrer les scories de l’industrie au monde des vivants dont elles avaient été enlevées par le processus industriel permet de sortir des dichotomies (“propre/sale”, “vivant/non vivant”, “bon/mauvais” etc) afin d’au contraire renforcer la perception d’une vitalité ambiante, caractérisée par cette capacité de transformation incessante de la matière.

En enlevant le jugement moral sur les “déchets” travaillés par l’eau, nous reconnaissons la capacité d’agir de la rivière et nous pouvons nous en inspirer. Il ne s’agit pas de “sauver” une rivière passive ou uniquement victime mais de prendre modèle sur elle pour augmenter à notre tour notre vitalité. Le “prendre soin” de la rivière commence ici par une sortie de la posture dominante et coloniale du sauveur, pour humblement endosser celle de l’observateur, de l’apprenti.

Imiter la rivière dans son processus de récupération, de transformation et de revitalisation des scories industrielles nous permet de nous reconnecter à notre tour à notre capacité créatrice, démiurgique, sentir qu’il est encore possible d’agir dans le monde à partir de ce qui est présent, accessible, sans ajouter au désordre ambiant.

De même que la rivière hybride la matière en floutant la séparation entre l’organique et l’inorganique, la fabrication de costumes à partir des matériaux collectés dans la rivière ouvre une nouvelle branche d’hybridation possible : celle de la chair humaine et de la matière issue de la rivière.

En acceptant de me costumer, je joue le jeu de changer mon identité, de devenir autre et ainsi de rendre possible des perceptions, des sensations partagées avec d’autres entités. Le travail de CRÉATEUR me permet de devenir CRÉATURE.