Les Créatures émergent

Dimanche 4 juin

Il s’est produit quelque chose pour lequel vous n’avez pas encore de conceptualisation, d’analogie ou d’expérience, quelque chose auquel votre vision et votre ouïe, voire votre vocabulaire, ne sont pas adaptés.  Tout votre instrument est tourné vers la vue, l’ouïe ou le toucher. Mais vous êtes aveugle, mort, engourdi . Non écoutez, pour comprendre ce nouveau monde de sensations, l’humanité doit sortir de ses limites. AHHHHHHHHHHHHHHHHHHH HA HA Une nouvelle histoire des sentiments a commencé.

UMMMM – Forcé de digérer les détritus de votre ingéniosité humaine, le plastique, le métal, les déchets toxiques des industries, je vous enseignerai l’humilité et le sens de l’émerveillement pour les capacités cosmologiques des forces de vie – réparer, renouveler, refaire. Nous trouvons notre propre façon de vivre malgré l’humain. Voyez le grand digesteur travailler au microscope, dans l’enchevêtrement cosmique – un paysage blessé – la vitalité empoisonnée de cette belle vallée. OH Vous vous attendriez à ce que nous soyons continuellement en train de gémir et de pleurer, mais non, contrairement à l’humain, nous avons un sentiment et un rythme patient qui font honte à votre vanité humaine. Combien de pots de maquillage, de tubes de rouge à lèvres, de pots de stéroïdes, d’améliorations, de paillettes et de glamour en plastique se trouvent dans le lit de ma rivière ? Combien de détritus s’écoulent et étouffent mes grilles chaque fois que la pluie tombe fort ? Et combien de respiration, combien de vie et d’espace sont retirés de mon patient écosystème ? Dites-moi, dites-moi, une nouvelle ère de sentiments a commencé….

MADE IN THE RIVER : relier la rivière

Située sur un promontoire, battu par le vent (le site abritait autrefois des moulins) et baigné de soleil, la cité de la Viste domine le paysage du haut de ses tours élancées. Dans ce terroir purement marseillais, la fraîcheur de la mer semble bien lointaine.

Et pourtant, en contrebas du vallon qui sépare la Viste de la cité des Aygalades, postée en miroir sur la falaise d’en face, se love un coin de verdure, irriguée par le ruisseau du même nom : les Aygalades. Vallon et falaise sont d’ailleurs l’œuvre de ce même cours d’eau qui a patiemment érodé le massif calcaire, au point de creuser un passage suffisamment large et profond pour que l’Autoroute A7 puisse s’incruster dans le lit de ce petit fleuve côtier. Peut-être est-ce à cause du flux incessant des voitures que « les Aygalades » évoquent aux riverains le nom d’un quartier, mais pas celui d’une rivière, et encore moins d’une rivière qui coulerait au pied de chez eux. Les « Eaux Abondantes » ont en effet souffert des travaux de l’autoroute : les débris de la construction ont été évacués dans son lit, au point de l’obstruer, et le tracé jugule le cours naturel de l’eau dans un coffrage de béton au point de lui donner l’apparence d’une annexe du canal de Marseille.

Malgré une ripisylve bien fournie, le ruisseau est invisibilisé.

Le chemin qui longe la colline, effleure le passage menant aux grottes carmélites et à la chapelle de Saint Marie Madeleine (signes d’une époque où les pèlerins venaient chercher la quiétude et la contemplation près de ces eaux bouillonnantes), et descend jusqu’au fond du vallon en passant par le cimetière, est peu fréquenté. En tout cas pas par celles et ceux qui rêvent d’une promenade au bord de l’eau. Or, en tendant l’oreille, au niveau des sépultures du carré musulman, on entend clairement murmurer une cascade. Et en écarquillant les yeux entre les anneaux du grillage, on peut même la voir.

Pour le marcheur moins attentif, pas facile de deviner la présence du ruisseau : bordant la Savonnerie du Midi (implantée autrefois précisément au bord de l’eau afin de pourvoir à ses besoins et d’utiliser la rivière comme…moyen d’évacuation de ses déchets), la rue Augustin Roux se caractérise par ses devantures de garages, ses tâches d’huile de moteur et par l’accumulation des déchets sur le bord de la route plus que par le doux glouglou de la rivière.

Pourtant une fois encore elles sont bien là, les Aygalades. Pour les voir dans leur plus bel habit de lumière, l’idéal est de franchir la porte de fer qui donne accès au jardin de la Cité des Arts de la Rue. A condition qu’elle soit ouverte, comme parfois le mercredi après-midi et lors d’événements liés au Jardin de la Cascade.

Avec ces immenses bâtiments de béton et de métal, la « Cité » porte bien son nom et semble se fondre dans le paysage. Mais son enceinte close et les activités qu’elle abrite (créations de décors pour des performances de rue, danse aérienne en baudrier, diffusion de musique expérimentale -parfois à haut volume jusque tard dans la nuit lors de soirées organisées par des collectifs d’artistes…) ne facilitent en réalité pas son intégration dans le 15e arrondissement de la ville, et les habitant.e.s du voisinage ne forment qu’une mince part du public amené à fréquenter les lieux.

La question du partage d’une certaine forme de culture, subventionnée et produite par une scène nationale dans le cas présent, est l’objet d’un vaste débat et n’a rien d’une évidence ni d’une obligation.

Ce qui fait plus l’unanimité, peut-être parce que cela obéit à des besoins plus primaires, c’est le plaisir des visiteurs à se promener dans le Jardin de la Cascade, mis en scène lui aussi par le personnel de la Cité des Arts de la Rue. Surprise de découvrir un espace de verdure en plein dans un quartier bétonné, plaisir de sentir la fraîcheur des arbres et de l’eau, ravissement face à la cascade… les réactions sont à la fois multiples et indifférenciées quelle que soit l’origine géographique des promeneurs, venus du quartier, du centre ville, ou de l’étranger.

L’évidence est là : au pied de la falaise de la Viste, battue par le soleil et le vent, il y a eu et il y a toujours de l’eau ! De l’eau dont on s’oserait n’abreuver, tant elle reflète le développement industriel et urbain de la ville, mais de l’eau qui continue de posséder de nombreuses vertus : celle de rafraîchir, de dépayser et de faire rêver.

Dans H20, les Eaux de l’oubli (Paris, Lieu commun, 1988), Ivan Illich écrit que la propriété première de l’eau sauvage est de provoquer le rêve, par opposition à l’eau domestique qui est réduite à une matière. En poursuivant le syllogisme, on peut alors se permettre d’affirmer que, puisqu’elles parviennent à faire rêver, alors les eaux du fleuve urbain, pollué, oublié des Aygalades sont bien des eaux sauvages.

Le rêve et l’évasion sont donc à portée de main, à 15 minutes à pieds le long d’un chemin qui sent bon l’aventure, avec les cailloux qui roulent sous les pieds et le trou dans le grillage, les cascades cachées sous les frondaisons, le frisson de la traversée du territoire des morts, la porte de métal dont il faut négocier l’ouverture. Le chemin existe mais il faut l’ancrer, le tracer dans les mémoires, le pratiquer suffisamment pour qu’il devienne une habitude, le baliser d’une manière à la fois discrète et éloquente.

VACANCES DE FEVRIER 2023

Rencontre avec les enfants du Centre social del Rio à la Viste.

Première question : savez-vous qu’une rivière coule en bas de la cité ? Qui est déjà allé au bord de la rivière des Aygalades ?

Peu de main se lève, les enfants sont surpris. On leur annonce qu’on va partir marcher, partir à la fois très loin et tout près.

Sur le chemin on se pose des questions sur le paysage, sur les plantes, on cherche à s’orienter, à trouver les indices qui signalent la présence de l’eau. Pour la plupart des enfants l’existence du chemin est une découverte. Sur le terrain en pente, une petite fille crie de peur de perdre l’équilibre, elle n’a pas l’habitude de marcher sur un terrain inégal, quelques cailloux qui roulent lui font se sentir au bord du précipice.

La traversée du trou dans le grillage marque définitivement l’esprit d’aventure. La traversée du cimetière est aussi l’occasion d’évoquer les morts, les grands parents qui parfois ont déjà disparu et qui sont pour certains enterrés ici même.

Ceux qui ne marchent pas trop vite entendent le flot de la cascade de la Savonnerie et cherche à la deviner à travers les branches. C’est l’hiver, il y a peu de feuilles et l’eau jaillissante apparaît.

A la sortie du cimetière, par dessus le petit mur le lit de la rivière est visible pour la première fois. En se penchant par un nouveau trou dans le grillage les enfants commentent l’état du ruisseau et les déchets qui le jonchent.

On traverse la rue Augustin Roux en faisant attention de ne pas se faire renverser par une voiture. Rien ne laisse présager ici que le ruisseau et son jardin sont tout près.

Une fois passée la grande porte de métal, on arrive dans la partie botanique du jardin. Malgré la saison, les plantes, méditerranéennes pour la plupart, sont vivaces. On propose aux enfants de se mettre par deux et de jouer au jeu de l’aveugle et de son guide, afin de découvrir le jardin d’abord avec son nez, ses oreilles et la sensation de ses pieds. Le jeu plaît, même si la proposition de marcher lentement et déployant son attention est nouvelle, il marquera l’entrée dans le jardin de pratiquement toutes les futures visites.

Les quatre drôles d’adultes qui accompagnent le groupe s’échinent à convaincre les enfants que dans l’eau se trouve des trésors, surprenants, déroutants plus que dégoûtants, puisque de toutes façons les objets collectés seront patiemment nettoyés : c’est comme ça qu’on enclenche la relation de soin, en prenant le temps de délicatement faire reluire un élément qui auparavant figuré sur la liste des déchets.

Les enfants rapportent leurs trouvailles jusqu’au centre social de la Viste : ce qui n’est pas une mince affaire lorsque l’objet choisi est..une bonbonne de gaz (vide) qu’il faut traîner dans toute la montée !

Le lendemain les enfants nettoient les objets trouvés et imaginent leur histoire, comme le ferait un archéologue après avoir déterré un fragment d’une civilisation passée : où a-t-il été trouvé, combien de temps a-t-il passé dans l’eau, quel est son nom et son super pouvoir.

Une première mise en forme, des totems (futures indicateurs de la ressource en eau?), est réalisée pendant une session..un peu chaotique même si le résultat final est en fin de compte joyeusement bariolé. Avec de simples morceaux de journaux déchirés on apprend aussi à faire vivre de petits personnages, tout en jambes, une autre manière de découvrir que décidément tout peut être support à histoires.

FEVRIER-MARS 2023

Rencontre avec les femmes de l’atelier couture

Initialement, il était prévu que les ateliers menés avec les enfants le soit aussi avec des adultes. Mais ces derniers n’étant pas « captifs » du centre social comme le sont les enfants, il a été moins facile de les mobiliser sur l’idée d’aller marcher jusqu’à la rivière. Une seule dame s’est présentée au rendez-vous : Aïcha. Elle ne s’est pas découragée et elle a accompagné l’équipe MYTRIDATE tout le long du chemin, faisant aussi sa part de collectage.
Ce jour là, on a découvert un tressage réalisé par la rivière particulièrement bluffant : métal, plastique et queue de renard (ou du moins un matière qui en a la forme) se mélange pour former des sorte de pompons. On les ramasse en se disant que si dans l’absolu on ne sait pas encore quoi en faire, cette forme nous plaît beaucoup tant elle symbolise la symbiose de la matière qui s’effectue dans l’eau.

Avec toutes nos trouvailles et celles des enfants, nous participons pendant 4 séances aux ateliers de couture du centre. En plus Arlette est un bonne couturière, ce qui ne gâche rien et nous permettra de nous rendre utiles en même temps que l’on partage avec enthousiasme nos idées avec les dames qui se réunissent chaque lundi.

La première séance est un peu timide, chacune bricole dans son coin, Arlette aide à faire fonctionner les machines à coudre qui déraillent souvent.
Puis peu à peu au fur et à mesure des séances on se rencontre, on discute, on se donne des coups de mains dans un sens comme dans l’autre.

Plusieurs personnes tissent avec de la laine un masque qui a été commencé par les enfants, on s’amuse de la faculté du caprisun a devenir un excellent tissu pour coudre un tablier.

AVRIL 2023

Les ateliers à l’atelier couture nous auront convaincu qu’il est difficile de parler de la rivière sans l’avoir rencontré physiquement. Sans cela, elle reste une inconnue, une abstraction, voire le sujet de plaisanterie

Mais c’est pas une rivière, c’est un égout ! s’exclame une animatrice que l’on aimerait bien réussir à faire descendre au pied de la cascade.

Alors on a décidé que les prochains ateliers auraient lieu au plus près de l’eau, afin de pouvoir vraiment être à l’écoute de la rivière et inspiré par elle.

Plusieurs personnes sont venues, certaines sur plusieurs séances, d’autres une fois seulement.
Pendant les vacances les enfants de la Viste sont revenus pour retrouver les créations qu’ils avaient entamé en février et réaliser les balises du chemin.

3 MAI 2023

Le jour du pique nique est arrivé !

Parmi les images des « Aygalades autrefois », l’une d’elle a marqué notre imaginaire :

On s’est donc amusé à rejouer cette scène de sortie champêtre au bord de l’eau, en se disant que le dépaysement serait en deux dimensions : voyage dans le temps et Partie de Campagne à deux pas de chez soi.

Nous sommes donc partis avec les enfants de la Viste, empruntant le chemin que désormais ils connaissent bien, le balisant de nos petits mobiles indicateurs de la présence de cette rivière hybride.

A l’arrivée nous avons été accueilli.e.s joyeusement par les grenouilles et les Gammares.

Nouvelle exploration de la rivière, scintillante au printemps, une première pour certains enfants pour qui le caractère magique de l’endroit a tout de suite sauté aux yeux.

Le pique nique s’est conclu par une grande discussion sur le site tel qu’il était autrefois, les habitudes des dames en robes à crinoline, du fonctionnement de la cascade.
Et puis bien sûr cette grande question

« Mais alors, la rivière est-elle vivante ? »

Chacun a donné son avis sur ce « qu’être vivant » signifiait, mais il était certain que la réponse était Oui.

Puis les enfants sont repartis par le chemin que désormais ils connaissent bien.

Leur aventure est visible ici

Merci à toute l’équipe Mytridate et Gammares

Chloé

Charlie

Melville

Arlette

Agnès J.

Claire

Agnès de la Colline

Christiane

Merci au centre social del Rio, à Charlotte et Coline

La Fête Musicale de Caminando Saint-André

Carnet de voyage et de chant

Caminando Saint-André

21 juin 2023

https://issuu.com/hdnsamanta/docs/caminando-2023

Récit photographique d’une balade patrimo/musicale

Tout commence ici…

…à la bibliothèque de Saint-André, les enfants ont construit l’après-midi les bâtons de la Tribu.

et Jeanne nous propose un chant.

Le point de départ du voyage musicale est au restaurant/hôtel Les Tonnelles, on échauffe les voix et les instruments .

Benjamin Pelliccio est venu nous chercher pour la messe..

Mais avant, un petit rituel autour du Platane.

pas le choix, la messe humanitaire, nous est imposé…

ça y est, la parade prend l’ampleur sur la rue Condorcet.

un petit stop à l’école Condorcet, pour écouter l’histoire des écoles raconté par Emmanuelle, de la plaque de la chorale italienne au garage de Momo, de la rivière et des femmes qui nous raconte Agnès.

Terra Canto nous offre l’Italie.

et les Roses de Saint-André nous surprennent avec une danse indienne.

à la rue Pontet, la Fanfare des Familles enchante les voisins au passage.

le balcon de la tia de Jeanne Alcaraz, et les chanteur des Sonnettes nous rappellent la migration espagnole.

on chante la Kabylie, aux immeubles des Tuileries.

rumba maestro! la rue de Grawitz resonne comme l’influence gitane du sud de l’Espagne.

les Joyeuses Petanqueuses du boulodrome de Saint-André, nous ont accueilli magnifiquement. Canteras de la bande à Séon et concert de Barrio Chino.

Cantando à Saint-André

Un beau week-end d’immersion Cantando à l’Atelier sous le Platane.

Nous étions armées des parapluies, assoiffés des chants, le quartier a acueilli nos voix et des voisin.e.s ont ouvert ses portes…

Des chants en espagnol, kabyle et italien, des rumbas et des valses…

Nous vous invitons à nous rejoindre, le 10 et 11 juin pour un deuxième week-end d’immersion cantatrice à l’Atelier sous le Platane de Saint-André.

L’inscription est gratuite mais nécessaire, par ici

Frapper monnaie, acte 2

Après notre première séance d’exploration de l’histoire de la monnaie à Marseille le 18 avril après midi au Cabinet des Monnaies et Médailles avec Sylvain BORZILLO, le Conservateur du Cabinet des monnaies et médailles, ce lundi 15 mai nous nous sommes à nouveau retrouvés à l’AKDemia du Tango pour construire ensemble notre balade patrimoniale sur frapper monnaie à Marseille.

Nous nous sommes retrouvés Michel, Christelle et Lætitia de l’association La Roue Marseillaise, Samanta, Agnès et Prosper de la coopérative Hôtel du Nord et Marion du GLAP (Du Gymnase à Longchamp – Arts et Patrimoine). Nous avons partagé les résultats de nos recherches sur les personnages, les lieux et les histoires qui racontent les monnaies de Marseille.

A partir de là nous avons fixé une date mi octobre, dessiné le tracé d’une future balade, identifié des lieux, des récits et des personnes pour raconter l’enjeu d’une monnaie locale complémentaire aujourd’hui à Marseille au regard de ce que nous raconte l’histoire de la monnaie : Pourquoi une nouvelle “monnaie” à Marseille ? Pour quelles raisons est-ce une monnaie “locale” ? Et de quoi cette monnaie est-elle “complémentaire” ? D’ailleurs, pour quelles raisons Marseille a-t-elle frappée monnaie pendant 2500 ans? Puis des monnaies de nécessité il y a à peine cent ans?

Nous avons fait des détours par l’histoire du trueque en Argentine, des monnaies parallèles impulsées par des militants écologistes en 1995 et qui ont connu leur heure de gloire au plus fort de la crise argentine entre 2000 et 2002 avec plus de deux millions d’utilisateurs pour finir par l’engagement des mairies de secteur à Marseille pour soutenir la monnaie locale complémentaire la Roue.

CAMINANDO SAINT-ANDRÉ

Des chemins et des voix du côté de Séon

En marchant à Saint-André on a trouvé des chemins d’écoliers et des sentiers buissonniers.

En marchant à Saint-André on a trouvé des passages, des recoins, des cours et des balcons, des jardins éparpillés et des fois un peu secrets, des terrains d’aventures et des aventures tout terrain.

En marchant à Saint-André on a écouté des voix d’ici qui racontaient le lointain, on a chanté des chants d’ailleurs juste là.

En marchant à Saint-André nos mille et un pieds se sont rassemblés en un mille pattes de quartier.

Saint-André, c’est l’un des quartiers de ce qu’on appelait Séon.

Un grand quartier bien vivant aux accents italiens, espagnols, kabyles ou sénégalais, et qui s’est retrouvé coupé en morceaux, entre autoroute, centre commercial, développement portuaire, ZAC et fermeture d’usines.

Un jour, des enfants se sont rendus compte que toutes leurs écoles s’appelaient Saint-André. 

Ils habitaient dans les immeubles de la Castellane, ils habitaient au village, ils habitaient en haut ou en bas, d’un côté ou de l’autre de l’autoroute et des rails.

Alors ils ont commencé à chercher ce chemin des écoliers qu’on a oublié. 

Alors ils ont commencé à inventer un chemin buissonnier.

Des adultes se sont mis à les suivre, cherchant dans leurs mémoires comment c’était avant, regardant avec des yeux d’enfant ce que c’est maintenant.

Les musiciens les ont rejoints pour écouter et partager des résonances.

Petits et grands se sont alors mis à suivre la voie des plantes et des chants, pour cueillir les souvenirs, cultiver le présent et planter des histoires à venir…

CHEMIN FAISANT

Rejoignons-les…

Marchons…

Chantons…

Jardinons …

ET RELIONS TOUS CES BOUTS DE QUARTIERS 

CAMINANDO SAINT-ANDRÉ !

Les Rendez-Vous

Mercredis 3 et 17 mai, 7 et 21 juin de 14h à 18h
La bibliothèque buissonnière

[Lectures de plein air, mini balades d’exploration du quartier, ateliers jardinage et arts
plastiques pour les petits et les grands, collectages d’archives du quartier…]

Venez nous rejoindre dans la cour de la bibliothèque de Saint-André pour part
ir en exploration dans le quartier, à la recherche des plantes, des histoires et des musiques de Saint-André. On trouvera comment les partager, en faisant des dessins, des herbiers, des jeux de piste, des jardins qui prendront place dans le quartier!

20 et 21 mai à l’Atelier sous le platane (Saint-André)
Cantando Saint-André

Avec Gil Aniorte, Sylvie Aniorte Paz, Nadia Tighidet et Jeanne Alcaraz.

[Transmissions de chants d’exil, festifs et de travail]

Le temps d’un weekend les musiciens de Barrio Chino viendront partager et transmettre un travail engagé depuis plusieurs années sur les chants issus de l’immigration espagnole (et pas que) et du travail des femmes. Accès libre sur inscription


21 juin
Caminando Saint-André : Fête chantante de quartier
[ateliers de rue, parcours chantant, concerts buissonniers]
Le 21 juin en après-midi et en soirée, on marchera et on chantera dans Saint André au cours d’un parcours musical dans les rues et divers lieux du quartier, pour aboutir à un concert de Barrio Chino et une soirée chantante à partager.
Avec également la fanfare des familles, les chanteurs de sonnettes et les habitants-musiciens de Séon…

Communiqué : Moins de Locations de Courte Durée pour Plus d’Habitant.es à l’année !

Nous, Citoyens, associations, organismes, collectifs à travers la France qui œuvrons en partie ou en totalité pour la réduction des Locations de Courte Durée ( L.C.D ), souhaitons ensemble alerter sur cette activité aux impacts négatifs sur nos territoires et lieux de vie, en particulier sur le logement .

Le développement exponentiel des L.C.D a révélé, accentué, accéléré la difficulté désormais pour une majorité de personnes de conserver ou trouver un logement dans la commune où ils souhaitent vivre et dans un lieu d’habitation adapté a leurs besoins .

L’hospitalité qui prévalait dans nos quartiers de celles et ceux qui vivent, travaillent et séjournent se dégrade, l’urgence du logement pour toutes et tous émerge avec plus d’acuité.

Faute d’une offre suffisante et du fait d’une augmentation sans commune mesure du prix des loyers et à l’achat, cette crise du logement ne concerne plus seulement les personnes en situation de précarité et les classes populaires…mais touche désormais aussi la classe moyenne !  

Face à cela, différentes collectivités territoriales soutenues ou incitées par des citoyen.nes, associations, collectifs… ont mis en place ou tentent de le faire, différentes mesures pour réduire la concentration trop importante de L.C.D sur leurs territoires en particulier dans les zones touristiques.

En effet en attendant d’autres actions pour tenter de résoudre cette crise ( freiner voir arrêter l’augmentation régulière du nombre de résidences secondaires, diminuer les logements vacants …), les municipalités ou intercommunalités ont compris qu’agir en priorité dans ce domaine spécifique des L.C.D pouvait être un levier très rapide pour accueillir à court terme des habitant.es et remettre sur le marché du logement locatif permanent.

A titre d’exemple, Saint-Malo estime que l’application de son règlement municipal réduisant à moins de 2 000 le nombre de L.C.D, permettra de dégager une capacité d’accueil de 1 000 à 1 500 nouveaux habitant.es…et donc d’avoir plus de « volets ouverts » à l’année 🙂

Tout ceci sans dépenses financières et constructions nouvelles risquant de détruire des maisons dans les quartiers anciens ou résidentiels, sans disparition de terres agricoles ou espaces naturels … et ce dans un temps record (2 / 3 ans ) qu’aucun programme de constructions ne pourrait tenir ou permettre !

Si des collectivités territoriales diverses géographiquement et politiquement  ont réussi à trouver “des outils” les plus efficients possibles pour agir concrètement,

certains éléments juridiques, fiscaux…manquent afin que toutes les communes en France puissent de manière la plus facile et simple possible, agir efficacement.  


Ces éléments manquants à proposer et faire voter sont du ressort du législateur et du pouvoir exécutif, des parlementaires  et du gouvernement.

Or, il se trouve que dans les jours, semaines qui viennent, ces acteurs de la vie démocratique vont préciser, s’exprimer, devoir voter sur des propositions visant notamment à encadrer / réguler l’activité économique commerciale de Location de Courte Durée .

A cette occasion et en complément de propositions notamment issues des acteurs historiques qui œuvrent avec force depuis des années sur la résolution de cette crise du logement, nous  souhaitons leur soumettre 3 propositions prioritaires parmi celles que nous avons élaborées ou qui sont en réflexion en notre sein  afin d’atteindre l’objectif de réduire le trop plein de L.C.D dans les territoires en “Tension Logement pour des Habitant.es à l’Année” .

Elles sont les suivantes : 

1. Accorder à toutes collectivités territoriales sans critères d’importance  de la population ou nécessité d’être déclarées en zone tendue, de mettre en place toutes mesures utiles pour  atteindre cet objectif,

2. Inverser la fiscalité immobilière pour favoriser les loueurs à l’année de résidences principales plutôt que des loueurs de courte durée en résidences secondaires,

3. Déterminer un ” interlocuteur “précis  (Services de l’Etat, Conseil Régional…) susceptible d’assurer une mission la plus impartiale possible de centralisation,  de collecte et de transmission d’informations, de données de tous ordres… (y compris transparence des données des plateformes de location en ligne) et d’accompagnement, d’ingénierie auprès de tous les acteurs liés à ce thème.

Nous nous tenons à disposition de toutes et de tous  pour échanger, écouter et être entendus sur ces propositions et d’autres bien sûr que nous portons.

Nous invitons aussi celles et ceux qui partagent notre objectif, notre démarche  à nous rejoindre !

Contacts Information  :  Franck Rolland  06 85 27 16 10  et Hans Gervais     06 07 60 41 01 

Parmi les premiers signataires : 

Veronique Deschamps – Saint-Malo / Bretagne – Collectif Saint-Malo J’y vis…J’y reste !

Prosper Warner – Marseille / Provence Alpes Côté d’Azur – SCIC Hôtel du Nord / SCIC Les Oiseaux de passage 

Delphine Le Mee Bonet- Collectif  T.U.T – Lorient / Bretagne 

Jean Paul Lebas – Nouvelle Aquitaine – Association pour la Sauvegarde de la Presqu’île de Lège Cap Ferret 

Roxanne Berget – Pays de Loire – Ile d’Yeu – Les Enfants de Tempête

Laurent Bougras – Nouvelle Aquitaine – La Rochelle 

Isabelle Ange – Granville – Normandie 

Vincent Aulnay – Paris – Ile de France – ParisvsBnB 

Brigitte Cottet et Jean-Luc Poulet– Auvergne Rhône Alpes – Annecy – Association des résidents de la Vieille Ville d’Annecy

Marjolaine de Sinety – Bretagne – Ile de Batz – Collectif On parle de Toit

Céline Roger – Bretagne – Ile de Houat – Collectif L’ardois Salée

Hervé de Souich – Bretagne – Carnac – Les volets ouverts 56

Laetitia Visse – Normandie – Dieppe

Isabelle Ange – Normandie – Granville

Marie-Hélène Chastanet et Gabriel Grellier – Nouvelle Aquitaine – Ile de Ré – Volets Ouverts 17

Malika Peyraut – Nouvelle Aquitaine – CA Pays Basque – ALDA

Tamara – Occitanie – Saint-Martin de Lansuscle – Association La Logeuse

Caroline Laurent – Nouvelle Aquitaine – Ile d’Oleron – Collectif A l’Année sur Oleron

Guy Largier – Bretagne – Ile de Groix – Association Le Graho

En balade pour Frapper monnaie à Marseille

Le 18 avril après midi nous sommes retrouvés Michel, Christelle et Lætitia de l’association La Roue Marseillaise qui gère la monnaie local complémentaire avec Samanta, Agnès et Prosper de la coopérative Hôtel du Nord pour une visite commentée du Cabinet des Monnaies et Médailles avec Sylvain BORZILLO, le Conservateur du Cabinet des monnaies et médailles.

Notre ambition est de se réapproprier la monnaie à travers son histoire, particulièrement riche à Marseille qui fut la première à frapper monnaie il y a 2500 ans, la monnaie massalia, cent ans à peine après sa création et trois cents ans avant Rome. Depuis elle n’a cessé de frapper monnaie et, si le dernier Atelier de la monnaie situé rue Tapis Vert a fermé en 1857, la chambre de Commerce a continué au 19ème à emmètre une monnaie de nécessité pour soutenir le commerce local.

Aujourd’hui, Marseille continue à emmètre une monnaie local complémentaire pour favoriser les circuits courts et l’engament social et écologique des consommateurs, producteurs et commerçants. Aujourd’hui en version numérique, la Roue est accepté par plus de 300 professionnels à Marseille et est utilisable à l’échelle régionale.

Billet de 13 Roues

Comme le rappelle le plus ancien atelier de monnaie de Marseille retrouvé lors des fouilles archéologiques Place Villeneuve-Bargemon à côté de la Mairie, Frapper monnaie a toujours été une question de souveraineté, d’identité, de pouvoir et d’autonomie.

A travers cette histoire qui passe par le musée d’Histoire de Marseille, le Cabinet des monnaies, le musée d’Archéologie à la Vielle Charité, la Place Villeuneuve-Bargemon, le Palais de la Bourse, c’est l’occasion de partager et redéfinir ensemble l’enjeu de frapper monnaie et de comprendre ce que pourrait apporter une gestion décentralisée, citoyenne, éthique et écologique de la monnaie.

Des pistes ont émergées lors de cette visite et le travail d’enquête se poursuit. Ils nous restent à retrouver les traces dans les archives et les bâtiments des anciens Ateliers de la monnaie. Nous cherchons aussi à comprendre la place qu’ont joué les Grands Hôtels dans l’émission d’une monnaie de nécessité au 19ième. Notre objectif est de proposer une première balade à la rentrée de septembre. Bienvenue.

MADE IN THE RIVER – Nouvelles du printemps

Où en sommes nous actuellement? 2 mois après le lancement de la Gazette du Ruisseau ?

Nous avons écouté le fleuve, en l’observant, en le touchant et en entrant dans sa vie hybride fluide. Cela prend du temps : passer des heures à ses côtés, chercher, explorer et enfin récolter des matériaux le long du lit du ruisseau.

Ainsi, nous pouvons commencer à transmettre et à transformer la façon dont les autres voient et ressentent la rivière, sa vitalité – entendre sa voix : Prendre soin de la rivière en l’écoutant – comme une entité vivante – et en étant en présence sympathique avec cet autre être vivant.

Nous avons enfin nettoyé, rassemblé, tamisé et digéré les divers matériaux trouvés dans ses eaux, incrustés dans les berges, flottant ou noyés, les détritus et déchets humains que le ruisseau tente d’accueillir, de transformer et de revêtir de sa beauté et de son charme.

Maintenant, nous sommes engagés dans la fabrication d’ateliers, nous pouvons commencer à créer un nouveau panthéon de créatures fluviales, d’esprits et de dieux/desses, en co-construisant et re-présentant l’ingéniosité et la créativité du fleuve – avec une haute couture, à travers la délicatesse et l’unicité , mêlant cette nouvelle sensibilité aux charmes et vêtements du quotidien. Nous réalisons ensemble :

Des incarnations des aspects de la rivière : le Dragon/Hydre (source de la rivière) ; La Tête de galets (lit de la rivière) ; Le Sangsue (la symbiose interne à la rivière); la Créature de la Caravelle (créatures de la rivière); La Cascade (Rivière qui coule de l’énergie – eau); Algues/Végétal (Végétation fluviale), Le Digesteur (eau/pluie/soleil/rayonnement/dégradation/à hybridation).

Illusions, mirages : l’eau nous crée le trouble entre rochers et polyesters

D’autres apparitions auront peut être lieu ?

Affirmer cette étrangeté : “je ne suis pas naturelle et pourtant je suis toujours sauvage”, transformer le rebus en préciosité, entendre la beauté cachée.

Cet imaginaire de l’eau, véhiculé à travers la création des costumes, est partagé au cours d’ateliers avec les habitants de Marseille Nord :

Depuis février, l’équipe de Made in The River a partagé des explorations du ruisseau et des ramassages avec les enfants de la cité de la Viste, voisine du ruisseau.

Un chemin relie la cité à la rivière en quelques minutes à peine, à travers les herbes hautes, le silence du cimetière et le brouhaha incessant de l’autoroute. Un chemin qui, si on bifurque à gauche, est aussi celui qui mène à la chapelle de Marie-Madeleine, aux grottes des chrétiens anachorètes du XIIIe siècle qui venaient chercher dans ce havre de paix à l’aplomb de la rivière, calme et fraicheur pour méditer.
S’aventurer sur cette piste caillouteuse, c’est un peu comme remonter le temps, faire un pas de côté pour se reconnecter à un ailleurs temporel, à une époque où le mysticisme de la rivière était une évidence.

Afin de faire ressurgir cette voie.x de l’ancien temps, nous fabriquons des signes, des traces composées à partir de la rivière elle-même, qui témoigne de sa présence cachée un peu plus bas et invite à suivre le chemin pour la retrouver.
Pendant les vacances de printemps, les enfants viennent à la rivière et confectionnent ces mobiles, sortilèges et grigri qu’ils accrocheront le long des grillages et des arbres afin d’affirmer “C’est par ici, l’eau coule tout près de nous”.

Tous les mercredi d’avril, et les deux premières semaines de mai (3 et 10 mai) les ateliers sont menés au pied de la cascade, de 14h à 16h, à la Cité des Arts de la Rue. Bienvenue!

Les 3 et 4 juin, à l’occasion des “Rendez-vous au jardin” les costumes seront mis en scène afin d’évoquer le réveil des Esprits du Ruisseau.

Créations du mercredi 5 avril

Le 1000 pattes des enfants de Saint-André La Castellane #2

Les Oreilles Grandes Ouvertes !

Un habitant de Saint André, Denis Pelliccio, vient nous raconter plein d’Histoires !

Le 1000-Pattes des enfants a embarqué Denis dans la balade du quartier pour qui nous raconte l’histoire de chaque petit coin où il s’est baladait quand il était enfant… 

Nous sommes partis, cette fois-ci, avec les oreilles grandes ouvertes, et Denis nous a laissé imaginer le quartier d’autrefois, rêver des histoires lointaines où les voitures n’existaient presque pas, les animaux étaient très présents, il y avait des arbres et des prairies à perte de vue, des fontaines et des canaux pour se rafraîchir, et les enfants jouaient dans la rue sans danger.

Le voyage commence direct au cœur du château de La Castellane, des grands platanes, une belle terrasse sous les arbres, le ruisseau du Pradel, la vue sur la mer, des oiseaux, la vie calme, la belle vie.

Denis nous a raconté que son grand père était cantonnier et avec sa famille ils habitaient au château de La Castellane, propriété de Gabrielle de Castellane, en 1751, des nobles provençaux depuis le IX siècle.  Au XIX siècle, la mairie de Marseille l’achète pour le louer à des familles modestes. 

Denis se souvient…  « Au château vivaient 6 ou 7 familles, chaque pièce faisait 50m2, c’était magnifique de vivre dans des espaces tellement grands ! Avec mes cousins et cousines, et d’autres enfants du château, on jouait dans la nature, on courait dans les près, tout le monde se connaissait, on était heureux »

Le Mille-Pattes enfants se déplace au grand champ d’en face à La Castellane, en bas de La Bricarde, Denis nous raconte que chaque dimanche avec ses parents ils faisaient la cueillette de la salade et des asperges sauvages, c’était un rituel !

Une des familles, les Bénéteau étaient des maraichers, ils cultivaient de légumes et vendaient à la ferme aussi des poules et des lapins.

La famille Chabouni était les propriétaires de cette belle bastide. Il y avait 220 bastides sur le bassin de Séon, selon le cadastre de cette époque. Elles servaient de résidences secondaires aux bourgeois et aux nobles. 

Nous sommes arrivés aux jardins de la Lorette, 

Les arbres aussi, nous racontent des histoires des hommes !

Celui-là nous parle de la Kabylie…

Devine, devine quel est mon fruit et tu sauras qui je suis :

Je suis un fruit d’automne.

Je suis un fruit a une chair douce et molle.

Mon intérieur est très doux et sucré.

Sous ma peau, on dégustera des centaines de petites fleurs

Je suis marron ou violette.

Je suis plein de petites graines.

On peut me manger fraiche ou séchée tout l’hiver.

Je suis qui ?

Le figuier est un indice ! 

La manière dont ses figuiers étaient plantés là, avec un olivier et un petit jardin avec des fèves, on pourrait deviner, même sans connaitre les gens qui cultivent ses jardins-là, que c’est des gens qui vient de Kabylie. Ils sont une manière de faire leur jardin, une manière d’avoir volontairement planté ses arbres qui donne un indice sur leur histoire culturelle.

Denis nous décrit comment était cet endroit avant:

« Il y avait une très grande ferme qu’appartenait à la famille Beraud, elle s’étendait jusqu’à sur le Pradel (Bd. Henri Barnier). On était petits, on attendait la bonne période au mois de juin pour ramasser les poires de la St. Jean. Le propriétaire des champs avait planté des poiriers, des pommiers, des abricotiers, avant ça se passait différemment, on ramassait les poires, on montait voir le fermier et on allait lui payer. On allait aussi, tous les jours chercher le lait, on venait sur la ferme avec des bouteilles en verre, on allait voir le laitier pour avoir le litre de lait pour le matin, il vendait aussi des très bons yaourts, des poules, des lapins, des cochons, quand c’était la bonne période il vendait de la charcuterie ».

La Lorette, au départ, c’était le nom d’un autre endroit, ce nom-là, il va rester parce que ses personnes-là, ont étaient relogés, des gens qui venaient de Kabylie travailler dans les usines, dans les tuileries, et pour se loger, ils construisaient leur maison avec ce qui trouvaient, ils fabriquaient eux-mêmes leurs maisons et par solidarité ils le faisaient avec les gens qui connaissait, leurs familles et les gens du même pays. 

Tous les gens de Kabylie qui venaient travailler dans les tuileries ils s’installaient ensemble, ça faisait un quartier, un petit village et comme les maisons étaient construit avec des tuiles, du bois, de la tôle et encore des tuiles, on appelait ça un bidonville. 

A l’origine, un bidonville est un petit village construit avec des bidons, et autres matériaux, car il y avait beaucoup d’usines qu’utilisait des bidons, mais ici à St. André c’était des usines des tuiles donc on pourrait dire que « Les tuiles-villes » c’était les bidonvilles de Saint André.

La Lorette était le dernier bidonville de Marseille, qui était situé en bas de la colline, selon Denis, et qui a était rasé lors de la construction du centre commercial du Grand Littoral, avec comme conséquence la relocalisation des familles en 1995 dans ces maisons.

Denis continue « Ma tante avait un métier un peu particulier, elle fabriquait des épingles à linge en bois. C’était des femmes qui n’avaient pas de travail, qui voulaient travailler un peu à la maison, elles étaient payées à la pièce, ça leur permettait d’améliorer les finances de la maison ».

Nous avons montré à Denis le passage secret à notre terrain d’aventures, il nous a effectivement dit, qu’il ne le connaissait pas !

Le grand carnet de voyage continue à s’embellir et à recevoir beaucoup d’information, on note tout ! Et aussi, on cueille et on colle sur le carnet des belles fleurs de printemps. 

Vive le printemps !

Merci Denis !