Récit illustré des marches dans les récits d’hospitalité

Gérard Perrier, passager des balades d’Hôtel du Nord, propose un petit récit illustré des marches dans les récits d’hospitalité avec Christine Breton  et fait réagir Philippe Foulquié.

Petit récit illustré  d’une marche  le 1 avril 2014 avec la coopérative HOTEL DU NORD (Marseille quartiers Nord  ) et ses balades patrimoniales  .

On a pris le train à St Charles sur cette ligne PLM ( dont on reparlera plus avant )  avec le célèbre tunnel de la Nerthe ,le plus long du monde lors de sa construction en 1843-48.On passe la gare de l’Estaque.

Une marche  qui met l’esprit en mouvement avec les récits d’histoires de  fondation  «  improvisés »  par  Christine Breton (conservateur honoraire du patrimoine et sociétaire de la coopérative ) . Le corps et les sens dans le déchiffrement de l’espace .

Donc on marche ce matin venteux et plombé. Vers l’oppidum celte de La Cloche  ( 3ème siècle de notre ère  jusqu’à sa destruction par Trébonius en  49 av JC lors du siège de Marseille), celui de ce réseau de villes perchées  sur les collines de calcaires ,pins d’Alep et chêne kermès ,autour de Marseille.  Celles des Celtes.  On n’en parle plus guère, au profit des Romains et des Grecs, les vainqueurs .Ceux qui écrivent l’histoire ,comme ailleurs.

Ici , autour de Marseille   cet oppidum  contrôlait  l’une des entrées Nord .celle de la plaine de Marignane et de l’étang de Berre, au-dessus de la brèche  dite du » Pas des Lanciers »  (déformation française du provençal : Pas de l’Ansié ou passage de l’anxiété ,de l’inquiétude ,de la peur ).On  en sait  un peu grâce aux travaux de fouilles archéologiques conduites de 1967 à 2001 par une équipe d’ amateurs éclairés sous la conduite de Louis Chabot,  de l’usine Aérospatiale puis Eurocopter  à Marignane, qui vinrent  sur le site tous les dimanches en familles…J’y suis d’ autant plus sensible que dans les environs du Toulon de mon enfance, mes parents avec  mon frère allions aussi voir à la fin des années 50 , les vestiges d’un autre oppidum celto ligure, celui de  la COURTINE ,au-dessus d’Ollioules. Lieu de fabrication des grandes serres de Rastoin ,on le verra plus loin  la mention  sur une photo de porte.

Ici on voit la fin d’une époque récente  celle de la propriété agricole (vin et maraîchage) de la famille RASTOIN .On traverse le domaine ,ses traces de vie enfuie. Ce monsieur chauve  qu’on voit   est d’une famille de chrétiens de gauche dont l’un d’eux fut adjoint de G.Defferre  .Un autre, Pierre,  président de la Ligue des Droits de l’homme. Tout se croise dans ces lieux  .Cet homme  nous accueille avec  l’histoire de son travail, l ’agriculture, achevé avec l’âge, et tient à dire qu’il   est de gauche , adhérent de la Confédération paysanne  et soutient les AMAP… et  qu’il est obligé de vendre le domaine… J’ai appris par d’autres agriculteurs eux  aussi  AMAP, Françoise Sinoir  et Pierre Follet ,  près de Pertuis ,autrefois riche plaine agricole (une pomme de terre fameuse porte ce nom :sur le marché d’Aix des années 70 on vendait « La «  Pertuis)  que ,dans la commune de VILLELAURE ,110 agriculteurs sont retraités ,10 en activité … Ce monde-là meurt.  Autre désastre écologique et social.

Les fouilles citées  ont montré que des  échanges  commerciaux ont eu lieu de la côte catalane au centre de la Gaule à la Bohême allemande ,la Slovaquie. Les constructions des cases celtes  (murets de pierres sèches exhumées) adossées aux remparts se retrouvent dans les mêmes dispositions dans les villages berbères du Maghreb ,les fours et citernes de même .On a aussi trouvé comme à Roquepertuse et Entremont  des crânes humains avec clous, liés à des rites magico religieux qu’on connaît mal. Croisements encore :la cheminée de briques voisine de l’oppidum est l’une de la série des aérations du tunnel de la Nerthe .Lequel contribua  aussi aux découvertes ultérieures des œufs de dinosaures bien connus des aixois….
NB la marche est du 1 avril 2013 et non par anticipation en 2014…

Retour des hauteurs de l’oppidum de   la « Cloche »  : cheminée de briques pour l’aération du tunnel de la Nerthe, la ferme Rastoin et ses serres d’Ollioules qui seront démolies..

Enfin  séance d’explications finales  dans le froid de cette petite gare sans personnel SNCF comme souvent ,hélas, en attendant le passage du train, une heure après celui escompté, supprimé pour cause de travaux. .

Christine Breton sur les oppida celtes en réseau ; Jean Cristofol sur la philosophie générale des réseaux et ceux des Saint Simoniens notamment , grands constructeurs de réseaux capitalistiques (canal  de Suez ,voie du PLM pour acheminer d’abord  le charbon de la Grande Combe près d’Alès pour les bateaux à vapeur de l’Empire colonial naissant à partir du port colonial,Marseille en pleine extension … ) et sur la hauteur à +90m /niveau de la mer ,de la gare St Charles, pour des raisons de déclivité des voies ferrées aux débuts de la locomotion à vapeur ,faible en puissance, par l’auteur d’un livre de référence sur cette gare,  Gérard Planchenault  qui a partagé avec nous son savoir…

Bref si vous voulez vivre un de ces incroyables moments d’humanités insérées dans l’histoire sociale inédite et transversale  de la région marseillaise , allez voir le site www.hoteldunord.coop (balades patrimoniales diverses toute l’année 2 fois par semaine ) inscrivez- vous sur site  ..Lisez les 6 «Récits d’hospitalité »  écrits par C.BRETON et alii  publiés à Marseille par les  Editions communes :editionscommune.over-blog .com déposés à la librairie l’Odeur du Temps, L’Encre Bleue à l’Estaque, à la Friche … et dans les chambres d’hôtes de la coopérative des habitants des 15-16. Qui est en lien avec des constructions coopératives  similaires toutes nées dans les quartiers populaires   d’ORAN (Bel Horizon ) VENISE  ( Faro Venezia )  et SEINE ST DENIS  (Plaine Commune). Sur la base de la convention de FARO de l’Union Européenne laquelle dispose que le patrimoine  culturel est l’affaire de tous les citoyens…

Là où : «… les prolétaires n’ont ni histoire ni patrimoine, eux étaient seulement faits pour reproduire des enfants qui seraient des ouvriers ».. écrit dans de belles pages de conclusion de la « VILLE PERCHEE » (Hôtel du Nord n°2 )  l’auteure pré- citée ,parlant de la rencontre, dans un bistrot marseillais ,  rue de Lyon (dans le 15ème)de Hannah Arendt et Walter Benjamin  en 1940 .W. Benjamin lui remet son manuscrit des « Thèses sur la philosophie de l’histoire «  pour Adorno réfugié à New-York (….) » …juste avant la catastrophe innommable ».

Vous voyez bien comment ces balades parlent de bien d’autre chose que des pierres et des histoires ..Elles nous parlent de nous.GP

PS On trouvera les conclusions des travaux  de LOUIS CHABOT ,  le chef de file des archéologues amateurs d’Eurocopter  (qui ont fouillé le site durant 34 années de 1967 à 2001 !  ) sur PERSEE via Internet  (texte intégral ).

promenade récit

De : Philippe FOULQUIE
Date : 3 avril 2013

Gérard bonjour,
Et merci pour ces compte-rendus de parcours Hôtel du Nord. Je dis depuis longtemps que cet Hôtel du Nord est une magnifique initiative portée par des personnalités dont l’engagement n’a jamais été démenti.
Une sorte de collectif liant habitants et représentants d’institutions qui ont mis en commun compétences, responsabilités et convictions citoyennes pour aboutir à cette merveilleuse histoire de gens. Il convient d’analyser cette histoire, non pour en faire un modèle qu’il suffirait de déraciner pour la planter ailleurs, mais bien plutôt pour montrer comment des projets de gens, de société civile réelle, de citoyens peuvent porter les espérances que n’assument plus des partis et leurs démélés d’affaires ou de renoncements, qui les empêchent de se reconstruire.

Comme les Gabians, comme les Feuillants, comme tous ces lieux qu’inventent des gens soucieux de vivre et las d’attendre l’ouverture de portes de plus en plus verrouillées, comme toutes ces initiatives et ces laboratoires sociaux, culturels ou citoyens que Marseille propose dans tous ses quartiers.

Au moment où la poursuite politicienne par la Gauche des renoncements de la Droite avoue ses misères, quant la continuité du mensonge institutionnel est ça et là interpellée, ce rappel peut encore être salutaire.
Encore merci.

Philippe Foulquié

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