Boud’mer s’associe au séjour Eaux et Jardins

Les hôtes du séjour Eaux et Jardins pourrons si ils le souhaitent faire une balade en barquette « De l’Estaque à la Côte Bleu » le dimanche 19 septembre de 14h30 à 17h30 si la météo le permet.

La balade est organisée par Boud’mer. L’association loi 1901 a été créée par quelques amoureux de la mer et des bateaux traditionnels. Ils proposent de partager des bateaux traditionnels pour ouvrir les loisirs nautiques au plus grand nombre, favoriser les rencontres et redonner vie à cet héritage marseillais.

Le départ se fera du port de l’Estaque où l’association a un bateau (l’Alexia). La balade d’une durée de 2h30 partira de l’Estaque jusqu’à Niolon et passera par une visite du tunnel du Rove.

L’Hôtel du Nord reçoit ses hôtes et les publics du 17 au 19 septembre 2010

Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine 2010 « l’Hôtel du Nord » reçoit ses hôtes et les publics du 17 au 19 septembre

Gratuits et pour tout public les moments d’hospitalité proposés cette année sont créés et organisés par les communautés patrimoniales des 15 et 16èmes arrondissements de Marseille, coordonnés par la mairie de secteur et la coopérative Place. Les premiers hôtes de « l’Hôtel du Nord » et les publics complices du rendez vous annuel des Journées européennes du patrimoine, pourront rencontrer tous les partenaires de l’économie solidaire, les habitants-chercheurs de patrimoine, les réalisateurs des « ateliers de révélation urbaine » et de « l’itinéraire nord » ainsi que les scientifiques et les artistes.

Lire le programme.

Pour ceux qui veulent profiter pleinement de l’hospitalité, ils peuvent séjourner (nuitées, repas) sur place grâce à l’offre de séjour proposée par l’organisme de tourisme solidaire Taddart le 17, 18 et 19 septembre. Voire la fiche descriptive et les tarifs.

NOTER : toutes ces rencontres sont gratuites et engagent la responsabilité des participants. Il est recommandé d’arriver à l’heure aux rendez vous et se munir de chaussures confortables et d’eau lors des balades.

Mise en vente par Taddart du premier séjour Hôtel du Nord

Taddart propose, en partenariat avec la future coopérative Hôtel du Nord dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, le week-end des 17, 18 et 19 septembre 2010, un séjour favorisant la découverte des différents visages de Marseille avec ses habitants qui vous feront aimer et comprendre leur ville, leur quartier.

Le Week-end 3 jours /2 nuits sur une base d’un groupe de 10 à 12 personnes est au prix de 270€ à 320 € pour 2 personnes selon le niveau de confort de l’hébergement. Ce prix comprend : Hébergement chambre double (grand lit) + petit déjeuner + les repas du soir + Cartes bus + balades urbaines + une carte d’accès aux différents départs des balades + une enveloppe de bienvenue avec des produits et adresses de lieux alternatifs à Marseille.

– Voire la description du séjour

Place lance l’Ecole des Hôtes

Le 22 et 23 juin 2010 a eu lieu la première session de l’école des hôtes. Une vingtaine de personnes a participé aux 4 ateliers. L’objet de l’école des hôtes est de se former collectivement aux différentes facettes d’Hôtel du Nord à travers la mise en œuvre  des actions.

L’atelier du mardi matin a été consacré à l’organisation du séjourEaux et Jardins et s’est déroulé à la Savonnerie du Midi. L’atelier de l’après midi a porté sur la mise en place des chambres d’hôtes avec la visite d’une chambre d’hôtes écologique à Plan d’Aups (La maison rouge).

Le mercredi 23 juin, l’atelier sur l’usage de l’espace de travail collaboratif hoteldunord.ning.com a eu lieu à la Gare Franche. Le dernier atelier a porté sur la fondation de la coopérative Hôtel du Nord et s’est déroulé à la  crypte de l’église Saint Louis.

  

 

Présentation Hôtel du Nord à l’école d’architecture de Berne

Voici une présentation de l’Hôtel du Nord par Christine Breton, Yohanne Lamoulère et Jeremy Garniaux, le 18 avril 2010 à Marseille, aux étudiants et professeurs de l’école d’architecture de Berne en voyage d’étude à Marseille. Cette présentation a accompagné une invitation à la réalisation d’une des 50 chambres pour 2013.

Christine Breton et Prosper Wanner : Les communautés patrimoniales : principe actif du développement durable

Préambule

Ce rapport a été validé par l’Assemblée Plénière du 5 février 2009 du Conseil départementale de concertation des Bouches-du-Rhône.Télécharger le rapport.

Introduction :
Ce rapport entre dans le mouvement de réflexion collective lancé par le cdc en 2007 pour comprendre et faire comprendre les principes du développement durable et leurs applications aux territoires du département.
Ce rapport apporte l’éclairage patrimonial, il résulte de nombreux aller-retours entre les pratiques citoyennes déjà existantes dans le département et le cadre de droit nouvellement ouvert par la convention de Faro de 2005:  » Convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel et naturel pour la société. » que vous pouvez consulter en annexe 1.
Ce rapport propose de considérer les patrimoines naturels et culturels des territoires du département des Bouches-du-Rhônes comme une ressource vivante et citoyenne fondatrice de tout processus de développement durable.
Ce rapport ne fait pas l’impasse sur les enjeux théoriques, parfois complexes et pourtant au coeur des engagements des communautés patrimoniales face aux enjeux économiques, sociaux et touristiques:
« Le discours du tourisme culturel affirme avec constance que les touristes s’intéressent toujours plus au patrimoine, aux destinations « authentiques » et aux activités culturelles multiples. Cette affirmation, émise en langue commerciale, accompagne et justifie la mise en œuvre de nombreux projets touristiques présentés comme les futurs « moteurs de développement local ». Le problème est que la lecture des chiffres de fréquentation et l’observation des lieux culturels et territoires non « prestigieux », soit l’immense majorité de l’offre touristique, s’oppose totalement à cet optimisme institutionnel et politique. Le discours du tourisme culturel ne paraît pas rationnel par rapport aux critères marchands et aux fins financières qu’il revendique ».
« Ce qui est recherché par les politiques touristiques – et sans doute par les touristes, n’est alors pas une altérité, une différence, mais ce qui permet de se représenter soi-même, par identification ou différenciation. Les conséquences en sont que le tourisme culturel n’est pas une modalité d’échange et de découverte de l’autre tels que le postulent ses promoteurs, mais plutôt un déficit de pensée de l’altérité et un impensé de l’échange ».

(« L’identité au miroir du tourisme » Thèse de doctorat sociologie, Saskia Cousin, 2003).

1 – Les patrimoines naturels et culturels des territoires du département des  Bouches-du-Rhône seront autant de ressources pour le développement durable qu’il y aura de communautés patrimoniales pour les fonder et les faire vivre.

*Evolution de la notion de patrimoine : le mot patrimoine est utilisé dans ce rapport au sens français. Nous héritons d’un ensemble de formes visuelles et écrites publiques qui fondent le pouvoir et cristallise le corps social. Il ne faut pas oublier qu’Aix en fut le foyer et le berceau. De nombreux collectionneurs privés, tous issus de la sphère du parlement de Provence dont Peiresc, dés la fin du 16ème siècle, ont contribué à fonder  et les premières collections publiques et la royauté de droit divin qui s’inventait. L’un d’entre eux, P.A. Rascas de Bagarris, collectionneur aixois, de noblesse de robe, fut choisi par Henri IV pour être le fondateur et intendant de ses collections d’antiques et de son cabinet des médailles, vers 1598. Il insiste sur l’avantage d’établir des trésors publics et rappelle qu’un prince est obligé de conserver les monuments de la gloire de ses prédécesseurs. Il a écrit un livre toujours d’actualité : « de la nécessité de l’usage des médailles dans les monnaies ». Quelle image tenez-vous dans votre main chaque jour lorsque vous faites votre marché? C’est le premier conservateur public. Encore aujourd’hui, cette continuité publique construite nous fonde dans l’invisible. Après le religieux et le droit divin, l’Etat Républicain a continué d’occuper cette place dans notre imaginaire collectif , constituant ainsi une communauté patrimoniale non dite.
P. LEGENDRE qui a créé l’anthropologie dogmatique démonte ce processus et montre « ce que l’Occident ne voit pas de l’Occident ». Titre chez Mille et une nuits 2004.

* Le service public a la charge du trésor public dans cette tradition française, mais la nouvelle réalité de l’Etat nous oblige à refonder les principes des politiques locales et européennes. Voilà l’enjeu en cours. Le patrimoine est un principe actif dont nous avons encore collectivement la responsabilité.

ATTENTION donc les patrimoines ne sont pas des ressources comme les autres. Nous proposons dans ce rapport les bases d’une gestion alternative qui pourrait donner lieu à des avis pour l’assemblée des élus.

* L’enjeu du développement durable comme gestion alternative et citoyenne des territoires et des patrimoines :
Dans un rapport précédent du Conseil Départemental de Concertation, en 2006, nous avions préconisé l’approche intégrée du patrimoine pour faire du Département un pilote dans l’application des principes élaborés par le Conseil de l’Europe et actualisés dans la convention de Faro que nous rappelons en annexe. Nous avons un outil actif pour fonder des territoires locaux spécifiques intégrés dans la dimension européenne et le processus de sa construction. Encore faut-il savoir s’en servir !! Ces principes sont trop loin des traditions françaises et la continuité en est rompue. Il faut donc les traduire en durabilité. Nous avons plusieurs atouts locaux pour ce faire .

A – Les atouts locaux

Rapide état des lieux en 2008 :
Au niveau général :

– La sensibilisation croissante de l’opinion publique au développement durable se traduit timidement en actes, que nous soyons interpellés en tant que citoyen, professionnel ou simple consommateur.

– Ce changement de comportement, si souvent mis en avant comme fondamental, représente pour chacun une (r)évolution culturelle. Il ne s’agit pas seulement d’avoir les bons outils, un certain nombre de recettes existent déjà, mais de vouloir s’en saisir. Notre rapport avec notre environnement, qu’il soit humain, naturel ou technique, passe par la culture. Tout comme le lien entre générations, fondement du développement durable.

– Les patrimoines culturels, peu pris en compte aujourd’hui dans les politiques de développement durable, sont en passe d’en être le principe actif. Nous les considérons alors non seulement comme un bien commun à conserver pour les générations futures, mais aussi comme l’un des seuls capable aujourd’hui d’accompagner un changement culturel de cette nature.

– Les patrimoines ont une double qualité culturelle et économique qui en ferait un catalyseur de processus collectif, ressort indispensable au développement durable. Il peut être ce « plus petit dénominateur commun » entre des secteurs, des disciplines et des logiques qui se côtoient difficilement. Un bien commun partagé au travers des usages ou valorisations différenciés : économiques, symboliques, écologiques, historiques, sociaux, etc.

– Cette nouvelle ambition pour les élus comme pour les conservateurs du patrimoine est perçue d’abord comme une prise de risque. Et c’est une réelle prise de risque que de passer d’une prise si bien identifiée ­ les politiques publiques du patrimoine ­ à cette nouvelle prise où tout semble «à construire». Mais quels sont les risques à ne pas prendre ce risque ? Le patrimoine n’est pas une marchandise. Aujourd’hui, des conditions semblent réunies pour accompagner une prise de risque.

Au niveau départemental :
Une étude précise sur l’état des patrimoines du département vient d’être livrée par l’Agence Régionale du Patrimoine ; son texte est accessible en annexe 2.

B –  La plus value symbolique base d’une gestion partagée

Dans un autre rapport du CDC, présenté en novembre 2006 : « Le patrimoine Départemental : bien commun et échanges économiques », le CDC préconisait déjà des applications immédiates dans ce sens. Il fut édité et diffusé dans le milieu des professionnels du patrimoine par leur association : l’AGCCPF. Le livre est disponible en bibliothèque librairies et au CDC sous le titre « Valorisation partagée du patrimoine ».

Rapide état des lieux en 2008 :
Au niveau général :

Les patrimoines culturels et naturels sont déjà à l’oeuvre dans les nouveaux processus de création de valeur. Ils deviennent des plus values concurrentielles déterminantes pour se démarquer dans une économie de plus en plus mondialisée et virtuelle.

Le patrimoine est aussi devenu un levier économique du désendettement de l’Etat. La toute nouvelle Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat ­ l’APIE ­ et la récente valorisation exceptionnelle de la marque « Louvre » sont là pour en témoigner.

Cette valorisation accrue, certes risquée, est aussi l’opportunité pour le monde de la culture de prendre langue avec le monde économique, souvent perçu comme antagoniste. Les collectivités locales, les TPE, les PME, les associations, bref ce qui fait l’économie locale, a tout autant besoin du patrimoine pour s’ancrer localement et retrouver une marge de manœuvre économique, propice au développement durable. (Rôle de plus petit dénominateur commun).

Des indicateurs d’encadrement des politiques publiques se structurent au niveau national aussi : l’Etat, dans le cadre de la modernisation des services publics, a construit une batterie de plus d’un millier d’indicateurs de performance. Ils concernent l’ensemble des politiques publiques ­ culture, santé, économie, etc ­ et sont appréhendés du point de vue du citoyen, de l’usager et du contribuable. Les collectivités s’en inspirent de plus en plus au niveau local. Autant de repères pour suivre la prise de risque, comparer sa performante, en tirer des bilans et savoir si elle reste compatible avec les politiques nationales, voire européennes. Cette possibilité est offerte par la loi organique relative aux lois de finances de 2001, la LOLF. (Voir nos annexes).

Une législation qui lie de plus en plus clairement le patrimoine culturel et son environnement, traduisant de fait le passage d’une approche essentiellement culturelle des sites patrimoniaux à une approche prenant en compte l’environnement du site et sa gestion décentralisée.

Au niveau départemental :

La société civile apporte son appui au processus de ratification de la convention de Faro du conseil de l’Europe, tant au niveau professionnel par l’association AGCCPF PACA que plus général par le CDC 13 (rapport 2006).

Des indicateurs d’encadrement des politiques publiques se structurent au niveau local via les travaux de l’agence régionale du patrimoine : Monsieur PARODI, Président du C.D.C. va y apporter sa contribution fin juin dans le n°5 des cahiers de l’Agence.

179 942 ha sont sous juridiction patrimoniale au niveau départemental : 40 sites inscrits (104 680 ha), 68 sites classés (26.200 ha), leurs abords (48 120 ha) et 12 ZPPAUP (942 ha) – Source SDAP.

5 conventions de transfert de monuments appartenant à l’État vers des communes en application de l’article 97 de la loi du 13 août 2004  ont été signées, soit 10%  du national (41) – source Sénat octobre 2008.
10 années d’expérimentation d’application sur le terrain des recommandations du Conseil de l’Europe dans le cadre de la mission européen de patrimoine intégrée ont permis de faire émerger 5 communautés patrimoniales actives et de structurer une méthodologie qui fait déjà école au niveau européen (voire annexe 40xVenezia).

C –  Le droit au patrimoine une mise à jour des ressorts invisibles dogmatiques.

Rapide état des lieux en 2008 :

au plan général :

L’absence ou la faiblesse des référentiels existants concernant la coopération des conservateurs avec le privé fragilise la construction de conventions propres à réguler les rapports de forces, voire les éventuels conflits d’intérêts entre public et privé.

Le droit au patrimoine culturel émerge au niveau européen. Il permet d’envisager plus sereinement un cadre de régulation adapté à la coopération des conservateurs avec le privé : associations, entreprises, particuliers, etc. En proposant de faire passer chacun du statut de « bénéficiaire » du patrimoine à celui « d’ayant droit », elle propose un nouveau cadre de régulation.

Les partenaires privés sont reconnus comme des associés, non plus seulement d’éventuels clients, fournisseurs ou bienfaiteurs. Le patrimoine est public et reste public.

Le statut coopératif devient de plus en plus un cadre de coopération public privé. Dans un rapport précédent du Conseil Départemental de Concertation, en 2006, nous avions préconisé au Département de poursuivre son soutien au mouvement coopératif et en particulier au développement des coopérations public-privé notamment au sein des SCIC. Depuis, notre région occupe la première place pour le nombre de Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Les SCIC associent des acteurs multiples autour d’un même projet qui privilégie son aboutissement plutôt que la recherche de profits à court terme. Les secteurs d’activités des SCIC sont les services à la personne, l’environnement, la culture, le développement local (source notre région n°199).

Au plan départemental :

Les institutions patrimoniales et leurs élus commencent à être sensibilisés aux principes de durabilité intégrant les communautés patrimoniales. La nécessaire révolution méthodologique est en cours pour partager l’ancien monopole public et en faire un service public d’accompagnement scientifique. L’Association des Conservateurs des collections publiques de France propose sur son site à la rubrique « question d’actualité » des exemples concrets en cours: www.ateliermuseal.net.
La pratique des logiciels libres déjà largement utilisés dans les réseaux citoyens du département favorise cette nouvelle valeur partagée. Voir en annexe 3 le texte de J.C.Becquet sur les principes du libre.

2 – Premières conclusions pour une proposition d’avis

La difficulté est d’avancer sur l’ensemble de ces trois fronts de façon collaborative : gestion partagée public/privée, cadre de suivi (indicateurs), (ré)actualisation du droit commun. L’un ne peut pas se passer de l’autre. La coopération sans objectifs clairs se limite souvent à une stratégie d’affichage. Et la poursuite d’objectifs communs sans cadre de régulation ne dure que le temps des fondateurs, voire moins. Si la relation au client ou au bénéficiaire est suffisamment balisée, celle de la coopération public/privée demande à l’être davantage. La reconnaissance de la démarche participative comme un des fondamentaux des stratégies de développement durable, dont celle de l’Etat, et la nouvelle convention de Faro sont deux points d’appui pour s’atteler à la tâche.

A –  PROPOSITIONS DE TRAVAIL COLLABORATIF AU SEIN DU CDC, L’ÉMERGENCE DE LA VALEUR SOCIALE

Depuis la présentation du cadre de travail, nous avons recherché quelques pratiques patrimoniales de coopérations durables dans le département et dans chaque cas, l’angle d’analyse a porté sur la relation établie entre les professionnels publics et les entrepreneur(ses) privé(es) comme une SA (Société Anonyme), une association ou une entreprise individuelle.

La réalisation de portraits de coopération patrimoniale est en cours de publication par le réseau des conservateurs de la région (AGCCPF). Cela a consisté dans un premier temps à aller voir sur les sites, à rencontrer ces personnes, à récolter leur témoignage et des données disponibles. Ensuite, à partir de cette matière, un diagnostic a été réalisé sous trois angles :

– le premier sur la valorisation économique ou dit autrement l’intérêt pour l’entrepreneur,

– le second sur l’efficience et l’efficacité de cette coopération pour le patrimoine,

– et le dernier sur les modalités de contractualisation qu’il a été possible de poser entre l’entreprise et l’institution patrimoniale publique.

Dans quelles mesures une approche coopérative entre un conservateur et une entreprise est-elle performante ? Est-elle compatible avec les cibles de performance que se fixe l’Etat au travers de la LOLF ? Renforce-t-elle l’entreprise ? Contribue-t-elle à renforcer une approche de développement durable pour l’entreprise ?

Les trois exemples choisis par l’AGCCPF PACA témoignent de l’existence effective de coopérations entre conservateurs et entreprises favorables au développement durable. Ils illustrent volontairement les trois axes traditionnels du développement durable : l’environnement, le social et l’économie. Comme ils illustrent les diversités d’entrées possibles : un Musée national, un Musée départemental et une mission communale – Une association, un indépendant et une société anonyme – Une œuvre d’art, un objet patrimonial et un monument historique.

Les conclusions des diagnostiques sont encourageantes :

La coopération s’avère intéressante pour les deux parties. Chacune de ces coopérations est efficiente – ou économe – pour le musée et l’entreprise. Elles sont un moyen efficace pour accompagner la réalisation des missions du musée – amélioration de l’accessibilité du patrimoine, de l’intervention en zones rurales ou en zones urbaines sensibles. Elles se montrent même performantes au regard des cibles fixées par la LOLF aux musées pour 2010. Enfin, elles renforcent les acteurs économiques dans leur choix de s’inscrire dans un développement durable.

La coopération se fait avec une large partie de la société civile – associations, entreprises, collectifs, résidents.

La fragilité de ces coopérations est structurelle : ce sont des initiatives de développement durable peu durables. La coopération repose davantage sur des liens de confiance que sur une régulation contractuelle des rapports. Dans ce contexte, il peut être difficile de passer un cap de développement, d’aller au-delà des fondateurs ou simplement de transférer ces expériences sauf de retrouver un contexte identique.

Une première conclusion à ces portraits est peut-être l’identification de ce chantier qui semble prioritaire pour que de ces innovations, de ces expériences, de ces investigations émerge un cadre de droit commun.

B – UNE EXPÉRIENCE AILLEURS EN EUROPE :

Pour faire comprendre la notion de communauté patrimoniale nous nous sommes décalés dans une ville portuaire et de delta : Venise. Nous avons retenu une expérience citoyenne patrimoniale et durable celle des 40XVenezia.
Les 40xVenezia (quarantenaires pour Venise) est un mouvement de proposition qui cherche à mettre à disposition de Venise ses propres expériences plurielles de citoyens

40xVenezia a trouvé un formidable outil d’expression au travers de son social network (ou NING), instrument de discutions en ligne auquel il suffit de s’inscrire en donnant son nom, une photographie et un cours profil pour se retrouver immédiatement projeté dans une immense agora télématique (plus de 1500 usagers à ce jour) dans laquelle il est possible de connaître le mouvement et de participer à ses activités (www.40xVenezia.it).

Actuellement le mouvement 40xVenezia s’est engagé à promouvoir la connaissance de la Convention culturelle du Conseil de l’Europe paraphée à Faro en octobre 2005 (en cours de ratification). Il a  réalisé une traduction en langue italienne afin de favoriser une prise de conscience citoyenne de la signification du patrimoine culturel. . Un groupe de travail a été constitué pour faire vivre ce droit sur le terrain.

Pour cette raison les 40xVenezia retiennent que la Convention de Faro, qui souligne l’importance du « droit au patrimoine culturel », peut offrir un support fondamental pour mieux interpréter, utiliser, conserver et relancer le sens de la dimension culturelle de Venise, concernant tout autant la relation avec ses propres citoyens – la « communauté patrimoniale » – que plus largement celle avec le monde qui entre en contact avec cette communauté.

Sur l’exemple de la méthodologie des ballades patrimoniales créée à Marseille, l’une des premières villes d’Europe à s’être engagée pour faire connaître à ses propres citoyens la Convention, deux ballades patrimoniale vénitiennes ont été réalisée en 2008. Voir : www.40xvenezia.it

C- NOUS PROPOSONS SUR LA BASE DE CES EXEMPLES CONCRETS CINQ AVIS COOPÉRATIFS QUI DÉCOULENT DE CES APPLICATIONS DE TERRAIN, À DÉBATTRE EN COMMISSION

A- Le premier avis vise à rendre plus explicite l’intérêt de l’entrepreneur qui coopère à valoriser sa ressource patrimoniale et celle désignée comme bien commun. Nous voyons dans les exemples qu’il n’est ni un client, ni un fournisseur, ni un mécène des patrimoines mais bien l’associé d’un projet commun. Comment y trouve-t-il son    compte ? En quoi cette coopération renforce-t-elle son positionnement ?
Nous pourrions préconiser un élargissement des cadres d’indicateurs par une prise en compte de l’existence d’intérêts privés (associations, entreprises, particuliers) dans la gestion du patrimoine qu’ils restent à nommer et évaluer. L’agence régionale du patrimoine, le Ministère des finances via l’APIE ou la promotion des PPP (Partenariats Publics Privés) ­ pourraient être sollicités à ce sujet. Il s’agirait de mesurer l’intérêt de la société civile à contribuer à une gestion partagée du patrimoine.

B­ Le second avis vise à mesurer la coopération du point de vue des politiques patrimoniales publiques. C’est-à-dire la capacité à atteindre les objectifs correspondant aux missions d’intérêt général inhérent au projet de coopération. Afin de pouvoir comparer l’efficience du processus coopératif au regard d’autres expériences et à la cible que s’est fixée l’Etat pour les années à venir, les indicateurs sont au préalable récupérés au sein de la LOLF et à intégrer dans les services départementaux.

C ­ Le troisième avis porte sur l’efficacité de la coopération. Il s’agit de mettre en regard les moyens déployés et les résultats fixés. Ou dit plus simplement d’en évaluer le rapport qualité/prix. Toujours dans la perspective de pouvoir comparer l’efficacité du processus coopératif au niveau européen et national, la LOLF est réutilisée ainsi que les mesures territoriales existantes comme les ZPPAUP. Comment ces coopérations contribuent-elles à maintenir un haut niveau de service public dans un cadre de maîtrise de la dépense publique ?

D ­ Ce quatrième avis porte sur l’implication des membres de la société civile (entreprises, associations, particuliers, etc), sur les questions se rattachant aux patrimoines et leurs niveaux de conventionnement. Cet avis de Gouvernance démocratique nécessite un changement radical des catégories du savoir. Le patrimoine quitte le contexte de l’éducation pour celui du développement durable. Ceci implique une large réforme de la machine administrative qui tombe bien puisque le débat public sur la modernisation de la fonction publique a été lancé officiellement le 1er octobre 2007. Le CDC pourrait ainsi participer à l’élaboration de leur livre blanc (voir article en annexe). Elle nécessite un droit patrimonial (cadre d’action et de régulation) et donc l’application du texte de la convention de Faro du Conseil de l’Europe sur les Bouches-du-Rhône par une signature symbolique en attendant que l’Etat le fasse. Dans ce même mouvement, le Département peut annoncer la mise en route d’un agenda 21 expérimental sur les patrimoines du département. Ce serait le début du processus et la reconnaissance des partenaires potentiels ainsi motivés.

E- Proposer la mise en oeuvre expérimentale de l’article 11 de la convention de Faro au niveau départementale ; « Article 11 : Organisation des responsabilités publiques en matière de patrimoine culturel ». Dans la gestion du patrimoine culturel, les Parties   s’engagent :

à promouvoir une approche intégrée et bien informée de l’action des pouvoirs publics dans tous les secteurs et à tous les niveaux ;

à développer les cadres juridiques, financiers et professionnels qui permettent une action combinée de la part des autorités publiques, des experts, des propriétaires, des investisseurs, des entreprises, des organisations non gouvernementales et de la société civile ;

à développer des pratiques innovantes de coopération des autorités publiques avec d’autres intervenants ;

d. à respecter et à encourager des initiatives bénévoles complémentaires à la mission des pouvoirs publics ;

e. à encourager les organisations non gouvernementales concernées par la conservation du patrimoine d’intervenir dans l’intérêt public.

Récit du Séjour Côté Nord d’Hôtel du Nord

Avant de partir :

Cela fait déjà deux ans que j’ai lu ces mots :

« Disons, pour être plus précis, que certaines villes supportent d’être parcourues suivant un chemin balisé, qu’il y a des quartiers à voir, ce qui signifie que, pour d’autres, ce n’est pas la peine. Au fond, l’itinéraire est l’aveu qu’il y a du déchet. Alors, soyons objectifs; si quelqu’un vous demande que voir à Marseille, la réponse à apporter est simple: tout. »

Par Patrick Cauvin, publié le 01/11/2004, l’Express

Séjour chez les hôtes

Tout d’abord, à noter que je suis un « habitué » des séjours en chambre d’hôte. Dans des contrées plus au nord (Savoie, Alpes de Haute Provence etc.) depuis la fin des années 90. J’ai de plus en plus apprécié ce mode de séjour. Presque toutes mes expériences furent positives. Quelquefois même, s’installait une sorte d’« amitié »/connaissance autour de discussions avec mes hôtes, de la politique, de la situation des populations « étrangères », des rapports entre ces gens qui se sont installés là dans la campagne et les « indigènes »…

Donc tout cela pour dire que je savais que ce genre de séjour peut être, pour moi, une chose « intéressante », car je cherche le contact avec les hôtes.

Dès ma « découverte de Marseille » en 2007 (en fait là, ce fut seulement un séjour de deux nuits et un jour…ça a suffi pour allumer le feu), j’ai cherché une « chambre d’hôte » – on pouvait en trouver, mais il fallait réserver des mois en avance. Depuis j’ai fait plusieurs voyages à Marseille et à chaque fois, je regardais s’il y avait quelque chose de nouveau. Et, enfin, enfin, je découvrais « Hôtel du Nord » – qui était déjà dans mon « radar », je crois, il y a deux ans !

D’après les infos d’internet, j’avais l’impression, bien que ce soit ciblé sur 2013, qu’ils étaient en train de s’organiser. Mais dès le début, ce qui m’intéressait – et je voulais en savoir plus -c’était l’idée de donner aux visiteurs, en plus d’une chambre, un« insight ». Je n’avais pas encore bien compris ce que c’était vraiment et ce fut seulement durant mon séjour que j’ai vu ce que c’était. A vrai dire, une drôle de curiosité me poussait. J’allais ainsi de temps en temps visiter le site et je fus heureux quand je lus l’annonce du « séjour Côté nord ». C’est comme ça que je suis arrivé là.

Mais revenons aux hôtes et à leurs rôles. L’intégration à la vie des hôtes a été plus intensive que celle que j’ai connue ailleurs ; je m’y attendais un peu, vu le programme.

Les repas qu’on prenait ensemble m’ont donné la possibilité d’avoir un « plus » par rapport au « programme officiel. À part le petit déjeuner prévu par le programme, ils m’invitaient à prendre l’apero et en plus à partager leur copieux dîner sur la terrasse perchant sur la rade. C’était l’heure de parler sur les aspects plus locaux, en l’occurrence, de Mourepiane, de sa situation, de l’histoire du dernier siècle, de l’industrie (pétrolière par exemple), de la conversion de la zone de port en zone d’activité, enfermée derrière les grillages, ce qui empêche donc l’accès à la mer.

Je reviendrai, aussi, sur ce que j’appellerai l’ « ancrage » chez les hôtes, après avoir discuté de quelques thèmes et problèmes qui ont été particulièrement présents pour moi dans le séjour –j’ai appris beaucoup de choses, j’étais impressionné, parfois irrité, j’ai beaucoup réfléchi, etc. etc.

Libre accès

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

« Libre accès» est un thème qui est apparu, sous différents aspects, aussi bien du côté hôtes que du côté programme organisé/ballades. Mon arrivée chez mes hôtes coïncida avec l’heure de l’apéro que l’on a pris sur la terrasse (comme je m’y attendais!) et le « problème » s’imposa là, en pleine face, devant mes yeux : le port ou ce qui est devenu le port, une zone industrielle, derrière des grillages ; là j’ai compris ce que voulaient dire certains intitulés du programme qui parlaient d’autorisation d’accès au port. Grâce aux descriptions très vives de Max, mon hôte, je pouvais m’imaginer la situation d’avant l’agrandissement du port dans les années 50. Pour une première heure, c’était déjà une entrée dans la question, sans la comprendre totalement bien sûr, mais il y aurait d’autres jours et d’autres occasions « ballade sur mer » par exemple pour en discuter et en savoir plus.

Ce thème fut aussi très présent durant la ballade « Plan d’Aou », à l‘œil nu (voir photo) ou dans les récits (« le mur ») et même dans l’action, en traversant plusieurs de ces barrières pendant la marche…

Pour moi, c’est vraiment curieux de pouvoir intégrer un thème/motif dans ses différents aspects, visibilité, action et récit/témoignage. J’ai l’impression que cela donne aux questions une très grande intensité, car ce n’est pas seulement « la raison pure » qui est impliquée, mais aussi le côté émotionnel.

Urbanisme

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

Ce que j’appellerai un« urbanisme cru » s’est imposé à moi, à mes yeux, sous divers aspects et à différents moments, dans les ballades organisées, à la soirée à la Cité des Arts de la Rue… : tout ce « bric à brac » de sites de production, actuels et anciens, de friches (le fameux « terril » près des Aygalades), de terrains de stockage de containeurs, de centre commercial comme le « grand littoral », avec en-dessous un autre désert de friche, des étangs vides à côté…

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

En fait, c’est surtout lors de la seconde partie de la ballade « plan d’Aou », que cela s’est imposé – après bien des impressions que j’avais déjà eues à St. André et aux Aygalades – comme des bizarreries que je n’aurais jamais imaginées dans mes cauchemars.

L’impression était la suivante : j’ai besoin d’un terrain pour le stockage de containeurs, un centre commercial, une usine, une autoroute ? Je prends les pentes des anciennes carrières d’argile. Et c’est ainsi qu’on instaure la séparation entre les habitations « d’en haut » et celles des anciens villages. Ce qui donne naissance à une zone cauchemaresque, tarkovskienne…pas de lien, difficile de se comprendre (différent de Stuttgart, de Lyon), des mondes à différents niveaux : mer, colline, au milieu ( pentes où il y a le plus grand bric à brac)

« Le social »

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

J’ai toujours essayé de mettre ce que je découvrais dans les ballades (St. André et Plan d’Aou), en relation avec la situation en Allemagne que je connais un peu.

J’avais l’impression d’une très grande séparation entre les immigrants du Maghreb et « les autres »). En centre ville, « le voile » est très, très peu présent pour mes yeux allemands – sauf dans les quartiers arabes où il y a aussi une séparation …Le mot ségrégation m’est venu à la tête.

Revenons au séjour lui-même : c’est bien la ballade « Plan d’Aou » qui m’a fait voir cette réalité, c’est devenu très concret grâce aux récits sur la démolition des habitations, leur remplacement, l’édification de murs (en Allemagne, on n’aime pas du tout les murs et les barbelés, trop d’images très tristes du dernier siècle dans la tête), les portes, les fenêtres cassées volontairement par quelques « mercenaires » de la spéculation. Grâce aussi aux discussions que tout cela suscitait. Je m’en souviens d’une en particulier entre un participant de la ballade et la guide qui mettait en évidence la difficulté de se comprendre et de comprendre certaines choses, les portes fermées, les hurlements le soir…Et puis, en plus de tout cela, grâce à un très beau cadeau que l’on a reçu sur cette ballade : des plans guides, fabriqués par des enfants de l’école, qui proposent un parcours et des actions : ce qu’il y a à voir, à faire, ce que c‘est pour un enfant de passer ses jours sur cette plaine perchée.

Et bien sûr à presque tous les pas, il y a le soleil et la mer…très précieux, j’apprécie beaucoup ! 
Intégration des Réalités

Pour résumer, pour décrire un peu ce qui s’est produit dans « ma tête » pendant le séjour et les semaines après et qui est bien sûr encore en processus, j’utiliserais l’expression d’ « intégration des réalités ». Comment intégrer ces réalités dispersées, contrastées, côte à côte que l’on a vues, vécues en une identité qui serait celle des quartiers nord ?

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

On pourrait faire comme une stratigraphie de ces diverses réalités spatiales (horizontal, vertical) et temporelles.

De plus, cette pluralité de réalités s’adresse autant à l’intellect qu’aux émotions. Par exemple, au cours de la ballade des Aygalades, sur le terril particulièrement, j’avais l’impression d’être dans un film de Tarkovski (Soleris, Stalker), avec à la fois une idée et un sentiment d’isolement, d’étrangeté et de déstructuration. Je n’avais jamais vécu ça de cette manière

En fait, ce processus d’intégration pourrait à voir avec un processus de « Aufklärung ».

Les hôtes comme ancrage

Après le récit de toutes ces expériences qui me sont chères, je voudrais revenir aux hôtes et à leur rôle dans ce processus. Si j’y réfléchis, ils assurent comme un ancrage des choses vécues lors du programme officiel. Je pouvais ainsi raconter, discuter, montrer des photos le soir ; on proposait ensemble des titres pour les photos, « la savanne », la »mer en prison », qui exprimaient les opinions et les attitudes de chacun– et bien sûr, celles de mes hôtes n’étaient pas toujours les miennes.

On a vu, visité des choses qu’ils ne connaissaient pas ou pas bien. Mon récit, notre discussion nous donnaient une autre perspective, modifiaient nos opinions respectives. C’est bien aussi d’inverser le sens des flux d’informations et opinions des visiteurs aux hôtes.

The future ?

Je ne sais pas encore. Le processus est en train d’évoluer. Je raconte, je montre mes photos. Les réactions sont bien intéressantes. J’en ai montré certaines de la « désindustrialisation », de paysages « vides » à un ami de l’Allemagne de l’Est : la réaction était attendue, mais tout de même intéressante.

J’ai un peu l’impression que c’était « le » début. Quel début ? Est-ce qu’il y a une « transformation » ? On va voir.

Ce texte s’inscrit dans le cadre du travail de Michèle Jolé professeur en sociologie urbaine et plus particulièrement sa publication de janvier 2012 : Hôtel du (des quartiers) Nord ? La construction singulière d’un bien commun urbain in Metropolitiques.

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

Séjour du 15 au 18 Sept. 2011 (+ 2 jours en privé chez les hôtes)

Dr. Jochen Eckert

 

Christiane Martinez : La mer et les mères

Qui dit que dans notre cité, il n’y a pas la mer ?
Chez nous, on n’a pas la mer mais on a des idées. 
Comme toutes les années, quand arrivent les beaux jours, les gamins de la cité se cotisent, rachètent une piscine gonflable et l’installent près de la bouche à incendie, juste en face de leur école primaire.
Et là, un énorme jet d’eau jaillit et remplit la piscine. Et les minots, comme les plus grands s’en donnent à cœur joie. 
Les mamans s’extasient de voir leurs gamins s’éclater jusqu’à les envier. Certaines d’entre elles osent même tremper leurs pieds. Les touts petits apportent leurs jouets et les font flotter sur l’eau. D’autres sucent des glaces à l’eau.
Et les mamans se félicitent de les voir tomber de sommeil assez tôt.

“La mer côté nord” vue par  Christiane Martinez, Hôte Hôtel du Nord

Ecrit par Christiane Martinez :

  • Christiane Martinez : La mer et les mères

Recit n°3 : Imagine un desert !

« Imagine un désert» 
Récits d’hospitalité d’Hôtel du Nord n°3 
Textes: Christine Breton
Artiste invité : Valérie Jouve
Illustrations et photographies : École biblique et archéologique française de JérusalemValérie Jouve
Format 15/16 cm, 112 pages couleur
Année de parution : 2011
Prix : 15 euros

Quand la ville se développe sur un site qui a été une Solitude, un Désert, réservé au silence et au retrait du monde, les traces de cette confrontation contradictoire vivent dans le repli des mémoires des habitants. Du sommet aux piémonts de l’étoile, qui domine le nord de Marseille, les attitudes de la limite, vécues avant nous dans les Déserts, se transmettent et nous enseignent. Quel goût laissent-elles dans nos contraintes et rêveries urbaines actuelles ?

Le troisième récit d’hospitalité se laisse embarquer dans les lointains marseillais et continue d’interroger les modèles importés qui fondent la ville d’aujourd’hui, de Sainte-Marthe à la Galline. Saurons-nous traverser la fureur de la scène et des personnages portés par l’esthétique du Désert ? En réponse à cette question, l’artiste Valérie Jouve nous entraîne dans la plaine de Jéricho…

Les Récits d’hospitalité proposés au format 15/16 par l’historienne Christine Breton renversent le point de vue sur la ville et prennent pour centre l’ensemble des quartiers septentrionaux. Ecrire l’histoire de Marseille depuis son Nord, c’est chercher d’autres récits de fondation, c’est aussi ajouter une proposition de plus à tous les récits possibles autour des chambres de l’Hôtel du Nord.

Les récits d’hospitalité ont reçu la marque HduN et sont diffusés dans les chambres et les commerces en proximité.

Les numéros sont disponibles dans toutes les chambres d’hôte, dans les librairies suivantes et bien sûr, sur commande en écrivant à editionscommune@free.fr

Dans les 15 et 16iéme arrondissement :

Dans le centre ville : consulter le site des éditions commune

 

Prosper Wanner : La coopération peut-elle stabiliser durablement l’économie du patrimoine ?

La nature du patrimoine « à protéger » ne cesse de s’accroitre : patrimoine naturel, industriel, immatériel. Les financements publics pour le conserver, eux, connaissent une baisse tendancielle. Face à cette situation, plusieurs institutions publiques ont misé sur le développement de modes de financements privés. Le mécénat et le « tourisme culturel », au centre de ces nouveaux modes de financement, montrent aujourd’hui leur forte sensibilité à un contexte économique incertain. Les musées américains comme ceux italiens doivent faire face à une baisse brutale de leurs ressources privées. La demande culturelle et encore plus le mécénat connaissent une forte baisse.

Les engagements financiers sur le long terme tels que les travaux de restauration ou la préparation d’exposition peuvent difficilement être tributaires d’aléas économiques comme le prix du pétrole ou la spéculation financière au risque d’hypothéquer l’inaliénable.  Les critiques sur le recours au financement privé ont jusque là porté sur les risques d’instrumentalisation : perte de sens, surexploitation, marchandisation. La crise pétrolière puis financière de 2008 pose la question de sa stabilité.

Cette situation, baisse des ressources publiques et incertitudes des ressources privées sensées les compenser, donne une valeur économique particulière à la participation citoyenne aux politiques du patrimoine. Elle contribue à rendre moins vulnérable l’économie du patrimoine. Jusque là sous estimée, elle permet de mieux répartir les risques. Elle repose sur des modes de financements diversifiés par leur nature (bénévolat, financements publics, participation, commerce) et leur filière (commerce, agriculture, éducation, …).

La répartition des rôles et des intentions entre les acteurs privés et publics évolue.

Les politiques publiques évoluent dans le sens d’une culture du résultat : mesure de la performance, justification des dépenses, valorisation des ressources. Les conservateurs sont appelés à devenir davantage des gestionnaires. Concernant les acteurs privés, des entreprises à but lucratif ou non prennent en compte la défense d’intérêts jusque là portés par la puissance publique : responsabilité sociale, développement durable, économie solidaire. Des personnes entreprennent pour défendre un patrimoine menacé. Le cloisonnement traditionnel entre économie et culture laisse place à davantage d’interrelations.

Cette situation soulève autant d’espoirs que de craintes. D’un coté, elle soulève la crainte d’une instrumentalisation croissante du patrimoine : perte de sens, surexploitation, marchandisation. De l’autre, elle repose sur l’espérance d’une contribution accrue du patrimoine au développement d’une société plus démocratique et pacifique.

Plutôt que de se faire face, des conservateurs et des entrepreneurs cherchent à développer de nouvelles formes d’économie du patrimoine basées sur la coopération.

Notre coopérative est positionnée sur l’émergence de coopérations économiques public privé favorables au développement durable. A la demande de l’association générale des conservateurs des collections publiques de France, section Provence-Alpes-Côte-D’azur (agccpf), nous avons réalisé en 2007 trois diagnostics économiques de coopération alliant des conservateurs et des entreprises favorables au développement durable. Nous avons choisi comme grille d’analyse celle mise en place pour accompagner la modernisation de l’Etat français : mesure de la performance vis à vis du contribuable (efficacité), de l’usager (qualité du service) et du citoyen (impact socio-économique) auquel nous avons ajouté la performance vis à vis de la société (développement durable).

L’une des trois coopérations est celle développée à Marseille entre l’association Boud’mer et le MCEM, musée de société consacré aux civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. L’association Boud’mer concilie la protection de l’environnement marin et la démocratisation de son accès. Ses 300 adhérents partagent l’usage d’une dizaine de barques traditionnelles et sensibilisent le grand public au patrimoine marin : sorties thématiques,  expositions. Le MCEM lui a confié depuis 2006 l’entretien, la conservation et la mise en valeur de la barque L’Espadon. La coopération s’avère intéressante pour les deux parties. La barque est mieux conservée en mer, accessible tout au long de l’année et les coûts sont partagés. Elle contribue à mettre en valeur et protéger le patrimoine marin local.

Chacune de ces coopérations s’avère performante. Elles sont un moyen efficace pour accompagner la réalisation des missions du conservateur : amélioration de l’accessibilité du patrimoine, de l’intervention en zones rurales ou en zones urbaines sensibles. Elle lui permet de faire appel à des compétences externes complémentaires. Les coûts sont partagés sur des modes de financements diversifiés : bénévolat, financements publics, participation, commerce.

Cette coopération renforce tout autant les acteurs économiques dans leur choix de développement durable. Ces entreprises, moins lucratives à court terme, ont difficilement accès au front de vente pour se faire connaître et  au capital risque pour investir. L’accès à un patrimoine leur permet de bénéficier d’un capital culturel, d’une notoriété ou d’une marque de reconnaissance qui n’est pas indexé sur leur lucrativité à court terme.

Les intérêts sont partagés. La coopération se fait non pas sur la capacité des acteurs à faire fructifier le patrimoine mais sur leur capacité à contribuer aux politiques patrimoniales : conservation, protection, mise en valeur.

Ces diagnostics, diffusés dans le milieu professionnel par l’agccpf via son site internet www.ateliermuseal.net, contribuent à valoriser le potentiel du patrimoine culturel en tant que facteur de développement économique durable (article 10 de la convention de Faro).

Le diagnostic a mis en évidence que les trois expériences partagent aussi une fragilité structurelle : ce sont des initiatives de développement durable peu durables. La coopération repose sur des liens de confiance et peu sur une régulation contractuelle des rapports public privé. Paradoxalement, leur réussite peut rapidement les déstabiliser faute de cadre de régulation bien établis.

Il existe peu de références sur le plan juridique et scientifique permettant de réaliser ces coopérations en toute transparence (indicateurs, critères) et de manière démocratique (cadre de régulation). La coopération entre acteurs privé/public du patrimoine demande à être davantage balisée. Chacun a cherché à adapter des cadres déjà existants, à passer des conventions bipartites, à donner des habilitations ou des agréments pour faire au mieux.

Ce manque de référentiels freine le développement de coopérations entre les acteurs publics et privés du patrimoine. Le passage de référentiels si bien identifiés – les politiques publiques du patrimoine – vers des processus de coopération avec le privé représente d’autant plus une prise de risque. Peu de conservateurs envisagent aujourd’hui la coopération comme un élargissement possible de leur mode d’action.

La convention de Faro est en ce sens essentielle. Elle engage les parties à développer les cadres juridiques, financiers et professionnels qui permettent une action combinée de la part des autorités publiques, des experts, des propriétaires, des investisseurs, des entreprises, des organisations non gouvernementales et de la société civile (Article 11) en échangeant, en développant, en codifiant et en assurant la diffusion de bonnes pratiques (article 17).

En février 2009, fort de ces trois diagnostics, le conseil départemental de concertation des Bouches-du-Rhône, réunissant une centaine de personnes représentantes de la société civile répartie en quatre collèges, a adopté à l’unanimité cet article 17 de la convention de Faro comme recommandation aux élus du Conseil général des Bouches-du-Rhône.

Prosper WANNER.

SCOP PLACE février 2009 : Contribution à l’ouvrage du Conseil de l’Europe « Le Patrimoine et au delà » portant sur la convention cadre sur la contribution du patrimoine culturel pour la société, dite « convention de Faro ».

Article de référence : article 10 de la convention de Faro «  Patrimoine et économie ».