Notre chantier d’exploration Littoral-Saumaty a commencé le premier décembre. Prochaine balade le 19 janvier (prendre contact avec Julie si vous avez envie d’y participer).
Récit-remix avec les photos de Agnès, Audrey, les témoignages et souvenirs de Danièle, Julie et Nathalie.
Ce fût une séance où on a eu le sentiment de rencontrer plein de monde.
On ne se connaissait pas forcément, alors on a pris le temps de se présenter, de se raconter pourquoi on était là un mardi matin à 8h30 dans un bar à coté d’une station service où jamais on ne s’arrête d’habitude.
Danièle, François, Carmen, Jean Marie, Nathalie, Audrey, Sophie, Julie, Marie, Cossimo, Anne, Rémi, Agnès, Louis… Finalement on se rend compte qu’on a tous une petite histoire avec la mer ou la pêche, mais c’est un fait que tout en habitant là le Port de Saumaty est plutôt un mystère…
Quand on explore on cherche toujours les passages, ça fait partie du jeu… En voici un intéressant et même finalement très intrigant quand on découvre les anciennes voûtes qui soutiennent la structure actuelle. Un fil à tirer vers la ville invisible…
Explorer c’est aussi expérimenter l’hospitalité des lieux, les barrières, ce qui passe, ce qui ne passe pas, comment passer là où cela ne passe pas et finalement ça passe…
Une demi heure de conciliabule avec un agent de sécurité qui reconnait que si on était en voiture on pourrait pu argumenter qu’on allait chercher des glaçons,
si il était midi on aurait pu dire que l’on allait manger des tapas,
si on était avec Fernandez on aurait pu dire qu’on était avec Fernandez,
mais là il était 10h et on était à pied, juste des voisins intéressés par leur quartier,
mais ça ce n’est pas une raison suffisante!
Finalement c’est un client habitué du bar du matin ayant eu la gentillesse de nous faire les cafés qui, une seconde fois joue à l’ange gardien et nous fait rentrer grâce à son statut d’agent MPM au Port.
Nous y sommes…
Jean Marie est fils de pêcheur et a suivi le travail familial jusqu’à l’arrêt de l’activité. Décryptage des bateaux, des filets à thon, de la pêche au lamparo, la place de l’observation, et puis aussi l’arrivée des quotas réguliers, l’irrégularité de l’activité, les poissons jusqu’au cou, le mistral si froid que l’eau en devient chaude, les filets qu’on laisse tomber au fond parce qu’il faut payer pour les détruire, l’acidité de l’eau, les espèces oubliées.
Vous connaissez la saupe?
Ramender, ça veut dire réparer un filet.
L’oeil noir et jaune de Audrey…
L’oeil coloré de Agnès.
Puis découverte de la criée, qui n’en est plus vraiment une.
Avalanche de rencontres…
Dans la halle, 5 négociants et Eva.
Eva, la seule femme alentour, qui travaille pour la ferme aquacole bio du Frioul. C’est quoi en fait un poisson bio?
Il y a aussi René, qui bosse pour Galix, spécialiste de la crevette qui a son usine un peu plus loin dans le port.
Surtout du négoce en direction des restaurants et des poissonniers, Eva distribuant aussi des AMAP, une ruche, le café équitable et autres circuits courts alternatifs.
Puis on finit par comprendre que l’une des clés de Saumaty se trouve en haut de cette spirale en métal et qu’elle s’appelle Esposito.
La famille Esposito officie depuis 3 générations.
Elle distribue le poisson de plusieurs pêcheurs qui tous s’engagent dans ce que Mr Esposito nomme un « concept », d’autres diraient peut-être une charte, ou un cahier des charges, ou un état d’esprit… Ce « truc » s’appelle la pêche artisanale de pays.
Ca parle de saisonnalité des espèces, de gestion des fonds, de volumes, de proximité… ça nous dit aussi qu’il faudrait qu’on se cultive un peu plus sur comment ça vit un poisson, qu’on côtoie de plus près les producteurs, comme cela se passe malgré tout de plus en plus pour le maraichage.
Donc chez Esposito et fils, on voit des cartes liées au label Pavillon de France, on regarde de loin le nouveau et encore confidentiel label local qui est en construction, et on contemple des vierges, beaucoup de vierges…
Mais Esposito c’est justement ces enfants italiens « exposés »à la vierge, qu’on a laissé sur le parvis d’une église parce que non légitimes. C’est pour cela qu’en temps de guerre il y a eu beaucoup de petits Esposito…
Invitation nous est faite en janvier pour approfondir notre culture du sujet, par la pratique et la rencontre.
On y reviendra donc à Saumaty, comprendre l’usine à crevettes, rencontrer les pêcheurs qui travaillent avec Esposito, et jouer avec les chats…
Mot de la fin pour Danièle:
« Contrastes…
En opposition des gentils agriculteurs qui traquent le méchant loup,
les méchants pêcheurs pêchent les gentils poissons : le jour et à toute allure pour le thon et la nuit , tranquillement au lamparo pour les sardines ou les anchois…
Pendant ce temps, la saupe, poisson oublié car poisson de saison qui pue si on le prend à la mauvaise époque … broute tranquillement ses algues au fond de l’eau … »