Les fours à chaux du Vallon des Tuves

La coopérative Hôtel du Nord a été créée il y a dix ans par des personnes issues de sept communautés patrimoniales des quartiers nord de Marseille. Ces communautés patrimoniales, au sens de la Convention de Faro, réunissent des personnes qui attachent de la valeur à des aspects spécifiques du patrimoine culturel qu’elles souhaitent, dans le cadre de l’action publique, maintenir et transmettre aux générations futures.

Hôtel du Nord a été depuis un outil coopératif pour de nombreuses communautés patrimoniales de la métropole marseillaise. C’est pourquoi aujourd’hui Hôtel du Nord soutient l’initiative du Comité d’Intérêt de Quartier (CIQ) des Trois Vallons concernant les fours à chaux du Vallon des Tuves. Ces fours sont un des témoignages du passé industriel de nos quartiers. Ensemble nous avons réussi à réunir des acteurs d’horizons très différents : M. Fourès de la fondation du patrimoine, Mme D’Ovidio, archéologue de la ville de Marseille, M. Delpalillo, conservateur restaurateur, Mme Van Bost, chercheur patrimoine industriel Région Sud, Kheira Miloud, maison du projet, M. Narcante, chargé d’opération de la Métropole, M. Olmos, chef de projet MRU de la Métropole, Mme Giraud de la DRAC, monuments historiques, Mme Baussan, service inventaire du patrimoine de la Région, M. Esposito de la SOLEAM, ainsi que 11 étudiants en architecture avec leurs enseignants du MAP-GAMSAU /ENSA Marseille.

L’archéologue a commenté les visites des fours à chaux, en exposant les documents d’archives regroupés, le contexte économique et local – nouvelle gare des Aygalades, canal – expliquant le fonctionnement théorique du four, son approvisionnement, les matières premières, le processus de fabrication de la chaux, invitant à la restitution du four dans son état originel, pointant les affaiblissements structurels, les transformations post activité. Des échanges ont pu ainsi avoir lieu entre les différents participants. Les rencontres successives ont ainsi permis de rencontrer des personnes en responsabilité.

Le CIQ et Hôtel du Nord continuent à rassembler les documents utiles aux informations relatives au Four à chaux, à ses propriétaires, aux utilisateurs ainsi qu’à son environnement au cours du temps. Une autre visite publique était prévue dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, malheureusement annulées. Quatre étudiants travailleront sur le long terme sur ce site sur les ébauches de sujets suivantes : Julien sur le relevé du four, Charaf sur le mode de construction du four à chaux, Clothilde sur l’insertion dans le site et modélisation du four à chaux et Miruna sur le patrimoine industriel face aux enjeux de la restauration.

Pour notre part, le CIQ et Hôtel du Nord, attendons beaucoup des personnes et institutions présentes. Le nombre conséquent de participants – vingt sept – prouve l’intérêt suscité par ces fours. Nous souhaitons donc que le travail entrepris, sous des angles différents, puisse permettre aux « décideurs » de tout mettre en œuvre pour les préserver et les mettre en valeur. Ils pourraient servir à illustrer l’évolution du monde du travail pour les plus jeunes.

Nous avons été souvent choqués par la promptitude des pouvoir publics, notamment de la ville de Marseille, à détruire les traces du passé de notre ville. Ainsi en a-t-il été de l’hôpital Hôtel-Dieu transformé en hôtel de luxe, du projet de la bastide Valmer et de son parc promis au même destin et, bien sûr, la carrières antique sacrifiée aux promoteurs. Aussi sommes-nous très attentifs aux décisions de la nouvelle municipalité en matière de préservation du patrimoine.

Pour le moment ces actions n’ont pas fait bouger les positions des décideurs. En mars 2020, Hôtel du Nord avait interpellé l’ensemble des candidats à l’élection municipale sur leur responsabilité en matière de droits culturels suite à la Loi NOTRe d’août 2015, et plus particulièrement sur le patrimoine culturel au regard de la Convention de Faro (voir l’article à ce sujet). Le printemps marseillais a répondu à cette lettre en mars 2020.

Dans sa réponse, Michèle Rubirola, pour Le Printemps Marseillais, dit son attachement aux récits partagés et aux patrimoines cachés et s’engage à respecter la Convention de Faro (voir la lettre de réponse). Nous avions fait des propositions dans cette lettre qui n’ont pas eu pour le moment de suite. La situation des fours à chaux remet à l’ordre du jour ces propositions comme celle de reprendre la Mission européenne de patrimoine intégrée qui a pris fin en 2013 ou la création de commissions patrimoines qui associeraient de nouveaux les communautés patrimoniales aux choix d’urbanisme, de développement économique ou d’actions culturelles en lien avec les communautés patrimoniales concernées.

La Convention de Faro, à peine ratifiée par l’Italie, sera en juin 2021 entrée en vigueur en Europe depuis dix ans. Marseille qui a accueilli en 2013 le premier forum européen sur Faro pourrait s’associer à cet anniversaire aux côté d’autres villes. La prise en compte des fours à chaux est une occasion d’avancer dans cette voie.

Les fours à chaux du Vallon des Tuves aujourd’hui

Ce texte a été élaboré avec Patricia Gristi, présidente du CIQ et Agnès Maillard, sociétaire de la coopérative Hôtel du Nord.

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