On vous raconte les aventures du 1000 pattes, groupe d’explorateurs de grande proximité, des voisins qui marchent pour transmettre, comprendre, se rencontrer, créer et finalement mieux prendre soin de nos quartiers… Nous cheminons cette année le long de la pente qui du Massif de la Nerthe finira par nous conduire à la mer…
Lundi 3 février, 13h30, Château de l’Air, Hameau de la Galline, Marseille, ciel dégagé
NOUS SOMMES UN GROUPE QUI CHERCHE
Des rencontres avec les habitants ancrés depuis longtemps : André Turc, sa sœur Denise et Mr Soprano son mari, Daniel Simoni le neveu adopté par Sirio Simoni le frère de Denise → Bicou, Georges, Philippe, Anne
Des rencontres avec des nouveaux arrivants : Charlotte → Claire, Julie, Aldo
Le sens des mots, la toponymie, des cartes, des poèmes, des chansons, des collections de noms → Danièle, Josyane
Des matériaux à « cueillir » dans les collines, dans les lieux interdits, dans le lac → Louise, Agnès, Pascal, Ana
Des histoires des puits, de la construction du tunnel ferroviaire et de ses apports de population d’ouvriers italiens → Mathilde, Jean
Des grottes, celle où aurait vécu la famille Puget, celles qui ont abrité les troupeaux, celles où on a prié, celles où l’on a trouvé refuge, au fil des besoins de se réfugier → Jean, Sabine
Des usages, des mémoires mais aussi des sensations, des perceptions, des ambiances → Morgane, Jonathan, Françoise
Le début d’une histoire…
Un détective privé, engagé par une grande collectionneuse, est chargé de retrouver la vierge de La Galline. Ce bijou inestimable du moyen-âge a été sauvé des saccages de la révolution française par les habitants du hameau. La vierge aurait été enterrée en 1789 dans un endroit devenu un parking souterrain en 1992. A l’aide des recherches d’une jeune céramiste sur les matériaux des environs, le détective apprend que la vierge serait maintenant ensevelie au cœur du centre de stockage de déchets inertes de la Nerthe, dont la rumeur dit qu’il serait en passe d’être racheté par des turcs, ou des grecs.
Le détective, la collectionneuse et la céramiste arriveront-ils à faire forer le gigantesque remblaiement au bon endroit ?
Et pourront-ils obtenir le soutien des habitants sans réveiller les convoitises locales ni se faire démasquer par ceux qui règnent tels des Seigneurs sur ce territoire, les frères Lafarge ?
Mais est-ce vraiment le début ou la fin ?
C’est le récit d’un homme …
… « parti ailleurs »…
… en phase avec l’histoire d’une famille rurale sans paysan…
… « en conflits », coupé des siens et peu à peu de son sol…
Pierre Turc le grand-père d’André, mort à 40 ans ; il possédait toutes les boulangeries du bassin de Séon qu’il alimentait en coupant le bois sur le massif ; avec cet argent, la famille peut racheter la ferme de l’Hermitage.
André en 2001, suite à l’incendie sur le massif de la Nerthe, coupe du bois et le vend ; avec cet argent il refait les studios.
Propriétaire d’une partie de la route il la loue à Lafarge.
André Turc décrète qu’il est le dernier, qu’après lui, plus rien ne restera de la famille Turc.
Alors tournons-nous vers demain, vers ce que nous pouvons dans notre imaginaire collectif rêver, réinventer.
Tournons-nous vers ces nouveaux habitants de la Galline qui sont les acteurs de ce qui se fera demain.
Remontons à la ferme et traversons les champs en attente.
Tout en poursuivant notre descente vers la mer et l’Estaque, refaisons ces allers et retours jusqu’à Cossimont pour repenser l’entrée de la Ville, faire revivre ces arbres et y cueillir les fruits tant qu’ils en portent.
En attendant que les poètes reconstruisent ces sites, que les peintres cultivent ses collines et que les marcheurs y fassent paître les chèvres du Rove.
Contrastes…
Jonathan : Nous passons d’un état de calme et sérénité dans ce paysage bucolique et de campagne à un état d’alerte et de tension quand un avion passe au-dessus de nos têtes. En effet, cette proximité de sentiments est très étrange, car nous avons l’envie de vivre ici, dans cet environnement particulièrement accueillant par sa qualité de nature sauvage, du confort qu’offre le hameau et de son calme apparent alors que nous sommes régulièrement mis en alerte lorsqu’un avion ou camion passe à toute vitesse. Entre la lenteur et l’hyper activité, l’hospitalité et l’inhumanité.
Morgane : Premières sensations – En contrehaut de l’église, le soleil frappe nos joues. Entre mer et collines, on se rappelle à Marseille lointaine. Au-dessus de nous, une ronde de gabians par centaines ; elle laisse vite place à un avion assez proche pour qu’on en distingue bien la silhouette et les couleurs. Son bruit arrête la discussion. Un couloir aérien emprunté par différents volatiles. Au village, interdiction de klaxonner – sur un panneau jamais-vu. Un autre avion au-dessus de nous, et son bruit qui déborde nos mots.
Jonathan: D’autres sentiments vont et viennent régulièrement entre l’introspection et l’exhibition. Dans certains endroits (comme le lac par exemple) nous perdons tout repère ; l’eau nous rappelle le niveau 0 de la mer alors que nous sommes en altitude et le paysage, délimité par les crêtes des collines avoisinantes, nous amène dans une posture de solitude, puis de sérénité voire d’intimité. Ces sentiments sont très vite rattrapés par celui de dévoilement ; quand nous sommes en haut de ces mêmes collines où nous pouvons voir loin et où nous pouvons être exposés à tous les regards et coups de mistral. Nous nous rattachons à nos repères bien ancrés.
Morgane : Toujours à Marseille oui, puisque les panneaux électriques arrachés dévoilent leurs coulisses, que les bennes à ordures dégueulent à côté du ruisseau.
Jonathan : Encore le même contraste entre les moments de déambulation dans la garrigue en toute liberté stoppée net par des grilles infranchissables avec des panneaux d’avertissement comme seul moyen de communication.
Morgane : Quelques indices d’un ailleurs… Peut-on parler d’un habiter ici ? Entre villa pimpante et barrières rouillées. C’est un village presque fantôme. Des traces du passé s’inscrivent dans les carrés de paysage abandonnés. Les roseaux y reprennent leur droit. Sur un mur, le vent et la pluie effacent les ayants-droits : la mention d’un « jardin » passé se devine dans la pierre, à côté d’un panneau délavé portant l’inscription « CIMENTS LAFARGE – ENTRÉE INTERDITE – DANGERS – TIRS DE MINES ».
Jonathan : Ce morceau de territoire est comme un palimpseste, il est construit sur plusieurs couches dans le temps long de son histoire, mais aussi de couches d’usages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres.
Je me demande dans quel autre endroit du monde on pourrait entendre d’une même voix un chœur si éclectique : camion, coq, avion, gabian, train et vent.
Et pendant ce temps, promenade d’une cheminée à l’autre (trous d’aération de la ligne de chemin de fer sous nos pieds) avec Charlotte, habitante du hameau depuis 2007.
CHEMINÉE N°19
CHEMINÉE N°18
On voit aujourd’hui que la cheminée n°18 a été récemment incluse dans un enclos privé qui ressemble à un petit ranch improvisé avec un cheval.
A côté, une entreprise de terrassement, de nombreux camions, des barrières encore et encore et une drôle de confusion des noms puisque ces nouveaux habitants sont… des turcs…
La solidarité d’un groupe d’habitants a existé dans la lutte contre les multiples décharges, à propos du lac où on pouvait avant se baigner, pour la préservation du massif, mais le découragement prend parfois le dessus.
La difficulté du quartier : chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît, et les petits arrangements (entre voisins) comme les grands (avec les industriels) ne vont malheureusement pas souvent dans le sens du commun.
La loi du plus fort?
D’autres lois dans tout ça ?
Merci et bravo pour ces retrouvailles chercheuses, fraternelles,sensibles .
Vos récits donnent le sentiment fugitif de la merveille d’être au monde.
Bonjour
Pouvez-vous me communiquer le numéro de téléphone de Monsieur André TURC ? Ma man avait son numéro de téléphone mais il n’est pus bon.
Merci
Cordialement
Madame JULLIEN Céline
06.30.82.23.09